Alors que l’année 2024 aura été marquée par de nombreuses catastrophes naturelles et au moment où l’actuelle saison pluvieuse s’annonce impétueuse, d’aucuns se demandent ce qui est fait pour ne pas revivre les mêmes maux. La Plateforme de prévention et de réduction des risques et catastrophes « tranquillise »
Deuils, déménagements, licenciement des travailleurs,… C’est le bilan des revers qu’ont connus certaines régions du pays au cours de l’année 2024. Depuis septembre 2023 jusqu’au mois d’avril 2024, des pluies dévastatrices ont provoqué des inondations, des glissements de terrain qui ont touché plus de 200 000 personnes, d’après les chiffres du Ministère de l’Intérieur.
Outre la fameuse montée du niveau du lac Tanganyika qui a touché bien d’infrastructures riveraines, les crues de la rivière Rusizi ont laissé une cicatrice au cœur des milliers des populations de la zone Gatumba, dont une part importante a été déplacée. L’on notera également les glissements de terrains qui ont englouti les maisons et les propriétés de plus de 496 ménages de la colline Gabaniro en commune Muhuta de la province Rumonge, pour ne pas tout lister.
D’après la Plateforme de prévention des risques et catastrophes, depuis le mois de septembre 2023 jusqu’au mois de juin 2024, le Burundi a enregistré 249 catastrophes naturelles qui se sont produites sous diverses formes.
Catastrophe | Chiffre |
Familles affectées | 60.404 |
Personnes touchées | 289222 |
Maisons inondées | 13335 |
Maisons partiellement détruites. | 5011 |
Ménages déplacés | 9712 |
Ménages déplacés suite au glissement de terrain | 3984 |
Selon toujours cette institution, le Burundi enregistre annuellement une perte de 98 millions de $ par an, suite aux aléas climatiques, dont la mairie de Bujumbura représente le tiers à elle seule, soit 33 millions de $.
Une vie bouleversée
Les dernières catastrophes ont laissé des populations nombreuses dans une vie précaire. À l’exemple des victimes de Gatumba, des milliers de personnes sont déplacées vers la colline de Mubimbi dans le camp de Gisagara. D’après les témoignages de ces déplacés internes, les conditions de vie sont loin d’être favorables sur tous les plans. En effet, ce site qui devait accueillir 545 ménages regorge actuellement de 1.025 ménages, créant ainsi une forte densité, d’où l’exiguïté des logements. « Avec les 4 enfants que j’ai ici, nous sommes obligés de nous allonger dans une case constituée par une seule chambrette. Imaginez si j’avais un époux », confie une veuve et mère de 6 enfants rencontrée sur le site de Gisagara.
D’après Muzinga Abdoul Kalim, chef de site, les conditions de logements constituent la première épreuve : « Vraiment, nous n’avons pas sur quoi dormir, et les tentes qui couvrent nos abris sont les premières victimes des souffles de vents. »
Quant aux victimes des glissements de terrains de la colline Gabaniro, commune Muhuta de la province Rumonge, ils sont amenés à être des locataires (pour ceux qui ont des moyens), d’autres ont dû demander hospitalité auprès des collines intactes ou, avec leurs hôtes, ils vivent dans des conditions inadéquates.
Déjà, un plan de convergence…
Lors de l’atelier de capitalisation des acquis du projet intitulé : « Réponse d’urgence pour faire face aux besoins de la population touchée par les inondations au Burundi » mis en œuvre par l’IRC (International Rescue Comitee) à Rumonge, le 7 octobre 2024, Anicet Nibaruta, Directeur Général de la plateforme de prévention des risques et catastrophes, est revenu sur certains efforts du Gouvernement: « Nous sommes dans la perspective de délocalisation définitive de ces victimes, et nos interventions pour le moment doivent s’aligner dans cette voie, pour ne pas rester toujours concentré sur la réhabilitation de ce qui n’est pas durable ». De ce fait, poursuit-il, il est prévu la modernisation de ce site quitte à en faire un centre urbain, avec un hôpital, des écoles, de l’eau potable, un marché, etc.
L’excédent des ménages sur les prévisions initiales de lotissement sera bientôt déployé au site de Gateri en commune Buganda de la province Cibitoke qui est en cours d’aménagement. Il fait savoir que l’OBUHA a déjà aménagé une route qui mène vers ce lieu où 816 maisons seront construites.
D’après toujours le DG de la plateforme, ces activités rentrent dans ce qu’on appelle le Plan de convergence signéen août 2024 par le Ministre de l’intérieur, qui sert de feuille de route au gouvernement et à des partenaires inclus dans les Nations unies. Et d’appeler tout le monde intervenants gouvernementaux que privés d’en tenir compte.
Pourtant, le Burundi se trouve toujours dépourvu d’un système d’alerte précoce pour permettre à la population d’échapper à certaines calamités. Cependant, il a fait savoir que le projet de création d’un centre national de réduction des risques et catastrophes naturelles à travers le système d’alerte précoce avait été lancé en février 2024, à Gitega.
Où en est-on ?
Pour opérationnaliser ce centre, M. Nibaruta fait remarquer : « Via le ministère des Affaires étrangères, le gouvernement du Burundi a demandé à son homologue malgache de lui envoyer les experts dans le domaine d’alerte précoce. » Car cette île, souvent victime de sa position dans l’Océan Indien, est bien avancée en matière d’alerte précoce.
Le Gnl de Brigade Nibaruta fait savoir que la création de ce centre est si coûteuse que l’État burundais ne peut le réaliser lui-même, et qu’il requiert une aide : « Il y a le sommet mondial qui se passera en novembre à Azerbaïdjan. Nous y apporterons notre feuille de route pour la mise en place du centre national de réduction des risques et catastrophes naturelles à travers le système d’alerte précoce, qui est à hauteur de 22.000.000 $. »
À travers ce centre, la presse, surtout les médias communautaires, sera appuyée pour fournir les informations météorologiques en temps réel, afin de permettre à la population de se préparer en conséquence. En outre, les victimes telles que les personnes déplacées internes seront assistées, ce qui implique la connaissance exacte des pertes dues aux catastrophes.
Pour ce faire, le Gnl de Brigade Nibaruta informe que l’INSBU, avec l’appui du PNUD, est en train de faire des études d’impact socio-économique des dernières catastrophes naturelles. C’est cette étude qui va justifier la demande d’aide, mais aussi qui pourra éclairer certaines politiques gouvernementales.
Signalons que le Burundi est classé parmi les 20 pays les plus vulnérables aux changements climatiques au monde. Cela lui confère la légitimité de recourir à une solidarité internationale, à l’instar du fonds vert pour le climat et Loss and Damage Fund.