Que 20 ans, et déjà une piano-voix intimiste, volontairement vintage, légèrement mélancolique et percutante. La nouvelle coqueluche de la musique live se taille, petit à petit, sa place dans la cour des grands. Avec la signature du label Bantu Bwoy, une autoroute s’ouvre devant lui.
Irankunda Jolis, de son vrai nom. Il n’est pas un artiste ordinaire. Les cheveux coupés courts rappellent qu’il est encore sur le banc de l’école secondaire, ce qui contraste avec le piercing sur son nez et l’accoutrement bling-bling qu’il arbore quand le métier l’appelle le soir, où il doit troquer le stylo au micro.
Svelte mais plein d’énergie, Jolis ne se contente plus du cocon familial. Inscrit en deuxième année post-fondamentale au Lycée Municipal de Gasenyi au nord de Bujumbura, son nom est déjà connu des mélomanes branchés de la capitale économique.
Interpréter des morceaux inoxydables de Christophe Matata, Africa Nova, ou encore, reprendre à la perfection les morceaux de Michael Jackson, Winnie Houston, Jimmy Hendrix, il le fait avec une facilité déconcertante. Bon danseur, renversant et exubérant sur scène, Jolis n’impressionne pas seulement par sa voix, mais aussi par ses chorégraphies.
Une ascension fulgurante
Le nouveau fleuron du label de Big Fizzo « Bantu Bwoy » est né à Rutegama dans le Burundi-vert-bananeraie, à Muramvya, au centre du pays. Il était encore dans l’ombre en janvier de cette année. A force de travailler assidument, ses efforts finiront par produire des fruits. Jolis passe d’ombre à la lumière en seulement 5 mois. Le « rêveur » de Muramvya va illuminer de sa présence les scènes d’Arena Club, ou encore de l’IFB, où il chante deux fois par semaine.
Pour autant, le chemin n’a pas été une promenade de santé pour Jolis. « Quitter mon Muramvya natal pour Bujumbura, les embûches n’ont pas manquées. Il y’a surtout mes parents qui ne voulaient pas que je devienne musicien. Mais voilà maintenant, ils sont fiers de moi. Ma plus grande réussite aujourd’hui reste le fait de signer pour un excellent label, le Bantu Bwoy », annonce-t-il avec fierté.
Un paradoxe : la Covid-19, le coup de pouce du destin
A toute chose malheur est bon, dit-on. Quand la Covid-19 est arrivé au Burundi, beaucoup de bars ont fermé. Il n’y avait plus de Karaoké.« Les mélomanes burundais se sont alors rabattus au bar échiquier de l’IFB qui est resté ouvert malgré l’interruption momentanée d’autres activités de l’institut. C’est là que tout a brusquement changé pour moi. Notre scène est devenue convoitée », se rappelle le jeune musicien, une vraie aubaine pour lui.
Quel regard porte-t-il sur la musique burundaise ?
Si le niveau de la musique burundaise reste encore modeste, Jolis Jessing pense que c’est parce qu’« ils sont très peu nombreux les Burundais qui soutiennent la musique locale. L’entertainment local accuse un manque cruel de soutien. Les musiciens ne peuvent rien y faire aussi longtemps qu’ils sont laissés à leur sort. »
Selon toujours notre artiste, l’Etat ne remplit pas sa tâche comme il devrait. « Ailleurs, les légendes de la musique ont même des jours et des monuments dédiés à leur mémoire ». Mais, la responsabilité serait partagée car il ajoute que « les DJs ne jouent pas les chansons des musiciens burundais. Ils préfèrent ceux des étrangers, alors qu’il y’a de bons morceaux produits localement. »
Déjà auteur de deux chansons faites avec le producteur Endo Mike, Jolis ne compte pas rester dans les « karaokés », comme le font certains artistes musiciens. En ce qui concerne l’inspiration, il n’a que l’embarras du choix : « J’aime beaucoup les musiciens burundais comme Canjo Hamisi, Kidum, … J’ai également un grand respect pour Big Fizzo pour ce qu’il a déjà accompli comme chanteur mais aussi pour ses qualités de leader. »
Le monde de la musique est désormais prévenu. Retenez bien son nom : Jolis Jessing ! Sûrement qu’on en parlera beaucoup dans les jours à venir.