Le Burundi enregistre des avancées en matière de protection des droits de l’enfant: des dossiers en justice ayant une couleur distinctive pour souligner leur urgence, la création des centres de rééducation des prisonniers mineurs, etc. Même si les défis persistent: environ 400 mineurs restent incarcérés, 40 nourrissons avec leurs mères sont dans les prisons, alors que 5 ménages sur 7 emploient des mineurs….
Ces chiffres ont été dévoilés hier matin par David Ninganza de la SOJEPAE. alors que l’ABR (Agence Burundaise des Radiodiffuseurs) accueillait les intervenants dans la promotion du droit de l’enfant, pour un atelier de validation des messages à diffuser lors d’un feuilleton radiophonique financé par l’Ambassade de France au Burundi: «L’atelier a pour objectif de sensibiliser sur le contenu de la Convention relative aux droits de l’enfant, un traité international adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989. L’espoir est qu’avec la contribution de tout le monde, nous puissions dresser une image objective de la situation du droit de l’enfant au Burundi», explique Thadée Nzigamasabo, secrétaire exécutif de l’ABR.
Et Me Albert Arakaza, consultant et conférencier, de préciser: «Le feuilleton est l’approche idéale pour sensibiliser une population dont la tradition orale est le point fort. Il éduquera, éveillera les consciences et portera loin la voix de ceux qui se battent pour une meilleure enfance au Burundi ».
Un pas fort louable déjà franchi
«La mise en place d’un cadre juridique spécifique pour les mineurs a été un bond de géant dans le combat pour la promotion des droits de l’enfant, en plus des centres de rééducation créés à Rumonge et Ruyigi pour les garçons, et Ngozi pour les filles», s’est réjoui le conférencier.
La SOJEPAE se félicite en outre de la bonne collaboration entre les organisations prônant le droit de l’enfant avec l’administration juridique et pénitentiaire: «Il y a une complémentarité entre les acteurs dans les secteurs de la justice, les associations, les autorités pénitentiaires. Tous ces intervenants dans le domaine des droits de l’enfant se réunissent deux fois le mois sous l’égide du ministère en charge des Droits de la personne humaine».
Un feuilleton de neuf mois pour quel impact ?
Pour un objectif de sensibilisation et de conscientisation sur la protection des droits de l’enfant, ce feuilleton radiophonique de 36 épisodes est prévu s’étendre sur 9 mois, une période jugée insuffisante par les participants à l’atelier: «Malgré le pas déjà franchi, arriver à un point satisfaisant exigera du temps. Certaines dispositions restent lacunaires. Aujourd’hui, la police des mineurs œuvre uniquement à Bujumbura (et collabore à l’intérieur avec des points focaux qui ne sont même pas régis par cette police), nous avons des dispositions dans la loi sur la succession qui ne protègent pas l’enfant naturel, et surtout nous avons une société qui ignore en majorité ce qui a trait à la loi des enfants, etc. », rappellera David Ninganza.
???? Le 16 juin de chaque année, c'est la Journée de l'enfant africain.
Au #Burundi, un rappel: des milliers d'enfants vivent comme des travailleurs (19.031 cas dans les seules villes de Bujumbura, Gitega, Ngozi et Rumonge), au lieu d'aller à l’école https://t.co/ZnB8f3lV4W pic.twitter.com/J43BiCPWlX— Jimbere (@JimbereMag) June 16, 2019
Au sein de l’ABR, on souligne que « les limites budgétaires ont déterminé le temps imparti au projet. Les actions prévues n’auront pas toutes été retenues. Mais nous comptons sur son évaluation pour influencer la suite du projet ».
Et Jaques Kabura, coordinateur des activités du Forum de jeunes à Gitega de rester optimiste: « J’espère que l’impact du feuilleton sera palpable et que la Coopération Française nous accordera plus de temps afin de mener à bout le projet. Sinon, nous comptons sur le Gouvernement du Burundi de se l’approprier ».