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Santé

Ce qu’il faut savoir sur le Financement basé sur la performance (FBP)

Le FBP couplé à la gratuité des soins est une politique mise en place en avril 2010 pour corriger les difficultés techniques observées dans le modèle classique de financement où les structures de soins de santé recevaient tous les intrants « inputs » nécessaires à leur fonctionnement sans aucune obligation de résultats. Est-il à la hauteur des attentes ? Nous faisons le point.

Pourquoi le FBP ?

Au lendemain du décret présidentiel de 2005 mettant en place la gratuité des soins pour les enfants de moins de 5 ans et des femmes qui accouchent, des difficultés techniques vont s’observer notamment liées à la solvabilité du gouvernement pour régler les factures des formations sanitaires dans les échéances dues. L’Etat va alors coupler la politique de gratuité des soins à celle du FPB. La phase pilote sera menée de 2006-2010 dans les provinces de Gitega, Bubanza, Cankuzo, avant d’être étendu au niveau national en 2010.

Dr Sakaganwa Pierre, Chargé de la communication au sein de la Cellule technique nationale chargée de la mise en œuvre du FBP éclaircit ː « La réforme repose sur un système de remboursement des formations sanitaires sur les soins couverts par le paquet du FBP appréhendé sur base d’une grille comportant des indicateurs de qualité et quantité, qui vont de la propreté jusqu’aux services rendus. Ainsi, les principaux objectifs principaux de cette politique se trouvent être l’amélioration de la qualité des services, la mise en place d’un système de vérification des prestations, le renforcement de l’autonomie des formations sanitaires, la stabilisation, la motivation du personnel de santé, et aussi l’équité dans l’offre des soins de santé, etc. »

Avec cette batterie de mesures, la reforme a-t-elle permis des avancées significatives dans le secteur de la santé ? Eléments de réponse dans l’appréciation des quelques indicateurs du paquet de services de santé …

Chiffres en hausse …

Selon l’annuaire statistique de 2016, l’utilisation des services de santé avec un taux d’accouchements assistés par un personnel qualifié est passé de 22,9% à 83% entre 2005 et 2016, cela étant alors que le taux exigé par OMS d’une sage-femme sur 1.500 femmes n’est pas encore atteint, le Burundi en compte aujourd’hui un pour 27.080 femmes.

Le ratio de mortalité maternelle est quant à lui aussi passé de 1.099 décès pour 100. 000 naissances vivantes en 2004 (EDST 1et 2) à 334 en 2016. Le taux de mortalité infantile est passé de 102 pour 1000 en 2004 à 47 pour 1000 en 2016 (EDS III 2016-2017). 704 centres de santé sont actuellement sous contrat, alors que les hôpitaux sous contrat sont au nombre de 63.

 Notons qu’au total le pays compte 1.057 CDS (578 relèvent du secteur public, 326 du secteur privé, 136 d’obédience confessionnelle et 17 Associatifs. Les hôpitaux sont au nombre de 90 (44 du secteur public, 31 du privé, 12 confessionnels et 3 associatifs).

Malgré les avancés, des grognes …

Jeanne Nkurunziza, trentagénaire, habitant dans la zone Gihosha et mère de deux enfants, se rappelle du calvaire qu’elle a connu lors de son second accouchementː « A l’Hôpital militaire de Kamenge, ils m’ont refoulé disant qu’ils n’ont pas de lits et de médicaments, mais après que j’eusse payé la caution, j’ai pu avoir un lit. Pour les médicaments j’ai été obligé de les acheter dans les pharmacies y compris même les gants, les hôpitaux de Bujumbura ne respectent pas parfois la réforme. C’est frustrant ».

Pour H. G, infirmier dans l’un des hôpitaux de Bujumbura, la mesure est difficile à appliquer pour les hôpitaux sont souvent bondés et qui doivent avoir beaucoup de liquidités pour fonctionner au quotidienː « Les unités d’hospitalisation sont surexploitées amenant parfois les hôpitaux à prendre des mesures restrictives, et pour certains services les tarifs des indicateurs contractualisés ne reflètent pas leur vrai coût. »

Par ailleurs, la reforme de FBP ̸brille par son absence dans certaines formations sanitaires privées. Dr Sakaganwa fait le pointː « Les hôpitaux qui appliquent cette mesure sont ceux qui ont signé le contrat avec le gouvernement car on ne les y oblige pas. Par contre, on demande à ceux qui fréquentent ces unités de bien se documenter avant d’y aller afin de limiter les grognes. » L’autre problème observé, comme le confie toujours Dr Sakaganwa, est que la population n’a pas connaissance du paquet des soins couverts par la réforme, défi que le ministère prévoit de répondre par plus de sensibilisation et de vulgarisation.

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