Durant cette période de sécheresse, de nombreux quartiers à Bujumbura subissent une grave pénurie en eau. Quelques résidents soutiennent que l’eau n’est accessible qu’une fois par semaine, ou même pas du tout… Le point.
À Busoro, zone Kanyosha (sud de Bujumbura), les habitants affirment dépendre de l’eau achetée quotidiennement. Un bidon de 20 litres coûte entre 1 000 et 1 500 BIF. Cette situation est intenable, se plaignent-ils, au vu de leur pouvoir d’achat très limité. Ils demandent à la Regideso d’agir en toute urgence.
Au nord de la ville, la situation quant à l’approvisionnement en eau par la Regideso est la même. « Depuis presque un mois, l’eau nous parvient une fois la semaine de minuit à 3h du matin avec un faible débit », raconte G.H., un habitant de la zone Kamenge. Il dit être obligé de débourser au moins 10 000 BIF chaque jour pour acheter de l’eau afin de répondre aux besoins de sa famille en termes de cuisson et autres usages.
Face à cette pénurie d’eau, des voix s’élèvent pour alerter sur les risques sanitaires liés au manque d’hygiène : « Non seulement cette situation influe sur la productivité des ménages car les gens passent des journées entières à la recherche de l’eau au lieu de travailler, mais elle risque d’exposer les habitants de la capitale aux maladies liées au manque d’hygiène. »
Pénurie de l’eau, source de maladie
Même son de cloche chez Pierre Nduwayo, président de l’association burundaise des consommateurs (ABUCO) pour qui la pénurie d’eau potable est un frein au développement socio-économique aussi bien des ménages, des entreprises que du pays en général : « Dans les grandes agglomérations, l’absence de l’eau se traduit par les maladies qualifiées des mains sales, très contagieuses, qui nécessitent la mobilisation de ressources de l’Etat très importantes au moment où les populations affectées deviennent improductives. Cette pénurie freine également le développement des villes secondaires.»
Et de demander au gouvernement de tout mettre en œuvre pour assurer à la population l’accès à l’eau potable et prévenir les maladies découlant de l’absence de l’eau qui impacte négativement tous les secteurs.
Un problème lié à la guerre en occident et au proche orient

Contacté, Jean Albert Manigomba, directeur de la Regideso, rejette la faute sur les conflits en cours entre Arabes et Israéliens, ainsi qu’entre la Russie et l’Ukraine. A cause de ces guerres, explique-t-il, le transport maritime n’est plus fonctionnel, ce qui engendre le retard de livraison des commandes en matériaux comme des tuyaux, etc : « Nous sommes en train de creuser un canal qui transportera l’eau de Sagara vers des quartiers périphériques comme Gihosha et Winterekwa. Mais les tuyaux ne sont pas fabriqués au Burundi. Leur importation a été retardée de 6 mois à cause des deux conflits cités. »
De nouvelles sources bientôt disponibles
A la question de la distribution proprement dite, Albert Manigomba rappelle que l’eau distribuée provient à 95% du lac Tanganyika. Mais comme la ville s’est agrandie, explique-t-il, cette eau ne suffit plus pour tout le monde : « Ces quatre dernières années, la Regideso a continué à se battre pour résoudre ce problème, et elle a déjà atteint certaines sources. On peut citer par exemple les sources de Matyazo, celle provenant de Rugazi ou encore celle de Mutambu. »
Et de citer une autre source en cours de captation qui devrait arriver bientôt : « Il s’agit de la source de Sagara, que nous espérons voir opérationnelle d’ici un mois. Il y a aussi une autre source appelée Gomvyi, elle aussi venant de Mutambu, qui sera disponible dans environ trois mois. » En attendant, souligne-t-il, la Regideso est en train de forer des puits souterrains (forages). Jusqu’ici, six puits ont déjà été forés pour avoir de l’eau potable. Et de conclure en appelant les Burundais à garder espoir car la Regideso fait tout ce qui est possible pour que l’eau soit disponible en abondance.




