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Musique burundaise moderne: tout part du Grand Séminaire de Burasira

C’est entre 1950 et 1960 que le Burundi verra naître ses premiers musiciens. Deux précurseurs, comme nous le raconte Mgr Justin Baransananikiye, derrière ce mouvement: Marc Barengayabo et Jean Baptiste Ntahokaja.

Dans son livre, «De l’Inanga à la guitare classique », Mgr Justin Baransananikiye, attribue le crédit de l’évolution de la musique burundaise de l’oral vers les règles d’art musical modernes aux lauréats du Petit séminaire de Mugera. A peine admis au Grand séminaire de Burasira, ils commencent à composer des chants « animés de grands sentiments de patriotisme mêlés de nationalisme militant, au moment où le royaume du Burundi allait prendre place dans le concert des nations ».

C’est d’eux que l’on doit le premier recueil de chants burundais, « Umurya w’i Burundi », publié par l’archevêché catholique de Gitega. Marc Barengayabo et Jean Baptiste Ntahokaja seront aussi à l’origine de l’hymne national « Burundi Bwacu » : Ntahokaja pilotant l’équipe à l’origine du texte, et Barengeyabo, le compositeur.
Encore faut-il noter que ce dernier avait tapé dans l’œil du premier ministre André Muhirwa alors qu’il était encore jeune séminariste a Mugera en performant « Mirire », lors du sacre d’André Makarakiza, 2ème évêque catholique de nationalité burundaise.

Naissance d’une nouvelle génération d’auteurs burundais

Au début des années 1960, les Burundais, encore dans l’ivresse de l’indépendance, scandent allègrement les musiques étrangères, rappelle l’auteur Mgr Baransananikiye, auteur également de « De l’Inanga à la guitare classique ». Les titres vont du mythique « Indépendance tcha, tcha tozui », au le twist kényan avec des titres devenus légendaires comme « Nilikutana na mulofa mmoja », particulièrement adulé par le roi Mwambutsa Bangiricenge.

A cette époque, la ville de Bujumbura est dominée par des non-Burundais: les Grecs monopolisent l’hôtellerie, et les Arabes le commerce. Lors des bals qu’ils organisent, les jeunes burundais commencent à apprendre à chanter et à jouer des instruments de musique en interprétant les morceaux des Beatles et des Rolling stones, en vogue ces temps-là.

A partir des années 70, on va alors assister à la naissance timide de certaines figures de la musique burundaises : « « Murondo uri mu bigero » et « Burundi ufise akaranga », les œuvres de Pancrace Shungura en collaboration avec le compositeur Michel Ndenzako, cartonneront un bon temps ».

Premiers enregistrements musicaux

C’est à Buyenzi, situé dans les fonds baptismaux, sous la houlette des Katangais qui fuyaient la guerre de sécession de 1963, où naquirent les premières vraies maisons musicales de Bujumbura en l’occurrence Vox Burundi (qui arrangera «Kayengayenge k’umugore »), Shani Musical Club et Jasmin dominées par des musulmans. La plupart des musiques produites sont de provenance zanzibarite, le « Taraab ».

En outre, c’est à cette même période que Mgr Justin Baransananikiye situe l’apogée de la vedette de l’umuduli sous les doigts du « troubadour » Emmanuel Nkeshimana. Une anecdote : « Il eut l’opportunité d’être musicien au palais présidentiel. Mais se jugeant indigne d’un si grand honneur, il déclina l’offre et continua son œuvre depuis son Kumoso natal. »
Ses œuvres comme « Inanga ya maconco », « Ababiligi mu kuza » ou encore « Umugore Inamihungo », restent toujours d’une richesse lyrique et historique inouïe.

Et en 1973, lorsque fut lancée la première compétition musicale au Burundi initiée par Antoine Ntamikevyo et Italo Caroli, animateurs à la Voix de la Révolution (l’actuelle RTNB), le « Pirogue d’or de la chanson » primera le jeune Ngabo Léonce avec son titre « Sagamba Burundi ».
Celui-ci sera d’ailleurs parmi les premiers à exporter la musique burundaise, notamment en se faisant enregistrer au Kenya, dans le studio Polydor.
Plus tard d’autres stars vont éclore de ce prix comme Augustin Ndirabika qui lancera le groupe musical Akezamutima avec le chanteur Kirundo Gerard et le guitariste Adolphe Bigirimana.

Ngabo Léonce va alors chanter avec ce groupe « Mutima uruta umutumba, Karire k’inyana ». Cette collaboration donnera naissance à l’orchestre national, le sujet de notre prochaine édition.

A suivre …

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