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Burundi : les crèches, une affaire florissante

Le nombre de crèches ne cesse d’augmenter principalement en Mairie de Bujumbura. Même si certains pensent que le recours à ces établissements est un luxe que le Burundais lambda ne peut s’offrir, d’aucuns nient leur utilité à l’heure où l’urbanisation gagne du terrain.

Il y a quelques années, la prématernelle était presque inexistante au Burundi. Mais, actuellement, ce constat a visiblement changé – pas encore de chiffres y relatifs au Ministre de l’Education. Avec des frais d’inscription compris entre 100.000 et 200.000 Fbu par mois, sans compter les frais de déplacement, la crèche reste encore un service que la grande majorité des Burundais ne peuvent pas s’offrir. Mais qu’à cela ne tienne, ils sont de plus en plus nombreux les parents qui acceptent de consentir un sacrifice financier pour garantir un environnement sécurisant et instructif à leurs enfants, comme ils sont occupés pendant la journée. 

Un milieu protecteur et rassurant  

« La crèche accueille des enfants âgés de 18 mois à 3 ans. On n’a débuté qu’en septembre 2019, mais déjà, la capacité maximale des classes a été atteinte dès les premiers jours. Certains parents venaient insister pour qu’on accueille leurs enfants », explique Evelyne Nkurunziza chargée de la communication à la crèche KidZone à Kinindo, en Mairie de Bujumbura.

Le changement du train de vie des parents « Bujumburois » et la recherche d’un environnement protecteur seraient les principales raisons de l’augmentation de cette demande. « Pour les parents, la crèche est un choix de sécurité. Aujourd’hui, les deux parents travaillent toute la journée. Parfois laisser son enfant à une nounou n’est pas aussi sécurisant que ça. Les parents préfèrent laisser leurs enfants entre les mains d’éducatrices formées au développement du potentiel de leur progéniture dans un endroit surveillé, et où il y a une hygiène impeccable ainsi qu’une alimentation équilibrée », souligne encore une fois Evelyne.

Les programmes des enfants sont méticuleusement choisis en fonction de l’âge et des besoins spécifiques de l’enfant comme l’expression orale, la structuration de la pensée ou les exercices physiques.

Un endroit de socialisation et de développement affectif pour l’enfant

Selon Alexis Ndayizeye, psychopédagogue et directeur de la clinique de l’éducation et la psychothérapie « Turere Hamwe », pour son bon développement, il faut que l’enfant bénéficie d’un maximum d’évènements marquant de bonnes relations sociales. C’est ce rôle que vient jouer la crèche. Elle permet à l’enfant de s’habituer à la présence d’adultes et des autres enfants, ce qui stimule son développement comportemental et émotionnel.

En jouant avec les autres, l’enfant apprend à écouter, à s’exprimer, à partager, à être propre et autonome. Néanmoins l’expert insiste sur le fait que les crèches ne remplacent ou ne diminuent en aucun cas l’importance du dialogue entre les parents et les enfants. L’environnement familial reste le milieu, par excellence, pour le développement affectif de la personnalité de l’enfant, tient à souligner le psychopédagogue.

En outre, il est aussi important d’habituer l’enfant à s’exprimer dans la langue maternelle contrairement à la tendance actuelle consistant à inciter les enfants à s’exprimer dans la langue utilisée à la crèche, cela pour lui éviter un problème d’intégration langagière au niveau de la société.

Un seul hic : le fait que certaines crèches pourraient être conçues avec une visée plutôt commerciale, inquiète notre psychopédagogue. « Avec un matériel insuffisant ou non adapté, un personnel non qualifié ou des espaces de jeux insuffisants, la crèche pourrait ralentir le développement de l’enfant, au lieu de le booster. »

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