L’agriculture est une activité risquée notamment par la perte des cultures, la volatilité des prix, les ravageurs, etc. De multiples risques entravent cette filière qui constitue le principal moyen de subsistance pour une grande partie de la population burundaise.
Lors d’un atelier de renforcement de capacités sur la Gestion des Risques Agricoles (GRA) organisé par la Plateforme pour la Gestion des Risques Agricoles (PARM) ce 20 octobre 2023 à l’hôtel Kiriri Garden, au profit des projets et bénéficiaires du FIDA, les participants intervenant dans le secteur agricole ont suivi des exposés des experts et ont échangé des expériences sur la GRA.
Mieux comprendre la GRA pour mieux prévenir et transformer les risques en opportunités
Selon Francesca Nugnes, spécialiste de renforcement des capacités à la PARM, « les risques et les rendements plus élevés peuvent être les moteurs de l’entrepreneuriat et de l’innovation ».
D’où, la nécessité de faire de la gestion des risques agricoles un impératif.
Toujours d’après cette spécialiste, « la gestion des risques agricoles est le processus qui permet de faire face aux risques. Elle suppose d’anticiper les problèmes potentiels et de prévoir les solutions à y apporter, de façon à en réduire les conséquences négatives. L’évaluation des risques, l’identification des outils de gestion des risques à mettre en place, le suivi et l’évaluation de l’efficacité des outils et de la stratégie mise en place sont les principaux éléments de la GRA ».

Autrement dit, c’est une démarche innovante visant à améliorer la résilience des ménages ruraux vulnérables et à démultiplier des financements et investissements. Elle offre aux agriculteurs et aux entreprises la possibilité d’agir par anticipation en renforçant leur capacité d’évaluation des risques, afin qu’ils puissent s’y préparer, les absorber et s’y adapter.
A côté des agriculteurs et des petites entreprises, les organisations paysannes, les ONG, les fournisseurs d’intrants, les transformateurs prestataires de services financiers, les gouvernements et les organisations internationales sont aussi impliqués dans la GRA. Les agriculteurs doivent anticiper, évaluer et élaborer des plans ; les gouvernements doivent créer un environnement propice et le secteur privé peut aider à élaborer et à trouver des solutions.
Les risques pesant sur les agriculteurs et sur tous les acteurs de la filière sont divers et variés, et propres au pays, au climat et aux systèmes de production agricole locaux. Les plus fréquents sont les risques de production (naturels, climatiques, environnementaux), les risques de marché et financiers (liés aux prix, à l’accès aux crédits) et risques institutionnels (politiques, les infrastructures, etc.).
Dans le domaine de la pisciculture au Burundi, Pascal-Firmin Ndimira, Agent de Liaison de la PARM,
a fait savoir que « les risques auxquels font face les pisciculteurs sont notamment la fluctuation des prix des intrants, les vols, le manque d’un statut légal, etc. »
L’information, un élément clé dans l’évaluation des risques agricoles

Pour évaluer les risques et prévoir les mesures à adopter pour les gérer, les agriculteurs doivent être informés: « Les informations sont essentielles à la réussite de toute activité de la filière.Elles peuvent être plus ou moins précises, accessibles ou coûteuses en fonction des risques, des sources et des caractéristiques des agriculteurs », a fait savoir Francesca Nugnes.
Les informations peuvent porter sur la production (récoltes), le climat et la météorologie (précipitations, températures), les intrants (semences, engrais), les prix (des cultures sur différents marchés, des intrants), les ravageurs et maladies (épidémies), l’accès au crédit (taux d’intérêt actuel pour les emprunts), etc.
Pour mieux gérer les risques agricoles, il y a nécessité d’élaborer une stratégie de gestion des risques qui implique toutes les parties prenantes concernées à travers une approche intégrée, et avoir de bonnes informations », a-t-elle ajouté.
Un risque peut être évalué en déterminant les éléments de fréquence (nombre de fois où un phénomène ou un danger survient) et de gravité qui renvoie à l’ampleur des pertes associées à la survenue d’un phénomène ou d’un danger.
Selon la même experte, « il n’est pas facile d’évaluer la fréquence et la gravité d’un risque. Les agriculteurs ainsi que les autres acteurs de la filière ont parfois besoin d’une aide extérieure pour comprendre comment les risques agricoles peuvent toucher leur entreprise ou leurs activités ».
Quid des outils de gestion des risques ?
Pour trouver des solutions de gestion des risques agricoles, il faut premièrement maîtriser le cycle de gestion des risques qui procède par l’identification, la mise en place des outils de gestion et le processus de suivi et évaluation.
Les mesures à prendre dans la gestion des risques agricoles sont propres à chaque acteur : l’atténuation des risques chez l’agriculteur et les ménages, le transfert des risques pour les marchés et la communauté ainsi que l’adaptation aux risques pour le gouvernement et les organisations internationales.
Selon les participants à cet atelier d’échanges, la gestion des risques agricoles devrait être intégrée dans les modules de formation des universités, les cadres et associations intervenant dans le secteur agricole impliqués pour sa réussite.
Lancée en 2013, la Plateforme pour la Gestion des Risques Agricoles est une initiative du G20, hébergée auprès du FIDA et financée par l’AFD, l’UE, la Coopération Italienne et le FIDA.
