Ce matin du 7 janvier, le Centre d’Enseignement des Langues au Burundi (Celab) et le Centre Burundais pour la Lecture et l’Animation Culturelle (Cebulac), sous la houlette du Ministère de l’Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique, animaient à l’Université du Burundi un atelier de réflexion sur modernisation du kirundi.
Dans un amphithéâtre plein à craquer, quatre orateurs ont exposé sur « l’adaptation du kirundi à notre ère », marquée par les progrès technologiques et le numérique.
Jean Bosco Nzigamiye, directeur du Cebulac, a pris la parole en premier, pour un tour sur les problèmes que rencontre l’unique langue maternelle au Burundi, appelant à « une prise de conscience profonde sur les rapports qu’ils entretiennent avec leur langue ».
Selon lui, « nous avons été orphelins des valeurs que véhicule notre langue par le fait que nous l’avons délaissée au profit de langues étrangères qui ont rapidement pris le dessus sur la nôtre. Nous devons donc nous re-approprier totalement ses richesses », avant de souligner que « le Cebulac est prêt à accompagner quiconque qui voudra bien écrire en kirundi et achètera ses œuvres pour les distribuer dans toutes ses bibliothèques, bientôt présentes dans chaque commune du pays. »
Auteur d’un article intitulé « Les dix commandements pour sauver le Kirundi », Patrice Ntafatiro a par après pris la parole pour « déconstruire l’idée que le Kirundi ne serait pas une langue scientifique », en lisant un passage sur l’anatomie du cœur totalement rédigé en kirundi. « Ceci est une preuve que même la médecine peut bel et bien être enseignée en kirundi », a clamé l’orateur qui a continué son propos sur ses recherches sur les accents kirundi qui, pour la première fois, ont reçu des noms propres alors que pendant longtemps ils ont été désignés par leur forme.
Même son de cloche chez Edmond-Aimé Kabushemeye-Nkinzo, un jeune informaticien qui vient d’adapter le clavier d’ordinateur avec le kirundi. « Cette création dénommée Rwandiko est maintenant accessible pour Windows et le sera prochainement pour d’autres logiciels pour que les locuteurs du Kirundi soient facilités comme les francophones le sont pour le clavier Azerty ou les anglophones avec le Qwerty », a expliqué le développeur.
En dernier lieu, l’ambassadeur Willy Nyamitwe est revenu sur le rôle du Fonds de Service Universel des TIC (FSU) qu’il dirige, qui a pour mission la vulgarisation de la technologie auprès de la population, « une mission impossible si la toile n’est pas alimentée en sources rédigées en kirundi, par les Burundais eux-mêmes. Nous devons produire beaucoup plus en kirundi pour que même le paysan lambda soit à l’aise avec l’outil informatique, en levant la barrière de la langue », a exhorté le Conseiller de communication à la Présidence.
Différents intervenants sont revenus sur la grande faille que reste l’absence de l’Académie Rundi pour la standardisation de la langue. Les autorités publiques présentes lors de cette conférence-débat ont promis « la mise en place de cette institution prochaine. »