Depuis ce jeudi 14 mars, l’ECOFO Kanyosha I est en vacarme. Raison : une panique généralisée causée par une supposée attaque démoniaque. Au total, plus d’une quarantaine de cas relevés jusqu’à ce vendredi. Possession ou peur? Interprétation controversée entre psychologues et leaders religieux.
Faits: « Depuis une semaine, nous observons des cas isolés de troubles psychologiques des élèves. Ce phénomène concerne uniquement les filles. Aux environs de 9h du matin de ce jeudi, la situation est devenu problématique : une à une, les élèves ont commencé à crier et à courir dans tous les sens. Ceci a commencé dans une salle de classe ,après toutes les autres ont été affectées», déclare Juvénal Hakizimana, directeur de l’établissement scolaire. Elèves et enseignants parlent « d’attaque démoniaque ». Eh ben, place à l’affolement, l’agitation, …
Kwizera Hyacinthe, enseignante de la 9ème année, la classe la plus touchée, relate aussi sa version des faits : « Quand cela a commencé, nous étions en plein cours. Du coup, une élève a commencé à hurler et à courir dans tous les sens, arguant qu’’elle voyait une lampe allumée. Maȋtrisée, elle est tombée en syncope. Après quelques minutes, plus de cinq filles ont suivi. » Une des victimes ajoute : « Au départ, j’ai entendu une voix m’appelant. Et puis quelque chose a commencé à m’égorger. J’ai perdu connaissance. Je ne me rappelle pas de la suite. » Voyant que la situation devenait incontrôlable, la direction a décidé d’interrompre les activités, espérant une journée calme le lendemain. Cela n’a pas été le cas. Jusqu’à 10h de ce matin, d’autres cas se sont révélés.
Une interprétation divergente de la situation …
En quête de solution, des religieux et psychologues, susceptibles de pouvoir élucider et expliquer la situation, ont été sollicités. Selon les premiers : « Etant donné que cette école est construite sur un ancien cimetière, elle peut subir une attaque démoniaque. Nous sommes ici pour exorciser ces démons. Ils ajoutent : « Toute élève attaquée est amenée dans une salle aménagée à cet effet et nous prions jusqu’à ce qu’elle recouvre ses facultés »
Problème spirituel ou pas, les prières semblent avoir un effet sur la situation. Une fois que l’élève recouvrait ses facultés cognitives, elle était écoutée par des psychologues.
Mais ces derniers ont une explication bien différente de la situation. Selon Augustin Habonimana, psychologue et superviseur au PPSM (Plate-forme des intervenants en Psychosociale et en Santé Mentale) : « On peut expliquer ce phénomène par une peur contagieuse. La preuve : ce sont uniquement les filles qui sont attaquées. Elles se sentent vulnérables. Il se pourrait que la première ait des troubles effectivement mentales et ou psychologiques. Le reste a été affecté émotionnellement.»
Quelles solutions proposées ?
Selon toujours Habonimana, la solution est de tranquilliser les élèves. «Nous prévoyons une écoute individuelle et collective de celles qui ont été affectées la semaine prochaine. ». Le directeur de le compléter : « A partir de 9h du matin, la situation a été maitrisée. Pour les tranquilliser, la direction de l’école et les religieux présents ont fait le tour des classes, priant et rassurant les enfants.»