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Santé Sexuelle de la Reproduction et Droits y relatifs

Lutte contre les VSBG chez les mineurs, des chiffres qui donnent froid dans le dos

Au moment où le monde entre dans la campagne annuelle internationale des 16 Jours d’activisme contre la violence basée sur le genre à l’égard des femmes et des filles, la situation au Burundi stagne. Il s’observe de plus en plus de cas de viols. Pourquoi la persistance de ce crime, comment en lutter, avec quelles armes ? Différents acteurs s’expriment…

Entre janvier et octobre 2022, le centre Seruka a enregistré 822 victimes de viol : 746 femmes, les filles de moins de 18 ans représentant 83.4% des cas. 53 hommes dont 45% ont subi des violences sexuelles. Déjà en février 2022, ce centre disait accueillir entre 114 et 120 cas de viols par mois où les filles mineures faisaient partie du lot majoritaire des victimes.

Selon un rapport de la Fédération Nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance (Fenadeb), en 2021, 321 cas de violences sexuelles ont été répertoriés dont 32 en province Makamba, le reste ayant été constaté dans d’autres provinces.     

Pour rappel, la 3ème enquête démographique de la santé au Burundi 2016-2017 (EDSS-III 2016-2017) en tranche d’âge 15 à 49 ans, avait montré que : 23% des femmes et 6% des hommes avaient subi des violences sexuelles, 10% des femmes pour une violence physique au cours d’une grossesse, 36% des femmes et 32% des hommes pour les violences physiques.

Pour toutes violences citées, seulement 35% des femmes ont cherché de l’aide pour mettre fin à la violence. Bien plus, en cas de grossesses suite au viol, des victimes mineures et sans carte d’identité, en l’absence d’un rapport médical attestant le viol, n’accédaient pas aux soins médicaux appropriés, moins à l’assistance psychologique et n’obtenaient pas justice.

Les filles appelées à plus de clairvoyance

Dans ce contexte, il est important de comprendre comment se produit ce crime, qui souvent se passe, soit en chemin vers la maison pour les jeunes filles scolarisées commis soit par des inconnus ou des proches. Elodie*, 20 ans, maman d’un petit garçon de 4 ans, rencontrée dans la ville Bujumbura témoigne. « A 16 ans, j’ai été violée par un inconnu. J’étudiais en 7ème année post fondamental », raconte-t-elle, yeux embués des larmes.

C’était juste au début de la rentrée scolaire. Il était à l’heure de quitter l’école vers à la maison. Son amie de l’école lui a demandé de l’accompagner quelque part. Sans se douter de rien, Elodie a accepté cette proposition. Elodie et son amie sont rentrées dans une maison où habitaient des jeunes garçons, probablement célibataires. L’amie d’Elodie a feint de sortir et a fermé la porte sur elle. 

A l’intérieur de la chambre, poursuit-elle, il y avait un garçon qui lui a sauté dessus juste après. « J’ai essayé de me débattre parce que je voyais ce qu’il voulait me faire mais sans succès. Il était plus fort que moi et il m’a violé. » Après ce forfait, le jeune garçon est parti et Elodie est restée seule dans cette chambre, plein de douleur, de honte et un fort ressentiment.

Pour Emmertienne Kamikazi, coordinatrice du centre Seruka, c’est presque le même schéma qui se produit. Les jeunes filles, souvent innocentes, tombent dans les griffes du loup : « Elles sont victimes soit de leur naïveté ou bien victimes d’une mauvaise compagnie. »

D’autres soutient-elle, la majorité des jeunes filles mineures, se font abuser sexuellement par les hommes plus âges qu’elles, soit par tromperie, soit par de fausses promesses ou petits cadeaux vu qu’elles sont moins informées sur les connaissances en matière de santé sexuelle.

Quid de la prévention

Pour prévenir contre ce fléau, Ferdinand Simbaruhije chargé de plaidoyer et communication à la Fenadeb, propose de dénoncer les violeurs à la justice : « Il faut que les gens sortent de leur mutisme et osent dénoncer cet acte ignoble chaque fois qu’il est commis.  Nous avons encore du travail à faire. Nous invitons tous les acteurs à s’y engager et collaborer en synergie. »

Baptiste Nkunzimana, chef de département de prévention et prise en charge des personnes victimes de VSBG à l’Abubef insiste, quant à lui, sur une large sensibilisation chez les jeunes et jeunes adolescents pour qu’ils sachent des comportements à risque qui peuvent les exposer au viol, les ruses utilisées etc.

Les parents, soutient-il, doivent également contribuer dans la lutte contre ce fléau en particulier et toute forme de violences en général, par le dialogue avec leurs enfants car il a été constaté que la plupart des victimes tombent dans le piège en voulant vivre au-dessus de leurs moyens : « Ce dialogue permettrait à leur éviter différentes tentations et à bien se rassurer de la compagnie de leurs enfants. »

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