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Rencontre avec un jeune prodige au pinceau (sur)réaliste, finaliste à l’ETSA de Gitega

Du haut de ces 21 ans, ses dessins au stylo sont d’un réalisme bluffant. Depuis quelques temps, ils ont conquis les internautes burundais. Au-delà de l’image qu’on a de lui sur Facebook, qui est vraiment Daniel Kibamba ?

Un croquis du jeune Daniel

ETSA. École Technique Secondaire d’Art de Gitega. Les élèves passent les derniers examens de l’année scolaire, et dehors, une équipe de trois journalistes débarque. Ils viennent de faire une centaine de kilomètres avec comme mission, rencontrer le jeune qui est en train de conquérir Facebook par ses dessins ultra-réalistes.
En attendant que les élèves sortent, les reporters ont le loisir de discuter avec le directeur d’internat de cette école qui a émoulu la crème de la crème des artistes burundais. « Vous savez, moi je n’ai rien d’un artiste, confesse Rénovat Kabahizi. Mais j’ai l’œil. Ce petit-là, il est bourré de talent». Le petit en question, Daniel Kibamba, arrive sur ces faits et se dirige vers les journalistes. Avait-il déjà deviné qu’ils ne venaient que pour lui ?

La force de la familia

Kibamba est un nom connu dans la capitale Bujumbura. Il est porté par des chanteurs et des producteurs de musique reconnus, sa famille. Le jeune Daniel a baigné dans l’art depuis tout jeune. Dégourdi de la main, il a commencé à gribouiller des dessins très jeune, et il fut encouragé en cela par ses frères et sœurs, sans oublier ses parents. « On est une fratrie de 12 enfants, et quand on est boosté pour tout ce monde, on prend rapidement confiance en soi », reconnaît le jeune dessinateur.

Pourtant, au début, il rencontre des problèmes, comme à l’école primaire. Ses instituteurs le punissent souvent car pour eux, « dessiner est futile, ça ne sert à rien dans la vie.» Cette rengaine lui est servie pendant six ans, mais le jeune Kibamba ne se décourage pas. Ce n’est qu’au secondaire que la pression diminue. Il commence à être reconnu. Les filles lui courent derrière. « Une des raisons qui fait que je n’ai jamais de copine. Je m’imagine que c’est toujours intéressé, qu’elles viennent par profit », souligne l’espiègle Daniel.

Malheureusement, à la fin du premier cycle du secondaire (dit inférieur), le jeune surdoué est orienté dans la section « Lettres », même après avoir exprimé son souhait de fréquenter une école d’art. Son père s’investit avec acharnement pour lui trouver cette école : il est plus décidé que son fils à le voir devenir artiste diplômé. Après moult tractations, le jeune Kibamba finit par avoir une place à l’ETSA Gitega.

Home sweet home

À l’école technique secondaire d’art de Gitega, le jeune artiste est comme un poisson dans l’eau. Après trois ans à fréquenter cet établissement (il est finaliste), il se sent aujourd’hui comme un artiste complet, avec une spécialisation, le dessin au stylo. Justement, ses dessins à l’encre rencontrent beaucoup de succès, spécialement sur la toile. Après avoir d’abord dessiné des membres de sa famille, il a commencé à reproduire les photos des personnalités (Miss Burundi 2016, le prince Louis Rwagasore, le chanteur Diamond) pour un résultat bluffant.

Le rêve pour ce jeune dessinateur est de pouvoir continuer sa spécialisation dans un Institut supérieur (qui n’existe malheureusement pas au Burundi) et de pouvoir plus tard vivre pleinement de son art. On ne lui souhaite que bonne chance.

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