Suite aux coups de bâtons reçus au niveau de l’œil droit, Amos Igiraneza, écolier à l’Ecofo Gihanga II, a été opéré ce mercredi à l’hôpital Roi Khaled. Souffrant de l’hyphaema*, le Dr Patrick Budengeri qui a conduit l’opération indique qu’elle s’est bien déroulée, mais qu’il faut attendre pour suivre l’évolution.
Faits de l’incident. Lundi, 28 janvier de cette année, quatre élèves de la troisième année primaire à l’Ecofo Gihanga II, sont sanctionnés par leur enseignant, Vincent Hakizimana. Motif : dérangement en classe. La punition sera de sarcler une portion de la cour de l’école.
Jusqu’ici, tout paraît normal.
Mais, selon toujours Amos Igiraneza, 10 ans, un des élèves sanctionnés, la punition ne va prendre terme qu’à la fin des cours. Conséquence : « Avec ce timing, nous n’avons pas eu l’occasion de noter le DAD (Devoir A Domicile).» Le lendemain, les quatre élèves vont logiquement se présenter sans avoir fait leur devoir. Un châtiment corporel va alors suivre. Un des coups va (presque) crever l’œil droit du petit Amos.
Le scandale: « Avec ce coup, mon œil a commencé à saigner. Mais le maître n’a rien fait pour me porter secours. Au contraire, il m’a accusé d’être le responsable de cet incident et m’a intimé l’ordre de regagner ma place » confie l’écolier. Depuis lors, l’enfant a commencé à sentir de sérieuses douleurs au niveau de l’œil touché. Mais par peur d’une nouvelle sanction, il aura attendu jusqu’à la récréation pour renter à la maison et pouvoir trouver de l’aide.
«Un traitement médical cher»
Ayant remarqué la gravité de la situation, ses parents vont le transporter au CDS (Centre de Santé) le plus proche. Trois jours plus tard, les médicaments prescrits après des premières analyses médicales n’auront aucun effet sur l’état critique d’Amos. Le médecin du CDS conseillera alors aux parents de l’évacuer sur Bujumbura, pour des meilleurs soins, précisément au Kira Hospital.
«Quand je suis allée à l’école pour m’entretenir avec la direction sur ce cas, Vincent était là. Quand je lui ai demandé l’argent (13.000 Fbu) pour les médicaments prescrits, il ne m’a avancée que la moitié. Le reste j’ai dû l’emprunter dans le voisinage. Et lorsque, je lui ai demandé l’argent pour les nouveaux soins, il m’a répondu qu’il n’en avait pas. Et même la direction de l’école n’a rien fait pour me venir en aide» se plaint Médiatrice Nduwimana, la mère d’Amos et de 3 autres petits enfants.
Sans travail, les parents, ne pouvant pas supporter de nouvelles dépenses, décident alors de porter plainte auprès de la Direction Communale de l’Education (D.C.E). Elle ordonnera à l’enseignant fautif de verser à la famille une somme de 50.000 Fbu. Mesure qui ne sera pas suivie.
Fin de fin, la famille s’est résolue à se débrouiller pour descendre à Bujumbura et assurer toutes les dépenses, évaluées à ce jour à plus de 300.000 Fbu.
Ainsi, les examens radiologiques au Kira Hospital ont montré que l’œil droit du petit écolier nécessitait une opération urgente. Mais la famille ne pouvait pas prendre en charge les importants frais de l’opération dans cette structure privée, l’une des plus chères du pays. Amos a donc été transféré à l’hôpital (public) Roi Khaled, où ce genre d’opérations sont subventionnées.
Contacté, les responsables éducatifs à différents échelons dont le DPE (Directeur Provincial de l’Education), ont indiqué qu’ils sont au courant du cas, qu’ils en font encore un suivi, et qu’ils « s’exprimeront prochainement. »
*L’hyphaema se définit comme la pénétration de sang dans l’espace entre la cornée et l’iris à la suite d’un coup ou de la réception d’un projectile dans l’œil. Outre l’apparition de sang, on peut observer une ou plusieurs lésions importantes sur l’œil en raison du traumatisme, ce qui pourrait entraîner une baisse significative de la vision.