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Le « mbabula » de Ndirakobuca: économe, écologique, ingénieux

A seulement 26 ans, Jean-Marie Ndirakobuca peut être considéré comme le jeune entrepreneur nomade le plus aguerri du Burundi. La raison des multiples voyages qui le mènent aux quatre coins du pays: sur commande, fabriquer et installer des brasiers qui utilisent du charbon à base de coques des noix de palmier à l’huile. Une parade pour les ménages à faibles revenus…

La grande disponibilité des coques de noix de palmier dans les provinces de Rumonge, Makamba et Bujumbura, a attiré la curiosité de Ndirakobuca, qui aura déniché une opportunité d’affaires. Aujourd’hui, le jeune entrepreneur originaire de Bubanza compte 7 ans dans le métier : « J’ai arrêté l’école en 9ème année. Ensuite je suis parti au Congo. Là-bas, je me suis inscrit dans un centre des métiers… C’est là où j’ai conçu ce projet de traitement de déchets agro-industriels. »

Charbon et brasier, les deux ingrédients magiques

Le jeune débrouillard explique comment il procède pour la préparation du charbon: « Des 100 kg de coques de noix de palmier à l’huile que j’achète à 3.000 Fbu, après les avoir brûlés, j’en tire 20 kg de charbon. Si j’estime les bénéfices, un sac de charbon que je vends à 30.000 Fbu me coûte entre 15.000 et 20.000 Fbu avec l’achat de la matière première, les employés et le transport, etc. ».

Pour le soudage du brasier: « Normalement, je travaille sur commande. J’ai engagé un ami qui m’appuie dans le soudage et l’installation des brasiers pouvant être branchés sur une source d’énergie (batterie d’un téléphone mobile, chargeur solaire ou directement sur le courant électrique). Selon la taille du brasier, son prix est fixé entre 15.000 et 80.000 Fbu ».

Et comment fonctionne-t-elle donc, la combinaison ? « Il suffit de brancher le brasier sur une source d’énergie pour voir un mécanisme de ventilateur se déclencher en produisant un feu ardent … Et c’est comme-ci vous chargiez la batterie de votre téléphone portable, la consommation d’énergie y est trop faible. L’autre avantage : le temps de la cuisson est sensiblement réduit car le ventilateur maintient le brasier sur haute température. S’il est bien utilisé, le sac de charbon de 30.000 Fbu dure 6 ou 7 mois. »

Des moyens pour vulgariser les connaissances

A long terme, le jeune entrepreneur a pour objectif de lancer une entreprise pour encadrer et former d’autres jeunes au métier : « Dans ce sens, je suis en discussion avec certaines organisations qui veulent appuyer mon travail. ». Une initiative écologique ambitieuse proposant des alternatives à l’utilisation du charbon de bois qui vient s’ajouter à celles d’autres jeunes entrepreneurs burundais.
On peut citer par exemple Leila Kateferi qui propose l’utilisation des balles de riz comme combustible, ou Kaze Delphin, avec du charbon écologique à base d’épis de maïs.

Pour rappel, l’usage du charbon de bois au Burundi reste inquiétant : pour obtenir 1 kg de charbon de bois, il faut 10 kg de bois. Trois chercheurs burundais qui se sont penchés sur la question ont trouvé qu’à elle seule, la population urbaine consomme plus de 100.000 tonnes de charbon par an, alimentant une déforestation massive.
À ce rythme, l’étude a alerté : le couvert forestier du Burundi, estimé à 171.625 ha, pourrait disparaître d’ici 25 à 33 ans.

Dans le cadre du projet « Tuyage » financé par l’USAID, le Magazine Jimbere s’associe avec Search For Common Ground au Burundi (partenaire de mise en œuvre du projet) dans la production d’une série d’articles économiques.

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