Inscrits sur une vingtaine d’écoles non reconnues par le MinEduc depuis novembre 2018 mais fonctionnelles jusqu’à ce jour, les élèves de ces établissements scolaires risquent gros. Le point sur cette affaire traitée par une commission ministérielle ce mardi 19 février.
6 novembre 2018 : le ministère congolais des Affaires Etrangères, par le biais de l’ambassade de la RDC au Burundi, adresse une correspondance au MinEduc dans laquelle il invite ce dernier « à procéder à la fermeture de douze écoles sous système éducatif congolais que Kinshasa ne reconnaît pas », précise Juma Edouard, le porte-parole du Mineduc.
23 novembre, une équipe du MinEduc effectuera des descentes sur terrain pour s’enquérir de la situation et prendre les mesures y relatives. Constat: « Cette mesure allait porter sur un effectif de plus 20 écoles se trouvant à Bujumbura, Rumonge et Muyinga, etc. », note Patrice Tuhabonimana, le DPE en Mairie de Bujumbura, faisant partie de l’équipe.
Mais deux raisons vont retarder l’exécution de la mesure : « Primo, certaines des écoles visées ont introduit des dossiers de recours auprès de Kinshasa. Secundo, le ministère a identifié d’autres écoles qui se réclament de droit congolais mais qui ne figurent sur aucune des listes de droit congolais transmises par l’ambassade » ajoute M. Juma.
« Vis à vis de la loi congolaise, l’école est en ordre »
Pourtant, les établissements visés par la mesure de Kinshasa contestent. C’est le cas de l’EPGL (Ecole Polytechnique des Grands-Lacs), dont Bendera Mwanalikiwa est directeur et représentant légal : « Vis à vis de la loi congolaise, l’école est en ordre. Nous sommes régulièrement invités dans les différentes concertations des directeurs d’écoles organisées par l’ambassade et nos élèves participent régulièrement aux examens nationaux (RDC) ».
Pour Mwanalikiwa, cette décision de la « non-reconnaissance » résulterait d’un manque de communication entre les différents échelons du secteur de l’enseignement en RDC*: « Par rapport à cette mesure, nous avons donc introduit un recours auprès du ministère ayant l’enseignement national primaire et secondaire dans ses attributions à Kinshasa. Ce qu’il faut savoir est que la plupart des écoles frappées par la mesure de fermeture sont en ordre « .
En attendant, la commission mise en place par le MinEduc pour élucider cette question compte se réunir ce mardi 19 février 2019 après-midi. Selon le porte-parole du ministère, « après analyse de la situation, si nous trouvons que ces écoles ne sont pas réellement reconnues par leur propre pays, ce n’est pas au Burundi de les reconnaître et les légitimer. De là, elles peuvent s’attendre à une fermeture momentanée. »
Quant à l’avenir des élèves, M. Juma est clair: « Ces élèves s’exposent à la non-reconnaissance de leurs titres scolaires au cas où ces écoles venaient à être fermées ».
* Agrément des écoles dans le système éducatif congolais | Partant de l’étendue territoriale de la RDC, l’agrément des écoles est fait par les ministères ayant l’enseignement primaire et secondaire dans leur attribution au niveau des provinces. Celles œuvrant au Burundi sont agréées par celui de la province du Sud-Kivu (avec pour capital Bukavu). Ainsi, cette mesure de fermeture de certaines écoles de droit congolais au Burundi aurait été prise par le MEPSP (Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel) basé à Kinshasa sans consultations de Bukavu, selon Bendera Mwanalikiwa. De plus, il indique que cette mesure a été prise tardivement car « la rentrée scolaire est fixée au mois de septembre alors que la mesure n’a été communiquée que deux mois plus tard ».