> 13. C’est le nombre de pavillons (bâtiments en étage) dans lesquels logent les étudiants de l’Université du Burundi, en résidence dans le campus principal de Mutanga
> Comme l’institution n’a pas la capacité d’accueillir tous les étudiants, Kanyare et Mugoboka, dans les hauteurs de la capitale économique Bujumbura, sont devenus les principaux regroupements des étudiants externes, qui les ont ainsi dénommés « Pavillon 14 » et « Pavillon 15 » afin de les identifier à leurs pairs internes
> Jimbere est allé à la rencontre des «poilissimes» habitant ces localités
Il est 12h, à Kanyare, le « pavillon 14 ». Une rangée de petites chambrettes constitue les bords de la rue principale traversant le site. Une véritable favela. Les rues s’y ramifient comme des veines sanguines. L’écart entre deux parcelles équivalant à un m de longueur constitue à la fois une ruelle et une rigole d’évacuation des eaux. L’odeur qui flotte étreint les narines, alors que les canalisations manquent. A Kanyare comme à Mugoboka, une parcelle, malgré son exiguïté, abrite au minimum 5 chambrettes d’au moins 7 ou 8 locataires, chacune.
Construite sur un lopin de 4m², « la chambrette fait office de salle à manger, de salle d’études, et de lieu de repos » explique Jean-De-Dieu Hategekimana, étudiant dans la faculté d’Économie, locataire du « pavillon 14 ». Pour la plupart des locaux, l’ameublement est constitué par une petite table, et cinq ou six tabourets.
A l’extérieur, un espace d’au plus 5m² fait office de cuisine et de barza pour la trentaine de locataires d’une même parcelle.
« La force du loup c’est le clan et la force du clan c’est le loup »
Cette devise centrée sur la « la force de la meute » tirée du roman « Le Second Livre de la jungle » (Rudyard Kipling, 1895) semble avoir été bien épousée par ces battants des pavillons 14 et 15.
Conscients de leurs maigres ressources, ils savent que pour « survivre » ils se doivent d’être solidaires. C’est pour cette raison qu’ils se regroupent et s’associent dans tous les travaux et dépenses : « A 7 ou 8, nous nous départageons quotidiennement les différentes tâches. On se réveille souvent à 5h du matin pour avoir le temps d’effectuer quelques travaux ménagers, avant de regagner les salles de cours » ajoute Hategekimana.
Kabura Reverien, étudiant à la faculté de Biochimie, rejoint les propos de son colocataire : « Nous vivons dans des situations difficiles. Rares sont ceux d’entre nous qui s’attendent à un éventuel appui de la famille. Du coup, gérer la maigre bourse de l’État, 60.000 Fbu par mois, demande une rigueur extrême dans la budgétisation pour pouvoir joindre les deux bouts du mois. Par exemple, pour économiser le temps et le charbon, on cuit les haricots pour trois jours. Après la ration et le loyer, le reste est facultatif. Pour les syllabus on utilise ceux de nos aînés. Notre plus grand souci : l’impression. Les travaux pratiques en exigent beaucoup. » Comment exceller à l’université dans de telles conditions ?
De petits boulots çà et là …
Afin de compenser ce déficit budgétaire, la plupart des étudiants exercent divers petits jobs: « Nous n’avons pas le choix. Malgré les exigences académiques, nous sommes obligés de chercher un autre moyen de gagner plus de revenus. Souvent, on exerce des emplois nocturnes et surtout épuisants: serveurs dans les petits bar-restos, enrôlement dans les sociétés de gardiennages, … Au stress permanent dû au lendemain incertain, s’ajoute la fatigue » fait remarquer Jeanne D’arc Ndayikeje, étudiante à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines, locataire du « pavillon 15 ».
Evelyne Niyonkuru, sa colocatrice et étudiante à la même faculté, note l’effort du gouvernement, qui a revu la bourse depuis l’année dernière : de 30.000 Fbu, l’allocation mensuelle est à 60.000 Fbu », même si elle estime que « la somme est loin de couvrir le coût de la vie en constante augmentation à Bujumbura ». Un casse-tête …