C’est autour de cette question qu’un atelier de réflexion a été organisée ce lundi 25 mars à l’IFB par le CDE (Centre For Development and Enterprises Great Lakes) en marge de la campagne « Birashoboka ». En effet, selon les derniers chiffres de la Banque Mondiale, le revenu annuel d’un Burundais se situe à 280$, soit 0,8$/jour, en-dessous du seuil de pauvreté absolue fixé par l’organisation à 1 $/jour.
Lancée en 2018, la campagne « Birashoboka » vise « à briser les contraintes qui empêchent l’épanouissement et l’émergence de jeunes entrepreneurs » a rappelé Aimable Manirakiza, le directeur exécutif du centre.
Pour lui : « Certaines institutions publiques imposent aux jeunes entrepreneurs des documents difficilement accessibles, entraînant par ricochet des cas de corruption.» L’atelier s’est d’ailleurs plus focalisé sur les défis que rencontrent les entrepreneurs dans le secteur de la transformation des produits.
Alice Jeanne d’Arc Kabisa, entrepreneure et membre de l’AFAB (Association des Femmes Burundaises), une des participants à l’atelier, a rejoint le point de vue du premier intervenant en soulignant que « le BBN (Bureau National de Normalisation) freine les entrepreneurs en leur imposant des documents et des conditions qui ne leur facilitent pas la tâche. Il ne dispose également pas de matériaux adéquats pour rendre facile et rapide leur collaboration avec les entrepreneurs. Néanmoins, l’API (Appui pour la Promotion des Investissements) affiche des avancées au niveau de la rapidité dans la création de nouvelles entreprises. Les instances bancaires devraient également facilité l’accès aux crédits aux jeunes entrepreneurs.»
Autre défi : le manque de connaissance sur les réglementations
Répliquant, Jean Claude Ndereyimana, chargé de la communication et l’information sur les normes à la BBN, a insisté sur les cas d’entrepreneurs qui se lancent dans le secteur secondaire sans aucun renseignement sur les normes, la réglementation et les lois régissant la création et la commercialisation des produits transformés. « Le BBN n’est pas là pour empêcher le travail des entrepreneurs, mais plutôt l’encadrer. Les documents exigés par la BBN sont indispensables pour protéger le consommateur afin qu’il ne puisse utiliser des produits en mauvais état ».
Ainsi, il a appelé les entrepreneurs à se renseigner sur toutes les informations nécessaires pour lancer et diriger une entreprise de transformation des produits : les techniques de transformation, les conditions liées à l’hygiène, à l’emballage, … « Une fois en ordre, l’entrepreneur qui veut exporter ses produits doit consulter le service chargé de la certification qui exige certains documents comme le registre de commerce, le NIF, le statut de l’entreprise, et un contrat avec la BBN d’engagement sur la bonne production et respect des normes » a précisé le représentant du BBN lors de cet atelier.
En outre, il a profité de l’occasion en encourageant les entrepreneurs qui se lancent dans le secteur de transformation de travailler en association ou en réseaux car « leurs entreprises seront plus fortes et en règle face aux exigences inévitables des normes ». Sur ce point, il est revenu sur les entrepreneurs qui œuvrent dans l’informel, ciblant particulièrement les producteurs des jus de gingembre qui pullulent mais que paradoxalement « aucune de ses entreprises n’est en norme » a-t-il pointé et leur a conseillé « de rejoindre autant que possible le secteur formel ».
Le secteur secondaire est très peu développé au Burundi. Selon le PND (Plan National de Développement), sa contribution au PIB reste faible, 17,1%, et n’emploie qu’environ 2 % de la population. Même si le Plan note que le secteur a connu précédemment des améliorations (l’indice de la production industrielle est passé de 120,1 en 2011 à 133,5 en 2015) suite à différentes réformes portant sur la simplification des procédures d’établissement et de création des sociétés, la protection de la propriété industrielle, la promulgation du nouveau code des investissements, l’encouragement à l’utilisation des TIC, … il est primordial de reformer encore plus le secteur afin de le rendre plus attrayant du fait de son énorme potentiel notamment dans la sphère de transformation des produits agricoles en surproduction ces derniers temps (fruits, légumes, …).