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5 complexes et une tour de 30 étages : le défi lancé à Ubaka Nation Group

Ubaka Nation Groupe à qui l’Etat vient d’octroyer le terrain de l’ancien marché de Bujumbura, compte y ériger un centre commercial. Toutefois, certaines voix contestent sa capacité à réaliser un tel projet. Dans un entretien accordé à Jimbere, Fablice Manirakiza affirme son engagement et sa volonté de relever ce défi. Récit.

Y’a-t-il  un contrat qui vous lie au gouvernement. Si oui, que contient-il ?
Le gouvernement a accordé à Ubaka Nation Group que je représente le premier contrat de 6 mois afin de prouver sa capacité, mais aussi de réviser les études déjà effectuées. Ces études ainsi que la conception du design ont été réalisées par l’État. Nous, comme expert en construction avons apprécié et fait une petite retouche, mais la grande part revient à l’État. Cette conception est passée au Conseil des Ministres, et a été approuvée par l’État. Et puis, dans le contrat que nous avons signé avec l’État, nous avons la responsabilité de mettre en pratique ce qui est défini sur le plan déjà conçu par l’État.

Et la nature de ce contrat ?
Quant à la nature du contrat, il est de type BOT (Build, Operate, Transfer) qui consiste à faire financer les projets d’investissement en matière d’infrastructures reconnues d’utilité publique par des sociétés promotrices. Ces dernières récupèrent leur investissement en gérant le projet pendant un certain nombre d’années.

D’aucuns pointent du doigt les lacunes dans l’octroi de ce terrain. Ils disent que les règles de passation de marché n’ont pas été respectées notamment la concurrence. Qu’en dites-vous ?
Je ne suis pas le mieux placé pour répondre à cette question et tu peux les interroger à ma place. Mais ce dont je suis sûr est que ceux qui m’ont accordé le marché ne sont pas fous pour faire des choses invraisemblables. Le problème se situe ailleurs : Fablice est parvenu à convaincre qu’il est capable de réaliser ce projet alors que pendant 11 ans d’autres ne l’ont pas fait. Fablice s’est rendu à Kayanza et a rencontré le Président de la République. Il lui dit: «Excellence, permets-moi de le faire sans même recourir au financement de l’Etat. Je ne vais recourir à aucune force de l’État. Je vais le faire moi-même. » Est-ce que vous n’avez pas entendu ce qu’il m’a répondu ? Ce contrat dont on parle, est-ce que le Président ne me l’a pas accordé à Kayanza ? C’est sa parole qui est accomplie fidèlement.

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Donc sa parole aura suffi ?
Le Président m’a dit : « Comme tu as demandé un challenge, et que nous avons manqué de quelqu’un capable de construire le marché, nous t’accordons 6 mois d’essai pour voir si tu en es capable. » Si nous te trouvons incapable, nous resterons à l’attente de quelqu’un qui en sera capable. Alors, laisser moi aller au moins jusqu’au bout de ces 6 mois et revenez juger par vous-mêmes.

Vous vous êtes engagés à quoi concrètement dans ce contrat ?
Primo je dois prouver ma capacité à réaliser ce projet, prouver que j’ai les fonds suffisants pour le mettre en pratique, montrer la provenance de ces fonds, les moyens de financement, etc. Et ça, c’est techniquement simple: on ne pouvait pas me confier cette affaire sans être sûr de ma capacité.

Justement certains doutent de votre capacité à réaliser ce projet, que leur répondez-vous ?
Je ne veux pas ici me lancer des fleurs mais nos travaux parlent d’eux-mêmes. Le ministre en charge des infrastructures nous a rendu visite sur le terrain ce 23 septembre pour voir où nous en sommes quant aux travaux déblayage du terrain. Il s’est rendu également à Kabezi nous sommes en train de construire plus de 50 bâtiments, lesquels auront la capacité d’abriter plus de 100 familles. Cela, c’est pour montrer que nous sommes capables de réaliser ce projet.

Tout le monde se demande comment tu as fait pour bénéficier de cette place publique. Quel est ton secret ?Il faut plutôt leur dire de remercier le gouvernement car il a sponsorisé et a permis cette construction. Je n’ai payé aucun sou. Et la place ne m’appartient pas non plus. Les fonds qui seront utilisés appartiennent à tous mes compatriotes. Si je m’étais adressé à une banque, elle m’aurait prêté, disons 500 milliards pour réaliser le projet moi-même et accumuler tous les bénéfices et devenir milliardaire. Mais je n’ai pas voulu cette option.

Vous avez évoqué la mise en place d’un fonds, de combien parle-t-on et d’où proviendront-ils?
Au lieu d’aller demander des financements auprès des banques, j’ai agi comme un citoyen burundais qui aime son pays. Je ne me suis pas également adressé aux investisseurs qui avaient beaucoup d’argent, mais j’ai dit que j’ai besoin de financement de tout Burundais pour ce projet d’intérêt général, pour que chacun soit associé et fier de contribuer pour le développement de son pays. J’ai donc pensé à la création d’un fonds collectif, auquel même les travailleurs domestiques peuvent participer à partir de 103. 000 Fbu  pour ceux qui sont au pays et 100 dollars US pour ceux de la diaspora burundaise. Quant au montant des fonds nous en sommes encore à la collecte et donc il faut attendre et voir jusqu’où nous irons.

Quid du coût total des travaux ?
Les études sont en train d’être effectuées maintenant. Seuls la conception et le design ont été faits. Le gouvernement nous a accordé le libre-court pour aménager le terrain, pour faire la géotechnique et les études du sol. Nous devons d’abord déblayer. Après viendront des machines pour effectuer les études du sol. Ce sont les résultats de ces études qui vont nous indiquer le plan dont les niveaux en hauteur, etc pour faire des choses avec professionnalisme. Après ça, alors on va faire le devis, puis nous allons publier le devis nécessaire pour la construction du marché. Tout cela devra se faire durant ces six mois.

Est-ce que votre appel a été suivi d’effet?
Je suis satisfait du pas déjà franchi. Voyez par vous-même  ici sur l’historique de la Bancobu. Après deux jours de l’ouverture du fond, il y avait plus de 76 millions de Fbu. Cela prouve à quel point les gens répondent massivement à note appel. Mon rêve est que chaque Burundais puisse passer là où le marché sera bâti et apprécier le résultat de ses efforts.

Les travaux ont débuté alors que le fonds n’a pas encore été constitué. D’où avez-vous tiré les moyens nécessaires pour débuter les travaux?
En tant que promoteur, j’ai utilisé mes propres moyens pour commencer car  le fond que nous sommes en train de constituer restera bloqué aussi longtemps que les instances chargées de la gestion et de la protection de ce fond des actionnaires ne seront pas opérationnelles. Et donc en tant que promoteur, je suis responsable des préliminaires, et dès que les instances évoquées seront prêtées, elles  vont comptabiliser les coûts des travaux déjà effectués et me rembourser. Mais l’important est que nous aurons déjà pris une avance.

Concernant justement la constitution de ce fonds, quelle garantie pour tous ces actionnaires si par malheur le projet venait à s’estomper?
Comme je viens de vous l’expliquer, pour le moment l’argent est en train d’être déposé sur des comptes bloqués, et non pas employé dans le projet. Toutes les instances habilitées dans la protection et la gestion du fonds ne sont pas encore constituées. Nous sommes à la phase du fundraising. Alors supposons, comme vous le dites, que d’ici 4 mois un malheur se produit et tout s’arrête, en ce moment je dirais à chaque actionnaire de retirer ses actions à 100 %. Chacun des actionnaires a le droit de s’adresser à la Banque pour s’assurer que ceci est véridique, et savoir le volume des actions déjà déposées. C’est ça la première garantie.

Mais encore ?
La deuxième garantie leur sera donnée quand nous allons débuter l’investissement proprement dit avec l’achat de tout le matériel de construction, etc. Et à ce moment ce ne sera pas Fablice Manirakiza qui fera le retrait de l’argent mais l’équipe de management qui analyse le dossier et qui va quantifier le coût des investissements. C’est lui qui va débloquer l’argent suivant les travaux nécessaires.

Et qui va gérer ce fonds, est-ce vous ?
Pas du tout. Ce fonds sera géré par une équipe d’experts qui sera recrutée certes par notre organisation mais sur base de la description de l’Autorité de Régulation du Marché des Capitaux du Burundi. C’est elle qui apprécie et approuve donc ces experts selon qu’elle juge leurs expériences suffisantes.

Qu’est-il des dividendes ou la manière dont les actionnaires feront des gains ?
Ce projet sera très bénéfique. Supposez par exemple que toutes les instances sont mises en place et que nous avons 200 milliards comme capital constitué par les actionnaires dont le Burundais lambda avec ses 103 mille Fbu. Nous les déposerons à la BRB moyennant un pourcentage d’intérêt que nous allons recevoir en contrepartie. Supposons que nous avons déposé 500 milliards à la BRB, et que nous avons besoin de seulement 50 milliards pour la première tranche. Le reste va générer de l’intérêt en attendant la suite des travaux. Et il n’y aura pas de domination liée à la hauteur des actions : s’il s’agira de partager les dividendes, chacun aura un intérêt proportionnel à son capital. C’est ça le premier bénéfice.

Et l’autre ?
Le deuxième, malheureusement il n’est pas très développé au Burundi. C’est la Bourse, ou le stock exchanges ou stock trading. Pour le Stock trading, c’est comme si je mettais mon câble USB sur le marché et que je le tarifiais à un million. Si je trouve que 1000 personnes en ont toutes besoin, je revois à la hausse jusqu’à 2 millions. C’est comme ça que sa valeur augmente. Alors, concernant des grands projets comme ceux-ci, supposons que nous avons 500 milliards dédiés à la construction du marché. Si ces 500 milliards sont débloqués, nous avons un titre de trésorerie. Le capital est de 103 000Fbu. Alors si le marché se revoit à la hausse jusqu’à 20 %, c’est là où la valeur du capital augmente. C’est-à-dire, si tu as un capital de 103 000 francs, nous pouvons arriver à 20 % du capital de ce marché pendant que ton capital de 103 000 sera déjà à 150 000 francs.

Revenons un peu aux travaux, qu’en est-il du plan ? Ce sera un marché ou un centre commercial ?Nous l’avons nommé BUJA CITY PLAZA qui signifie un grand espace où il y a plusieurs et différentes échoppes. Concernant le design que nous avons réalisé, il y a 5 différents complexes, et il y aura une tour à 30 étages. En outre, un complexe sera consacré à une sorte de place publique pour que même une simple vendeuse de tomates puisse y faire son commerce dans le but de rendre le projet plus inclusif.

Avant les travaux proprement dits, d’aucuns se demandent le sort des restes de l’ancien marché comme les métaux, etc ?
Là, je n’ai aucune main mise sur tout ce qui se trouve à cet endroit. Tout cela appartient à l’État. Le ministre chargé des infrastructures a également été clair : il a observé les matériaux qui n’ont pas été endommagés, et a annoncé qu’ils seront employés dans la réhabilitation des ponts. Alors, les responsabilités sont partagées. Ça veut dire qu’il y a des métaux qui n’ont pas été endommagés. Au lieu de les démolir, nous les récupèrerons professionnellement afin pour qu’ils soient acheminés à la place indiquée par l’État : c’est-à-dire à l’Agence routière du Burundi.

Pour ceux qui sont sévèrement endommagés ?
La procédure est la même : c’est l’État qui est chargé de leur commercialisation. Ce dont je suis au courant pour le moment, c’est que le circuit doit passer par l’OBR. Des entreprises présentes dans ce domaine vont acheter ces métaux aux enchères, et cela en mon absence.

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