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Des microcrédits pour autonomiser les femmes rurales

Grâce aux microcrédits, les femmes rurales se frottent les mains. Elles témoignent que leur vie s’est considérablement améliorée. Mais, les défis ne manquent pas.

« Avant, je ne pouvais pas m’acheter un pagne. Grâce aux crédits reçus, je suis parvenue à payer les frais de scolarité de mon enfant qui étudiait dans une école privée de Gitega. N’eussent été ces groupes de caution solidaires, ma fille n’aurait pas poursuivi ses études », témoigne Yvonne Ndagijimana, femme leader (imboneza) au sein de son groupe de caution solidaire de la colline Muyange en commune Bugenyuzi, province Karusi.

Cette mère de cinq enfants est bénéficiaire des crédits octroyés par Fida via la microfinance. Elle témoigne également de l’importance d’être membre d’un groupe de caution solidaire. Depuis qu’elle a intégré ces groupements, soutient-elle, sa vie a changé. En plus d’acheter le matériel et payer les frais de scolarité pour ses enfants, ces enfants ne souffrent plus de malnutrition qui, jadis les frappait de plein fouet. Pour elle, ces groupements devraient être renforcés et appuyés car ils permettent aux femmes de s’autonomiser financièrement.

Yvonne Ndagijimana:« N’eussent été ces groupes de caution solidaire dont je suis membre, ma fille n’aurait pas poursuivi ses études. »

Le niveau de vie s’est amélioré

Ancile Kampayano est une autre femme de Bugenyuzi, membre d’un groupement Nawe Nuze et d’un groupe de caution solidaire appuyé par le FIDA. Elle se frotte les mains. Elle fait savoir que grâce à un crédit qu’elle a eu de la part de la Coopec, elle fait le commerce de bananes et d’autres services. Elle précise qu’auparavant, elle ne parvenait pas à avoir une somme de 100.000 FBu sur son compte. « Actuellement, il y a une somme d’un million de FBu sur mon compte. Je me suis achetée une parcelle pour 600 000 Fbu ; Je possède trois porcs d’une valeur de 450 000 FBu et 4 chèvres. De plus, je n’ai aucune dette envers la banque », témoigneMme Kampayano.

Comme elle l’indique, en plus de rendre autonome ces femmes, les groupes de caution solidaires leur permettent d’échanger d’expériences. Pour elle, quand une femme est développée, c’est tout le ménage qui est développé. Dans ses perspectives, Mme Kampayano compte acheter une moto, construire une maison moderne. Elle compte aussi acheter un véhicule. Elle invite de ce fait toutes les femmes à intégrer les groupes de caution solidaires.

Laurence Nkenguburundi est une femme de la colline Gacamugani, commune Ngozi, province Ngozi. Elle est membre de l’association des tailleurs dénommée « Dushigikirane ». Elle souligne que grâce aux cotisations journalières des membres de l’association et aux crédits octroyés par l’UCODE Microfinance, elle est parvenue à s’acheter une machine à coudre d’une valeur de 250.000 FBu et une parcelle d’un million de FBu. « Je me prépare actuellement à y ériger une maison », lance-t-elle.

« La participation des femmes dans les groupes de caution solidaires a eu un impact positif au niveau économique et social dans les ménages bénéficiaires », indique Agnès Njemurweze, assistante sociale du centre de développement familial et communautaire de la commune Bugenyuzi en province de Karusi. D’après elle, les femmes membres des groupes de caution solidaires témoignent qu’elles ont amélioré leur niveau de vie grâce aux microcrédits octroyés par les institutions de microfinances. Elle indique que certaines femmes bénéficiaires des microcrédits ont même acheté des parcelles. De plus, ajoute Mme Njemurweze, actuellement, elles ne tendent pas les mains à leurs maris. « Les relations sociales, qui jadis étaient mauvaises suite à la pauvreté, ont été améliorées », poursuit-elle.

Agnès Njemurweze: «La participation des femmes dans les groupes de caution solidaires a eu un impact positif au niveau économique et social dans les ménages bénéficiaires. »

Des défis à relever

Elle reconnait que la majorité de femmes souhaitent intégrer les groupes de caution solidaires, cependant, elles font face au manque de garanties pour accéder aux crédits. « Les garanties exigées par les banques et les Institutions de Microfinance pour avoir accès aux crédits constituent un obstacle pour une femme rurale. Leurs maris ne leur accordent pas des garanties, ce qui constitue un grand obstacle pour elles », déplore Mme Njemurweze. Elle déplore également que les crédits accordés soient insignifiants et s’étendent sur une période très courte (de trois à six mois).

Appui non négligeable des IMFs

A travers l’Union pour la Coopération et le Développement-Microfinance (UCODE-MF), les groupements ruraux ont bénéficié des formations et des microcrédits. D’après Aimable Ahishakiye, chargé de Marketing et Finance digitale au sein de cette Microfinance, l’UCODE Microfinance a pensé à appuyer les groupements en vue de répondre à l’inclusion financière et à l’autonomisation de la femme. Il indique que pour contribuer à l’inclusion financière et à l’autonomisation de la femme rurale, l’UCODE Microfinance a jugé utile de passer par les groupements car, dit-il, c’est un secteur porteur de croissance.

De plus, ajoute M. Aimable, UCODE souhaite que ces groupements passent de l’informel au formel car ils peuvent devenir des clients potentiels de notre microfinance parce qu’ils sont bien formés. Ils constituent des consommateurs des produits financiers comme les autres clients. Il informe que chaque membre d’un groupe de caution solidaire reçoit un crédit compris entre 50.000 FBu et 2.000.000 FBu remboursable en une année sur un taux d’intérêt de 14 % par an. « Ce qui nous garantit de financer ces groupements, c’est l’épargne mobilisée de ces groupements. Cette dernière constitue la base des garanties. En plus de cette dernière, l’UCODE Microfinance donne à ces groupements, des formations en éducation financière, l’assistance-conseil ainsi que le coaching », explique Ahishakiye. l’UCODE Microfinance fait également la supervision de petites garanties qu’elle a eues.

En ce qui concerne le remboursement, Ahishakiye informe que les groupements des femmes respectent l’échéance convenue. Et de mentionner˸ « Les femmes sont honnêtes et confiantes en comparaison avec les hommes« .

D’après Ahishakiye, parmi les défis que rencontrent ces groupements figurent le manque de liquidité, des capacités organisationnelles, techniques et financières ainsi que le détournement de l’objet de crédit et la pérennité de ces groupements. Et de préciser qu’en cas de non remboursement des crédits par un membre du groupement, c’est tout le groupe qui doit rembourser ce crédit.

Dans le cadre du projet « Tuyage » financé par l’USAID, le Magazine Jimbere s’associe avec Search For Common Ground au Burundi (partenaire de mise en œuvre du projet) dans la production d’une série d’articles économiques

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