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L’expertise statistique au cœur du processus d’évaluation de l’impact

Souvent moins considéré, le statisticien est d’une importance capitale dans l’évaluation d’impact des politiques, programmes ou interventions, pour mesurer leur efficacité. Le Club Statistique de l’Université du Lac Tanganyika, à travers une conférence édifiante, s’est engagé à promouvoir le professionnalisme.

Partout dans le monde, y compris le Burundi, l’humanité se retrouve face à des contraintes telles que la pauvreté, le chômage, l’insécurité alimentaire, l’inégalité sociale, le changement climatique, les maladies. Pour surmonter ces problèmes, les gouvernements ou les partenaires au développement sont appelés à mettre en place des politiques, projets ou programmes dont l’objectif est d’apporter un impact observable. Pour mesurer alors leur efficacité, le statisticien, à travers ses méthodes d’évaluation sans lesquelles l’impact causal ne saurait être mesuré, se fait place.

C’est dans cette optique que les étudiants de l’Université du Lac Tanganyika formant le club Statistique avaient organisé, le 1er août 2024, dans la salle des conférences de cette université, une conférence débat sur l’« inférence causale », comme l’une des méthodes innovantes d’évaluation d’impact pourtant moins rependue et empruntée. 

Quid du concept ?

Les trois panelistes de la conférence

Avec pour thème : « Inférence causale et son utilité en évaluation », Dr Michel Armel Ndayikeza, enseignant en faculté des Sciences Economiques et Gestion à l’Université du Burundi, explique le concept comme une méthode statistique visant à établir une relation de causalité. Cet expert présente la valeur ajoutée de cette méthode dans l’évaluation : « L’évaluation d’impact cherche à mesurer  l’effet causal d’un programme, d’une activité ou d’une intervention sur un résultat d’intérêt », et d’ajouter, « Dans ce cas, l’accent est mis uniquement sur l’impact, c’est-à-dire sur les changements directement attribuables à un programme, à une activité ou une intervention ». En effet, cette méthode se différencie des méthodes classiques de l’évaluation qui présentent des limites quant à la connaissance des causes exactes des impacts observés. Ainsi donc, martèle Michel, pour pouvoir estimer l’effet causal ou l’impact d’un programme, toute méthode d’évaluation d’impact choisie doit estimer ce que l’on appelle le « contrefactuel », c’est-à-dire le résultat des participants au programme s’ils n’y avaient pas participé.

 Soulignant la pertinence de cette méthode, Jean Corneille Nininahazwe, chargé du suivi évaluation au sein du PAEEJ Burundi, lui épaule par son expérience. « Avec des méthodes classiques et sans professionnalisme, il est souvent difficile de s’assurer de l’impact du financement de PAEEJ sur un projet qui, parallèlement, est en train d’être financé par un autre bailleur».

Des méthodes sous-exploitées au Burundi

Happy-Quessia Dushime, présidente du Club Statistique de l’Université du Lac Tanganyika

L’évaluation de l’impact au Burundi n’est pas monnaie courante suite à plusieurs raisons dont l’exigence en ressources humaines et financières importantes, mais également l’ignorance de certains évaluateurs chargés de cette mission. Selon Désiré Munezero, président de l’Association des Professionnels de la Statistique au Burundi, il y a très peu de gens qui savent faire l’évaluation de l’impact. « Parce que souvent, dans cet exercice, on se focalise sur les évaluations finales en comparant les données de base et les données de l’évaluation finale », a-t-il expliqué. De ce fait, poursuit-il, on ne sait pas exactement pourquoi la constatation d’une certaine évolution, si on n’a pas examiné sa vraie cause.

Besoin d’un professionnalisme

D’après M. Ndayikeza, le défaut du personnel qualifié en la matière reflète la nécessité de renforcer la formation dans ces méthodes. De retour, Jean Corneille Nininahazwe se plaint que certains dépositaires des projets échappent à faire appel aux évaluateurs de l’impact, de peur de voir la défaillance de leur projet dévoilée et manquer des financements suivants. Quant à Happy-Quessia Dushime, présidente du Club Statistique, il est déplorable de voir les postes techniques des statisticiens accordés à ceux qui ne sont pas du domaine, ce qui conduit souvent à l’échec. Elle trouve que le secteur des statistiques devrait être considéré afin d’atteindre la vision 2040-2060.

Par ailleurs, Désiré Munezero trouve que c’est à la communauté des statisticiens de promouvoir le métier : « Nous, au niveau de l’Association des statisticiens professionnels du Burundi, nous sommes en train de demander l’agrément de l’ordre des statisticiens professionnels du Burundi au sein du gouvernement ». À ce niveau-là, M. Munezero fait savoir qu’il y aura des formations obligatoires afin d’avoir des évaluateurs capables de faire des études d’impact et des évaluations des programmes très vastes.

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