A la fois outils de réseautage et laboratoires des idées, les clubs dans les universités constituent une plus-value pour apprenants. Cependant, ces clubs ne sont pas toujours valorisés alors qu’ils contribuent à l’épanouissement humain et académique. C’est du moins l’avis des étudiants auxquels Jimbere s’est adressé.
L’Association Burundaise des Etudiants de Médecine (ABEM), le club de Sociologie de l’université du Burundi, le club de Statistiques de l’université du Lac Tanganyika, le club des gestionnaires, Be a Winner Academy de l’Université Lumière de Bujumbura et tant d’autres. Un vent nouveau souffle dans les universités burundaises. Avant la création de ces nouveaux clubs académiques, on connaissait des clubs qui sont en réalité des émanations d’organismes nationaux et internationaux à but non lucratif comme la Croix Rouge.
Pour les étudiants, « ces clubs sont d’une grande utilité »
Axel Keza, président du club de Statistiques de l’université du Lac Tanganyika est convaincu que « sans les clubs et autres mouvements scolaires, la formation académique telle qu’elle est au Burundi serait incomplète ». Selon lui, « l’adhésion à un club universitaire pour un étudiant est très utile. En effet, un club constitue un cadre d’échanges et un espace de prolongement et de réflexion sur ce qui a été appris en classe ».
Intwari Jean Hubert, étudiant à l’Université Lumière de Bujumbura abonde dans le même sensː « dans les clubs, on renforce l’esprit critique, la persévérance dans les études, l’acquisition des aptitudes de travail en équipe. Autant d’éléments utiles pour la réussite dans la vie. De surcroit, les clubs nous permettent de rencontrer des personnes avec qui on partage les mêmes centres d’intérêt. Pour nos universités qui accueillent des étudiants venant des pays étrangers, participer dans les clubs est une occasion privilégiée pour les échanges interculturels entre les membres. On s’enrichit mutuellement ».
Eric Bizimana, étudiant à l’université Espoir d’Afrique n’est pas d’avis contraire ː « Les clubs nous aident à prendre toute la mesure des défis qui nous attendent dans le monde professionnel. Ils nous procurent un cadre d’apprentissage solide et décomplexé en dehors de la pression des salles de classe. Les compétences acquises nous préparent à un très large éventail de carrières : planification d’événements, gestion des ressources humaines, promotion et défense d’intérêts, etc. Au finish, c’est une question d’épanouissement humain et académique ».
Yves Jacquet Nsavyimana, président de l’ABEM va aussi dans le même sens. Pour lui, faire partie d’une association étudiante donne l’occasion de vivre une expérience humaine enrichissante et renforce les liens de solidarité en stimulant le sentiment d’appartenance à la communauté universitaire et à la société. Et de renchérir ː « Sur le plan social, ces clubs et associations facilitent le réseautage et la collaboration entre les étudiants afin de se partager les diverses opportunités qui s’offrent à eux, sans oublier que l’existence des clubs est une perche tendue aux universités pour jouer un rôle de plus en plus important au sein des collectivités ».
Un désintérêt évident des universités et du ministère de tutelle
« Sans moyens, tous ces clubs et mouvements ne sont plus que des épouvantails sans importance », tente d’analyser Éric Bizimana qui estime que bien que la création de ces clubs soit très profitable aux étudiants, cette aventure peut se révéler plutôt coûteuse dans le sens où leurs activités rencontrent souvent un certain désintérêt de la part des dirigeants des universités et du ministère de tutelle. La plupart des clubs sont financés par les cotisations propres des membres. Ces dernières sont souvent maigres alors que les activités à entreprendre sont nombreuses : les ateliers, les panels, les descentes dans les communautés, etc.
Ce pessimisme est aussi partagé par Intwari Jean Hubert. « On a l’impression qu’on est seul. D’abord il y a une faible implication de nos enseignants qui sont réticents à l’idée d’encadrer nos clubs. Ensuite, on constate un manque de soutien financier de la part des universités et du ministère de tutelle qui n’ont pas encore de plans pour de la promotion de ces clubs. Il devrait plutôt y avoir au sein des universités et du ministère un dispositif qui permet de soutenir financièrement les clubs des étudiants. Pourquoi pas des subventions publiques ou des financements privés ? », s’interroge M.Intwari.
Qu’en disent les autorités, les professeurs d’universités et le ministère de l’enseignement supérieur ? La réponse dans nos publications ultérieures.