S’il y a une tare à reprocher sans équivoque chez la plupart des Burundais, c’est la tendance à mettre dans le même panier qui occupe une place de choix. Une attitude pourtant susceptible d’ouvrir la boîte de Pandore…
De par l’adage Rundi « Umuryambwa aba umwe agatukisha umuryango (La malséance d’un individu entache la réputation de toute sa famille, ndlr) », la tradition ancestrale dans toute sa quintessence montre à quel point elle est fondée sur des véridictions et des stéréotypes. Ceux-ci par ailleurs ont un attachement particulier avec la globalisation.
S’il est de notoriété publique d’entendre par exemple que les ressortissants d’une telle région éprouvent des besoins charnels plus que les autres, ou n’ont pas la capacité intellectuelle de poursuivre un long cursus académique, ou bien ne sont pas aptes à accomplir des travaux nécessitant un effort physique soutenu, plus grave est lorsqu’un groupe d’intérêt est arbitrairement étiqueté d’un vice.
N.T*, membre du parti au pouvoir s’indigne de l’image négative attribuée à l’ensemble des jeunes affiliés à ce parti (Imbonerakure). Pour lui, prendre tous les jeunes militants du CNDD-FDD comme des fauteurs de troubles est une aberration : « Il peut s’avérer qu’un ou deux commettent des bavures, mais ces charges ne devraient pas être portées contre tous les Imbonerakure.«
Cette rancœur est partagée par S.B*, un ancien du mouvement rebelle FNL. Lui qui se targue d’être un militant de première heure, grogne que tous les maquisards de cette rébellion sans exception traînent injustement quelques casseroles : « S’il est possible que certains aient trempé dans des affaires douteuses, la responsabilité de chaque acte doit être individuelle « , assène-t-il avec force.
Une volonté de discréditer
Même si ces deux jeunes reconnaissent des torts imputés à leurs compagnons malgré toutes les critiques, ils décèlent dans cette disposition, une tentative de ternir la réputation du groupe : « L’intention derrière certains propos diffamatoires envers les membres d’une collectivité qu’on retrouve souvent sur les réseaux sociaux est d’amener l’opinion à désapprouver un parti, surtout dans cette période pré-électorale« , soutient-il en chœur.
Image du groupe écorchée, mais aussi celle de ses membres dans leur individualité, ces derniers courent plutôt le risque d’être mis au ban de la société, avise d’emblée Tharcisse Bimenyimana, sociologue : « Selon son appartenance, un individu peut malheureusement rater une opportunité puisque son groupe est farouchement pressenti. »
Attention aux violences de masse !
Mr Bimenyimana alerte par ailleurs que des heurts peuvent naître surtout entre les groupes qui s’accusent mutuellement les maux. « Durant la guerre civile de 1993, les membres de deux groupes ethniques Tutsi & Hutu se sont entretués à cause des affres qui hantaient le pays à cette époque, alors que la plupart d’entre-deux n’en avaient .aucune responsabilité », rappelle-t-il.
Cet expert invite les instances judiciaires à prendre les devants afin de rendre justice à quiconque qui en a besoin pour éviter la vengeance ou la vindicte populaire, car « à chaque crime, il y’a une sanction équivalente et individuelle pour chaque coupable.«