Depuis une année, les agriculteurs ont beaucoup appris sur cette culture nouvellement introduite au Burundi grâce à la Brarudi, et se disent impatients pour la prochaine saison pour plus de succès
Rares sont les cultures qui ont été introduites au Burundi, en offrant autant de promesses aux agriculteurs dès les premières récoles: « J’ai obtenu 2,3 tonnes d’orge 2023 en juillet alors que c’était ma première plantation » se réjouit Batungwanayo Jean Paul, un des agriculteurs de l’orge dans la province de Mwaro. « Récolter autant du premier coup m’encourage à continuer. Lors de la prochaine saison, avec des améliorations, le rendement sera probablement meilleur », ajoute-t-il.
Jean-Paul fait partie des 1.839 producteurs d’orge, dont 1.400 regroupés au sein de 14 coopératives, qui ont collaboré avec la Brarudi dans le but de lui fournir une matière première nécessaire dans la production de certaines boissons. Des agriculteurs qui sont la preuve vivante de l’engouement que le projet suscite auprès des communautés rurales : « L’orge est une culture de rotation, qui donne par exemple un très bon rendement après la culture de la pomme de terre en saison. L’orge pousse bien sur un terrain déjà cultivé pendant au moins trois saisons » précise avec enthousiasme Fleury Harushingingo, responsable-adjoint du développement des matières premières locales à la Brarudi (Local raw materials development support).
Pour réunir tout ce monde, la Brarudi a consenti des fonds significatifs dans la recherche des variétés adaptés au Burundi, en collaboration avec l’Institut des Sciences Agronomiques du Burundi – ISABU. Elle a par ailleurs investi dans la formation des producteurs afin de développer la pratique agricole de la culture de l’orge.
La Brarudi a enfin appuyé l’encadrement des producteurs et des coopératives qui cultivent cette culture, distribué des semences à crédit au début de la saison culturale, et octroyé des emballages pour la récolte. Un processus bien rodé, de telle sorte que la question du retard de paiement des productions ne s’est jamais posée, la Brarudi se servant d’une plateforme digitale pour faciliter les paiements des producteurs le jour de la récolte.
Des pratiques plus adaptées au changement climatique
Cependant, tout n’a pas été rose au cours de la dernière saison culturale (B 2023). « Le changement climatique a affecté la production de cette saison. La gestion post-récolte génère encore pas mal de pertes. Nous comptons rectifier le tir dans la prochaine saison (B 2024) en adoptant des pratiques culturales adaptées au changement climatique et en introduisant de petites batteuses mécaniques », explique Harushingingo.
Malgré la contrainte climatique, la Brarudi compte étendre la culture de l’orge dans les provinces où elle n’est pas encore adoptée. Pour le moment, elle est cultivée dans les provinces de Bujumbura, Bururi, Gitega (commune Ryansoro), Kayanza, Mwaro, Muramvya, Rumonge (commune Burambi).
Pour augmenter la production, la Brarudi a déjà des pistes d’action : l’extension et l’intensification de la culture de l’orge à grande échelle, la facilitation de la mécanisation de l’agriculture avec l’introduction et la vulgarisation de petites batteuses mécaniques, la mise à disposition des intrants agricoles et l’accès au financement. Par ailleurs, parallèlement au soutien de la recherche, la Brarudi identifiera des partenaires qui pourront contribuer au développement de la chaîne de valeur « orge durable » au Burundi, et renforcer la collaboration avec les organisations des producteurs.
Dans un avenir proche, cette culture pourra générer beaucoup de revenus aux agriculteurs et réduire l’importation des matières premières. « Cruciale dans la production des boissons à la Brarudi, l’orge cultivé localement va contribuer au développement des communautés et de tout le Burundi », se félicite M. Harushingingo.
