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Buja Music Award: d’un coup d’essai, un coup de maître 

©Jimbere | "Best Life Music", élu meilleur groupe de l’année

L’équipe derrière cet événement vient de réaliser une prouesse à Bujumbura: tenir une soirée de nominations des meilleurs dans la musique burundaise sans les habituelles reconnaissances vides de substance, dans lesquelles « les promoteurs s’enrichissaient sur le dos des artistes en leur offrant des trophées qui n’étaient en fait que des bouquets de fleurs »…

C’est le soulagement au niveau de l’équipe organisatrice. « Habitués à des feinteurs, qui des fois les déplaçaient pour juste un bouquet de fleurs, le plus dur a été de pouvoir convaincre les artistes. On aurait préféré organiser une compétition inclusive, malheureusement on n’aura pas pu convaincre tout le monde. Certains en avaient ras-le-bol d’être des marionnettes des organiseurs des compétitions de ce type » se félicitera Delphine Buzingo, présidente du BMA Team, sur les micros des journalistes à la fin de l’évènement ce dimanche 7 juillet à l’Institut Français de Bujumbura.
Avant de conclure par un espoir: « Que tous les artistes soient présents, au nom du respect pour leur art dont nous avons fait preuve au cours de cette première édition ».

La reconnaissance des pairs

Que ce soit pour Freddy Kwizera dit «  Botchum », président a.i. de l’Amicale des Musiciens, ou l’arrangeur et chanteur Bashir Dia, qui a notamment remis un prix à titre posthume à Canjo Amissi, le constat est le même: « Ces jeunes méritent du respect. Ils viennent de réaliser ce que leurs aînés n’ont pu faire, du moins avec une telle efficacité. Il n’y a pas de meilleure sagesse que de parvenir à départager deux concurrents sans lamentations ni chez les concernés ou les spectateurs ».
Selon toujours la présidente du BMA Team, pour en arriver là, la route a été longue: « L’idée a été conçue en 2014, mais elle a été retardée par le manque de moyens. Aujourd’hui nous y parvenons grâce au concours de trois maisons de musique australiennes: Kings Nation Empire, Mayroc Group et Chako Music Group, qui nous auront permis de réaliser notre rêve ».

Que ce soit du côté organisationnel, que ce soit la valeur des trophées (300$, chacun), et même au niveau de l’impartialité du jury, l’organisation s’est montrée à la hauteur. Réputé pour son franc-parler, B. Face, élu meilleur rappeur appréciera le prix: « C’est le trophée le plus valeureux parmi tous ceux que j’ai déjà obtenus ». Et de placer (de nouveau) un punchline: « Si seulement le trophée était accompagné d’une petite enveloppe… »

Kiboko de « Best Life Music », élu meilleur groupe de l’année, à son tour de renchérir: « Le prix est digne de nous. Il nous honore ». Et pour Mirror team, qui concourait dans la même catégorie, « le jury a été impartial. Si par mégarde, il nous avait attribué le prix du meilleur groupe de l’année, on l’aurait directement rendu à Best Life Music. Ces gars le méritent ».

Et si le « Buja Music Award » revoyait son appellation? – Le nom même de l’organisation renvoie à une manifestation musicale. Si l’on peut donc comprendre qu’un journaliste fasse partie des lauréats de part son travail de promotion de la scène musicale, d’expliquer la présence des Intamba, des comédiens musicaux ou encore des acteurs des films parmi les nominés. Emportement émotionnel, confusion sur les limites du champ d’actions ou opportunisme de l’organisation? Un peu des trois. Et puis il manque toujours l’essentiel: les moyens financiers pour faire décoller la musique burundaise, et lui donner les droits des ambitions de conquérir d’autres cieux… Commentaire d’un participant: « Les artistes burundais ne doivent pas se satisfaire des petites prouesses locales. Il faut viser l’international, en commençant par la région. Ceci permettra (même) aux entreprises burundaises d’investir dans leur travail ».
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