Du 11 au 16 novembre de chaque année se tient la Semaine mondiale de l’entrepreneuriat. Pour cette 6ème édition, au Burundi, les enjeux de l’économie verte et circulaire étaient au centre des échanges entre différents partenaires au développement.
Au rythme de la croissance démographique et de l’émergence industrielle, le Burundi devient l’émetteur dangereux des déchets, la ville de Bujumbura enregistrant à elle seule une moyenne annuelle de 630 tonnes de déchets, dont seuls les déchets plastiques représentent 51 tonnes. Ce qui implique de graves conséquences sanitaires ou environnementales.
La 6ème édition de la semaine mondiale de l’entrepreneuriat aura été une porte ouverte de discussions sur les nouvelles approches entrepreneuriales avec la notion d’économie verte et circulaire, comme salut de l’environnement.
Organisée par le consortium d’Enabel, BIESO (Burundi Incubator Entrepreneurship Support Organisation), ou encore le UNFPA, sous la tutelle du ministère de la fonction publique, cette semaine avait pour thème ‘‘Économie verte et circulaire, un levier du développement durable’’.
Quelques concepts
Lors d’un atelier organisé du 11 au 14 par l’Enabel sur l’économie verte et circulaire, Claude Croizer, expert environnemental au sein de l’Enabel, définit l’économie verte comme étant une économie qui améliore le bien-être humain et la justice sociale, tout en réduisant les risques environnementaux et les pénuries écologiques. En outre, c’est une économie à faibles émissions de carbone et qui est efficace en termes de ressources et socialement inclusive.
L’économie circulaire (EC), quant à elle, renvoi à l’utilisation des ressources de manière efficace et efficiente. Elle intègre aussi l’amont des chaînes de valeurs et de production (éco-conception, cycle de vie, alternatives, innovations, limite le recours aux énergies fossiles…).
Cela implique qu’on évite la mise en décharge au profit de la réutilisation, pour créer différents types de valeurs ou réduire la perte de valeur/destruction. L’économie circulaire implique également de l’innovation en matière de produits, de processus et de modèles d’entreprise, et peut impliquer de multiples acteurs de la chaîne de valeur et vise à créer des emplois.
Un secteur encore rudimentaire
À cet atelier, les participants issus des pouvoirs publics, les entrepreneurs, les incubateurs et accélérateurs ou encore d’autres organisations ont pointé certaines contraintes au développement de l’économie verte et circulaire telles que des infrastructures énergétiques et de transport inadéquates, un manque de compétences spécialisées pour les opérateurs du secteur, ainsi qu’un cadre légal efficace et adapté aux spécificités de l’économie verte. L’accès au financement reste également très limité, ce qui freine les initiatives émergentes. De plus, la faible notoriété du secteur auprès de l’opinion publique qui engendre la réticence des clients pour certains produits recyclés, freinant ainsi la croissance d’une économie durable.
Cependant, Marie-Louise Kamikazi, directrice exécutive du Réseau des institutions de microfinances (RIM), souligne que le grand défi reste le recouvrement des crédits. Elle explique : « Bien que l’accès au financement soit crucial, il doit être régulé pour garantir le retour des fonds. » Et d’ajouter : « Des initiatives de formation en finance verte sont mises en place pour aider les institutions à évaluer des projets durables s’inscrivant dans l’économie verte et circulaire. »
Mme Kamikazi annonce également le développement de produits verts avec des conditions d’accès plus motivantes, mais déplore le taux directeur élevé à 12 %, freinant davantage l’accès au crédit.
Toutes les parties prenantes interpellées
Les participants à l’atelier trouvent que la dynamisation de l’économie verte et circulaire implique essentiellement de partir des centres de formation professionnelle. En effet, il est nécessaire de renouveler les curricula et de former les formateurs sur les enjeux environnementaux, tout en intégrant les notions d’économie verte et circulaire dans les plans d’hygiène et de sécurité environnementale. De plus, les centres devraient activement rechercher des partenaires « verts » pour l’accueil des stagiaires. Enfin, il est crucial de dynamiser les Unités d’appui pédagogique et de production en les orientant vers l’économie circulaire.
Concernant les entreprises, il est recommandé de créer une plateforme d’échange d’expériences et de plaidoyer pour renforcer leur engagement envers l’économie circulaire. Cela inclut l’adoption de modes de production plus écologiques. De plus, ces entreprises devraient offrir des stages professionnels aux jeunes, leur permettant ainsi d’apprendre les bonnes pratiques de l’économie circulaire. Enfin, des activités promotionnelles devraient être mises en place comme un moyen de faire connaître les produits verts.
Viser l’international
A ce sujet, Kathia Gretta Iradukunda, fondatrice de ‘‘Hyacinthe Art House’’, une entreprise de transformation de la jacinthe d’eau en objets d’art et de décoration, appelle à l’accompagnement des jeunes pour trouver l’équilibre entre la protection de l’environnement et le modèle d’affaires, ce qui peut relever également avec la qualité des produits de manière à les adapter aux standards régionaux, voire internationaux.
Quant à Salomon Nsabimana, enseignant à l’université du Burundi à la faculté des sciences économiques et gestion, les partenaires stratégiques, et surtout l’État, doivent agir pour développer une plateforme qui permet de savoir toutes les statistiques relatives à l’économie verte et circulaire : « C’est à travers ces dernières qu’on peut se vendre ou être vendu par la communauté des chercheurs. »