Certains garagistes refusent d’exécuter la mesure de délocalisation des garages à ciel ouvert prise début février 2024 par les autorités de la zone Buyenzi et la Mairie de Bujumbura. Exécuter cet ordre, reviendrait selon eux, « à mettre en péril la vie de leurs familles. » Le point
Un mois après une descente de la délégation administrative et sécuritaire de la zone Buyenzi pour faire respecter une mesure prise en 2018 de dégager des véhicules, carcasses et autres garages à ciel ouvert des rues de Buyenzi, des alignements des véhicules et voitures de toute sorte en attente d’une réparation se font toujours observer sur certains axes.
Certains, déjà réparés, sont garés aux abords des caniveaux alors que la réparation d’autres se fait au milieu de ces axes, causant embouteillages et autres tracs pour les passants. Pendant ce temps, les caniveaux sont quasi-bouchés par différentes sortes d’ordures et un teint noirâtre s’observe à certains endroits de ces rues, signe de l’huile de vidange usé qui y est souvent jetée.
Une mesure plutôt salutaire, même si contestée
Malgré cette réticence de la part de certains garagistes, cette mesure est salvatrice, confie Sefu Niyonkuru, chef de zone Buyenzi : « Elle permettra de lutter contre le désordre, sauvegarder l’hygiène et la bonne image de la zone. »
Il explique : « Souvent notre zone est victime d’une mauvaise image par rapport à son hygiène précaire, et on a tendance à qualifier de ressortissant de Buyenzi, toute personne qui affiche un comportement non-civilisé. C’est à cela que nous voulons nous attaquer pour transformer l’image de cette zone. »
Outre ces aspects, Sefu Niyonkuru évoque également le volet sécuritaire dans la lutte de ces garages à ciel ouvert. En effet, souligne-t-il, le stationnement de ces voitures en plein route bouche le passage d’autres véhicules, ce qui peut être fatal en cas d’incendie où des véhicules anti-incendie n’auraient pas accès rapidement pour intervenir : « Les dégâts pourraient être énormes. » Sefu Niyonkuru revient aussi sur la santé de personnes âgées et hypertendues menacées par les bruits et tapages autour de ces fameuses carcasses à longueur de journée.
Des explications loin de convaincre les intéressés
Les garagistes rencontrés disent qu’ils vivent et nourrissent leurs familles respectives grâce au métier de la mécanique. « Ça fait plus de 30 ans que je vis de ce métier, et je n’avais jamais été obligé de quitter ce terrain. Et d’ailleurs certains d’entre nous sont nés ici même et ces arguments avancés ne tiennent pas débout », s’indigne l’un des mécaniciens trouvés sur place.
Un autre mécanicien estime que la mairie aurait dû aménager un autre terrain vaste pas loin de la ville pour y poursuivre leur boulot avant de les chasser.
A ce sujet, le chef de zone précise qu’il n’y a pas de places réservées pour eux vue que personne ne leur avait permis d’effectuer leurs travaux dans les rues. En les qualifiant de garagistes ambulants, il annonce qu’il n’y aura plus de compassion pour toute personne qui veut rétrograder les directives prises par l’administration qui s’inscrivent dans la vision du Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060 : « Nous ne persécutons pas le métier, mais nous ne pouvons plus permettre un tel désordre de se perpétuer dans notre zone. »
Et de recommander à ces mécaniciens de s’associer en coopératives pour louer des espaces bien clos afin d’y poursuivre leur métier.
Ce reportage a été effectué par Elysée Niyontoranwa, en stage au sein du Magazine Jimbere, dans le cadre du dossier sur le suivi des mesures de salubrité et de sécurité prise en Mairie de Bujumbura.