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Le vermicompost, un moyen d’améliorer la sécurité alimentaire et les revenus des ménages

L’application du vermicompost, une sorte de compost produit en utilisant l’activité biologique des vers de terre ou tout simplement la technologie de Vermicompostage peut beaucoup améliorer la productivité des cultures sur  sols acides et pauvres et …

Cela ressort de la journée porte ouverte dédiée au projet de recherche sur la Valorisation des vers de terre du Burundi et des déchets organiques produits au pays, à travers la technologie de vermicompostage sous le thème « Le vermicompostage pour une agriculture écologique, productive et durable » organisée le 23 février dernier  par l’ENS en partenariat avec l’Université de Ngozi. Ce projet est financé par l’Ambassade des Pays Bas à travers l’IFDC.

Avantages agricoles du vermicompost

Selon Dr Eric Gilbert Kazitsa, expert en biologie des vers de terre et écologie, chercheur et Coordinateur du projet de recherche, présent lors de cette journée porte ouverte, le Vermicompostage présente plusieurs avantages agricoles: « Les travaux de recherche réalisés sur la tomate, utilisée dans le projet comme culture modèle sur le haricot, prouvent que l’application du vermicompost sur sols acides et pauvres des plateaux centraux du Burundi permet une amélioration rapide et persistante de la fertilité de ces sols et de la productivité des cultures. »

Et d’expliquer : « la force du vermicompost réside dans le fait que ce fertilisant améliore d’une manière durable beaucoup de paramètres de fertilité du sol qui limitent le rendement agricole sur ce type de sol. »

Par exemple, poursuit-il, les résultats obtenus montrent que le vermicompost neutralise rapidement l’acidité du sol, augmente sa capacité d’échange cationique, sa teneur en macro- et oligo-nutriments assimilables par les cultures, etc.

Dr Eric Gilbert Kazitsa, expert en biologie des vers de terre et écologie

En outre, précise-t-il, la littérature scientifique disponible montre aussi que le vermicompost stimulerait la production d’hormones de croissance par les cultures, permet une amélioration de la structure et des paramètres biotiques du sol, une résistance au stress et aux pathogènes, etc. 

Le chercheur conclut qu’étant donné que plus de 73% des sols du Burundi sont acides et pauvres, les résultats obtenus prouvent que l’application du vermicompost sur sols acides et pauvres du Burundi peut rapidement booster la production agricole nationale.

Quid des matières potentiellement vermicompostables ?

Par ailleurs, soutient le chercheur, les investigations réalisées ont révélé que différentes matières biodégradables potentiellement vermicompostables sont produites en dizaines voire centaines de milliers de tonnes au Burundi chaque année : « C’est le cas des déchets issus de grands marchés urbains, les déchets des abattoirs urbains, les déchets de la canne à sucre, du palmier à huile et de la banane, le fumier de vache et de porc, la paille et les balles de riz, etc. »

Le chercheur ajoute que les matières intéressantes comprennent aussi les plantes envahissantes avec une importante biomasse telles que Tithonia diversifolia, Eicchonia crassipes et Lantana camara en raison des risques environnementaux que ces plantes incarnent. 

Les vers de terre Burundais, un avantage en vermicompostage

Dr Eric Gilbert Kazitsa indique que l’étude des vers de terre du Burundi a révélé qu’il existe dans différentes régions du pays (Imbo, Mirwa, Bututsi, Kumoso, Buyogoma, Bweru) trois différentes espèces de vers de terre qui peuvent aider à composter les matières ci-haut énumérées. Parmi elles se trouve le ver composteur africain Eudrilus eugenicae très apprécié en vermicompostage.

Dr Kazitsa ajoute que les chercheurs ont réussi à domestiquer et multiplier ces vers de terre (Jusqu’à 80 kg) sur ces matières et à vermicomposter les matières identifiées à petite et moyenne échelles en utilisant ces vers. L’analyse des données sur les paramètres de vermicompostage, la teneur en macro et oligo- nutriments, les analyses toxicologiques et microbiologiques ont montré que l’activité de ces vers de terre permet la production d’un vermicompost de haute qualité agronomique et sain en 3 à 4 mois.

La qualité agronomique des vermicomposts produits à partir des matières identifiées a été confirmée par les résultats des essais agronomiques réalisés sur la tomate et le haricot à l’Universités de Ngozi (UNG) et à l’ENS en 2023, en pots et en champs. Ces essais ont révélé que les vers de terre identifiés produisent un vermicompost qui a les avantages agronomiques ci-haut précisés.

Vulgarisation de la technologie de vermicompostage

Les chercheurs impliqués dans le projet, soutient le Dr Kazitsa, souhaitent que le Gouvernement, les agents privés et la population s’investissent dans la vulgarisation de cette technologie pour booster la production agricole.

Ce chercheur précise que les futures recherches pourraient se pencher sur les possibilités de développer l’agriculture biologique avec le vermicompost issu des matières vermicompostables identifiées, sur la valorisation des sous-produits du vermicompostage, sur les effets du vermicompost, sur la structure et les paramètres biotiques de fertilité du sol et de productivité des cultures (tolérance au stress, expression génétique, etc.) ainsi que sur les effets combinés du vermicompost, du chaulage, des vers de terre et des techniques agricoles.

Il remercie le Ministère en charge de l’agriculture pour les orientations claires données avant l’élaboration du projet, l’Ambassade des Pays bas au Burundi pour avoir financé le projet à travers l’IFDC mais aussi les autorités de l’ENS et de l’UNG pour avoir soutenu ensemble le projet et aux chercheurs (de l’UNG, l’ENS, l’Université du Burundi, l’ISABU, l’Université polytechnique de Gitega) qui ont été impliqués dans le projet pour les efforts investis et la bonne collaboration. Il remercie aussi les étudiants mémorants de l’ENS, l’UNG et l’université du Burundi qui ont été impliqués dans les recherches.

Appréciations de l’UNG et de l’ENS

Abbé Apollinaire Bangayimbaga, Recteur de l’Université de Ngozi se réjouit de ces résultats de recherche dont l’objectif est de booster la production agricole tout en préservant l’environnement. Selon lui, c’est une chose importante du fait que l’ENS a travaillé main dans la main avec l’UNG pour permettre l’aboutissement des recherches. Selon le recteur, les vers de terre et les matières vermicompostables sont désormais des ressources.  Il a demandé à la population de saisir la balle au bond pour rentabiliser les résultats atteints des recherches.

Dr. Ir. Hassan Nusura, Directeur général de l’ENS

Madame Dr. Ir. Hassan Nusura, Directeur général de l’ENS abonde dans le même sens. Elle est ravie du fait que les chercheurs impliqués dans le projet aient pu démontrer la valeur ajoutée de la technique de vermicompostage dans la valorisation du secteur agricole.  Elle remercie les Pays Bas et l’IFDC qui ont soutenu financièrement ces recherches et leur demande de continuer dans le même sens pour contribuer au développement du Burundi via cette technologie et l’éducation y relative.

Micaël Beun, responsable du Projet Gestion Intégrée des sols (PAGRIS) signale que le projet Vermicompostage a été financé par l’ambassade des Pays Bas au Burundi à travers l’IFDC dans le cadre du PAGRIS.  Il a remercié l’UNG, l’ENS et les chercheurs pour le travail abattu.

L’Ambassadeur des Pays Bas au Burundi trouve que l’utilisation du vermicompost est très utile pour le secteur agricole et a affirmé que l’ambassade est prête à accompagner le développement du vermicompostage au Burundi. Il suggère de travailler sur la formation sur le vermicompostage et la vulgarisation de cette technologie à l’endroit des agriculteurs et d’autres acteurs œuvrant dans ce secteur mais aussi le développement de toute la filière pour permettre aux agriculteurs d’accéder facilement aux vermicompost. Il suggère aussi de continuer les recherches sur le développement du vermicompostage dans l’optique d’améliorer la sécurité alimentaire et les revenus des ménages.

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