Son entreprise est un pari réussi. Mariant recyclage et business, RC Retraining a fait de la guerre contre le plastique une boîte rentable. Elle a d’ailleurs été reçu cette année le 2ème prix lors de la compétition annuelle de plan d’affaires et d’idées innovantes « Shika Awards » organisé par le Burundi Business Incubator.
Elle est l’aboutissement d’une farouche opiniâtreté et d’un combat acharné contre la pollution. A la tête de cette entreprise, Darlène Ndorimana est une jeune femme au parcours agréablement étonnant. Jeune, déterminée, Darlène se rappelle comme si c’était hier de sa première sandale, fruit d’un génie qui a su marier recyclage et mode. «Elle m’a coûté 4.000 Fbu. J’ai tissé des sachets, j’ai pris un pneu et un tapis en cuir et j’ai emmené le tout chez un cordonnier pour l’assemblage».
Ce prototype n’est pas le fruit d’un hobby d’une jeune fille amoureuse de bricolage, mais d’un dégoût contre le plastique. «Deux ans plus tôt, je faisais un feu de cuisson, en brûlant un sachet. Il m’a causé des allergies et depuis cet instant, j’ai commencé à éternuer sans cesse. J’ai par la suite développé des sinusites»
Convaincue que le sachet brûlait certainement pour quelque chose, elle entame alors des recherches sur les matières plastiques et les sachets en particulier et découvre que la fumée produite par la combustion des sachets plastiques contient des dioxines cancérigènes. «C’est à partir de cela que j’ai pensé à un moyen peu coûteux de récupérer et de recycler les emballages plastiques. La sandale fut ma première réalisation contre la pollution.»
D’une pierre deux coups…
Après la sandale qu’elle a elle-même portée et qui a séduit l’entourage, Darlène Ndorimana a produit des broches, des boucles d’oreilles, vendus à 4.000 Fbu et fabriquées également à partir de sachets tissés : «J’ai concentré mon énergie et ma créativité sur la sandale en proposant plusieurs modèles.»
Après une période d’essai-erreur, elle décroche en 2017, grâce à un soutien de l’Adisco (Appui au Développement Intégral et à la Solidarité sur les collines), un crédit bancaire. Et c’est ainsi que RC Retraining a vu le jour.
Bien qu’elle ait reçu des encouragements de part et d’autre, il n’a pas plu à certains de voir une juriste en plein stage professionnel dans un cabinet d’avocats se tourner vers le recyclage et la fabrication des sandales. «Nombreux sont ceux qui disent que j’ai gaspillé l’argent de ceux qui ont payé ma scolarité,» rigole-t-elle.
Autre hic, la concurrence des sandales made in Kenya est rude. «Les Burundais préfèrent acheter les sandales kényanes plutôt que les locales. Ceux qui veulent acheter nos produits trouvent qu’ils sont chers alors qu’une paire est vendue à 15.000 Fbu.»
Après deux ans de démarrage, RC Retraining compte deux employés permanents un vendeur et un cordonnier et sept femmes formées par l’entreprise. Darlène Ndorimana réalise actuellement un chiffre d’affaires annuel de 19,2 millions Fbu.