L’Initiative du Bassin du Nil (IBN) qui regroupe dix pays vise la gestion durable des ressources en eau du fleuve Nil en vue de soutenir le développement socio-économique des pays membres. Au Burundi, l’action et les perspectives de l’IBN à travers le Programme d’action subsidiaire des lacs équatoriaux du Nil (NELSAP-CU), sont plus que salutaires. Bilan.
Production de l’énergie hydroélectrique, installation des stations hydrométéorologiques, développement et protection des ressources en eau, interconnexion des réseaux électriques, etc. C’est entre autres les réalisations présentées en marge de la célébration du 25ème anniversaire de l’Initiative du Bassin du Nil (IBN) couplée avec la Journée régionale du Nil qui avait eu lieu le 22 février 2024 au Burundi en Mairie de Bujumbura.
Instituée le 22 février 1999 à Dar Es Salam en Tanzanie par le Conseil des ministres des dix pays du bassin du Nil (le Burundi, la RDC, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda, l’Égypte, l’Ethiopie, le Soudan du Sud et le Soudan), l’IBN est un partenariat entre les États riverains du Nil et visant à développer le bassin fluvial de manière coopérative, à partager des avantages socio-économiques substantiels et à promouvoir la paix et la sécurité régionales grâce à sa vision commune, comme l’a indiqué Dr Florence Grace Adongo, Directrice exécutive de l’IBN.
De poursuivre : « le Programme d’action subsidiaire des lacs équatoriaux du Nil (NELSAP-CU) basé à Kigali au Rwanda, a été créé en décembre 2002 avec la mission de contribuer à l’éradication de la pauvreté, promouvoir la croissance économique et inverser la dégradation de l’environnement dans la région des lacs équatoriaux du Nil. »
D’importantes réalisations à l’actif de l’IBN…
Prosper Bazombanza, Vice-Président du Burundi confie que l’Initiative du Bassin du Nil est dotée de ressources naturelles qui ont soutenu les moyens de subsistance pendant des millénaires et continuent de soutenir les vies et les économies des pays membres pour les générations à venir.
Fier des actions collectives sur la gestion et le développement conjoints de ces ressources en eau, Mr Prosper Bazombanza confie que l’Initiative du Bassin du Nil à travers NELSAP-CU a permis au Burundi de développer l’énergie hydroélectrique de Rusumo Falls, y compris les lignes de transmission. L’Initiative du Bassin du Nil, ajoute-t-il, a étendu et augmenté la capacité d’interconnexion et de transmission de l’énergie dans le bassin du Nil. « Il s’agit d’une contribution louable à nos réseaux électriques régionaux et nationaux », se réjouit-il. D’exhorter aux États membres à saisir l’occasion de commercer grâce à ces interconnexions accrues.
Sur ce point, Dr Florence Grace Adongo, tient à préciser que la production d’énergie hydroélectrique régionale de Rusumo Falls est de 80 MW pour le compte des gouvernements du Burundi, du Rwanda et de la Tanzanie. Ce projet, confie-t-elle, a été mis en œuvre grâce au financement de la Banque mondiale, et le financement est venu sous forme d’un mélange de prêts et de subventions, le Burundi recevant une subvention complète pour le projet.
Satisfaite des réalisations, Dr Florence Grace Adongo, fait savoir que ce projet de Rusumo Falls est actuellement à 99,9 % et les trois pays ont commencé à en bénéficier. Le droit total pour le Burundi étant de 27 MW.
Le Coordonnateur régional du NELSAP-CU, Ir Dr Isaac Alukwe à son tour fera savoir que grâce au projet Rusumo Falls, 372 km de lignes aériennes de transport de 220 kV (OHTL) vers trois pays (Burundi, Rwanda et Tanzanie) ont été construites, testées et mises en service. L’ensemble de l’interconnexion a été financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) à hauteur de 160 millions de dollars et mis en œuvre par les compagnies d’électricité de ces trois pays. L’interconnexion permettra aux pays d’échanger de l’électricité au-delà de Rusumo Falls.
Dans le cadre du projet Rusumo Falls, Dr Florence Grace Adongo souligne d’autres projets connexes de développement local réalisés dans les provinces de Kirundo (commune Busoni) et Muyinga (commune de Giteranyi). Comme l’indique Mme Adongo, il s’agit d’un fonds de 10 millions de dollars de la Banque mondiale. Le fonds fait partie du partage des bénéfices du projet électrique de Rusumo Falls et est mis en œuvre dans ces deux provinces susmentionnées. « NELSAP-CU a permis au Burundi de réhabiliter et étendre le réseau d’eau potable de 39 km dans la commune de Busoni, la construction du Centre de formation professionnelle de Murore à Busoni, du centre de santé de Rugando de Giteranyi, le bureau communal de cette dernière,… »
D’ajouter : « L’Initiative du Bassin du Nil a également installé au Burundi (dans la province de Gitega et Muyinga) deux stations hydrométéorologiques qui aident à collecter les données atmosphériques et terrestres du cycle hydrologiques, lesquelles données sont utilisées dans la planification des diverses activités de la vie du pays ».
La gestion des ressources en eau pour accroitre la productivité agricole
Les ressources en eau positionnent le bassin du Nil comme un panier alimentaire pour le continent et au-delà. La productivité alimentaire dans la région du bassin du Nil repose en grande partie sur l’agriculture pluviale, car les saisons sont prévisibles et fiables. D’où les populations dépendent de l’agriculture pluviale pour répondre à la demande alimentaire.
Ir Dr Isaac Alukwe, indique qu’il existe des projets de développement des ressources en eau sur la rivière Kanyaru entre le Burundi et le Rwanda qui consistent en un barrage de 334 millions de mètres cubes pour irriguer 12.400 ha de terres agricoles, en production d’électricité de 25MW (14 MW pour le Burundi et 11 MW pour le Rwanda), en alimentation d’eau potable à 683.585 bénéficiaires ainsi que la restauration de 1.700 km² de bassins versants dégradés.
Le Burundi a déjà ratifié le protocole d’accord du développement des ressources en eau de la rivière Kanyaru. Ce projet a déjà été inclut dans la réserve de projets de la Facilité Africaine de l’eau, comme le fait savoir Prosper Dodiko, le ministre burundais de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage.
Ir Dr Isaac Alukwe fait également savoir qu’il existe un projet de développement des ressources en eau sur la rivière Ruvyironza, lequel projet comprendra un barrage d’une capacité de stockage de 373 millions de mètres cubes, qui augmentera l’irrigation de 14. 674 ha et permettra la production d’hydroélectricité de 22 MW, l’approvisionnement en eau, l’assainissement et la restauration des bassins versants dégradés en amont du barrage.
La protection de l’environnement n’est pas en reste…
Selon Prosper Bazombanza, les méthodes de production alimentaire peuvent cependant être améliorées, grâce à l’agriculture mécanisée, à l’irrigation et à l’ouverture de débouchés commerciaux dans le bassin du Nil. « Des stratégies d’échange de denrées alimentaires à l’intérieur du bassin doivent être conçues en mettant en place des systèmes d’information permettant d’identifier les zones d’abondance et les zones de déficit. Des mécanismes peuvent être mis en place pour les opportunités commerciales de ces cultures vivrières. La transformation des produits agricoles peut être développée pour faciliter la conservation et le commerce dans le bassin Nil », recommande-t-il.
Quant à Prosper Dodiko, la gestion de l’environnement reste la clé de toute la productivité basée sur la nature. « Pourtant, les facteurs anthropiques menacent d’atteindre la capacité de charge à l’environnement. Il y a des taux élevés de dégradation de l’environnement dans le bassin du Nil que la couverture forestière, l’étendue des zones humides, et des châteaux d’eau qui diminuent », signale-t-il.
De ce fait, Mr Dodiko encourage à adopter des programmes régionaux et nationaux de reboisement et de lutte contre l’érosion dans tous les pays de l’Initiative du Bassin du Nil, afin de maximiser l’infiltration des pluies dans le sous-sol de la région du bassin du Nil. « Cela contribuera non seulement à lutter contre les changements climatiques, mais également à combattre la désertification toujours plus croissante », conclut-il.