Nouer des relations de partenariats économiques win-win avec les entreprises marocaines pour développer conjointement les secteurs touristique, agricole, énergétique, des mines et des infrastructures dotés d’un fort potentiel au Burundi; trouver des débouchés pour les produits burundais notamment le thé, le café, le riz, les fruits exotiques et les produits artisanaux et artistiques… Le Chargé d’Affaires de l’Ambassade du Royaume du Maroc au Burundi, Abdelouahhab Makhtari, s’est entretenu avec le Magazine Jimbere sur l’organisation de la Semaine de promotion économique du Burundi au Maroc tenue à Rabat du 20 au 24 mai 2024.
Comment décrivez-vous les relations bilatérales entre le Maroc et le Burundi ?
Tout d’abord je vous remercie pour l’intérêt que vous accordez aux relations entre le Royaume du Maroc et la République du Burundi, un pays ami et frère, qui entretient d’excellentes relations sur les plans politique, diplomatique et économique avec le Maroc. Nos gouvernements respectifs se sont engagés pleinement pour le renforcement de la coopération bilatérale, tous secteurs confondus, dans la perspective de créer une interconnexion étroite et forte permettant la consolidation de ces relations pour le bien de nos peuples frères. Le Burundi a déjà ouvert un Consulat Général dans la province de Laayoune, au sud du Maroc, ce qui confirme son engagement du Burundi pour défendre l’intégrité territoriale du Maroc et la marocanité de notre Sahara.
Dans quel contexte s’inscrit la Semaine de promotion économique maroco-Burundaise ?
Cette semaine intervient dans un contexte plus vaste: il ne s’agit pas d’un événement isolé, mais plutôt d’une étape clé dans la « Feuille de route de coopération établie pour la période 2021-2024 », initiée entre le Royaume du Maroc en concertation avec la République du Burundi. Cette initiative s’inscrit ainsi dans un programme global visant principalement le renforcement des relations économiques entre nos deux pays. Et en complément de la Business Week tenue à Rabat, d’autres activités de promotion économique seront programmées pour encourager le développement des partenariats d’affaires mutuellement bénéfiques entre les entrepreneurs burundais et marocains.
Quel est l’objectif principal de cette semaine ?
Comme vous le savez, le Maroc est le deuxième investisseur africain en Afrique, c’est un leader dans les domaines bancaires, des assurances, des télécommunications, des infrastructures et des énergies renouvelables. Dans cet arsenal, l’Ambassade du Royaume du Maroc au Burundi et la Chambre Fédérale du Commerce et de l’Industrie du Burundi (CFCI) se sont convenus de la création d’une Chambre de commerce commune entre les opérateurs économiques des deux pays, afin de saisir les opportunités d’investissement offertes par nos deux pays respectifs.
Concrètement, qu’ont atteint les délégués burundais et leurs hôtes durant cette semaine ?
Au cours de cette semaine de promotion, le président de la Chambre de Commerce du Burundi et le Président de l’Agence de Développement du Burundi, ont rencontré les responsables relevant de l’Agence Marocaine de Coopération Internationale (AMCI), de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), du Casablanca Finance City (CFC) et l’Agence Marocaine de Développement des Investissements et des Exportations (AMDIE) et de l’OCP pour s’enquérir de l’état actuel du climat des affaires dans les deux pays et travailler d’une manière à faciliter les missions de prospection d’affaires dans la perspective de la création des sociétés privées ou mixtes, dans le cadre des Joint Venture Internationale (JVI), ou encore étudier les possibilités d’une implantation directe sous forme d’une « green-field« . De plus, ils ont eu l’opportunité de découvrir la Finance City, la plus grande place financière connectée en Afrique, et ont échangé avec les dirigeants des banques commerciales et d’entreprises intéressées par les opportunités d’investissement au Burundi. Cet événement a par ailleurs permis aux délégués burundais de se familiariser avec les différentes instances régulatrices des affaires économiques au Maroc, en l’occurrence l’AMDIE et la CGEM. Ils ont ainsi pu se renseigner sur des aspects cruciaux tels que la sécurité foncière, les mesures incitatives à l’investissement, les avantages fiscaux, la qualification de la main d’œuvre, la stabilité financière, la régulation du marché monétaire et financier, les chaînes logistiques, les incubateurs financiers et d’autres…, bref une vue d’ensemble sur le climat des affaires et d’investissement au Maroc.
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Quels secteurs peuvent intéresser les investisseurs marocains au Burundi ?
Le Maroc se distingue par sa compétitivité dans divers secteurs, notamment le tourisme et dans ce sens, les entreprises marocaines spécialisées pourraient venir exploiter les sites touristiques burundais, tels que le lac Tanganyika, une véritable richesse économique du Burundi et les autres sites historiques et naturels qui offrent des vues panoramiques et qui méritent d’être valorisés et exploités sur le plan touristique. Elles pourraient également établir des partenariats et conclure des contrats avec des entreprises touristiques locales au Burundi pour développer conjointement ce secteur prometteur. Les investisseurs marocains pourraient également profiter des occasions offertes dans les domaines des infrastructures, de l’énergie renouvelable, du textile, de la minoterie et des produits pharmaceutiques où le Maroc présente une compétitivité notable. À noter que les opérateurs marocains ont déjà investi dans le secteur bancaire burundais
Quels avantages pour les exportateurs burundais ?
Le Burundi dispose d’un immense potentiel économique, notamment dans le secteur agricole où il produit des denrées de qualité: le thé et le café burundais sont des produits phares du pays reconnus à l’internationale. Par ailleurs, le Burundi est réputé pour ses produits artisanaux qui pourraient trouver également un marché attractif au Maroc, pays qui reçoit des millions de touristes annuellement. Ces produits uniques et authentiques pourraient être commercialisés à l’aide de l’appui de la Chambre de commerce commune afin d’apporter une manne de devise conséquente au Burundi.
Le Burundi possède également d’importantes ressources minières qui pourraient attirer les investisseurs marocains, notamment dans le domaine des terres rares, où le Burundi se classe au 3ème rang mondial en termes de réserves après l’Australie. Le récent Code minier du Burundi promulgué en octobre 2023 offre des avantages attractifs aux sociétés intéressées par des partenariats et des investissements dans ce secteur.
Ce partenariat pourrait-il contribuer à l’augmentation des réserves des devises du Burundi, l’un des principaux défis de l’économie burundaises ?
Effectivement, oui. Lorsqu’un investissement est réalisé dans un pays d’accueil, il entraîne concrètement une entrée de devises étrangères. Par exemple, si un opérateur économique marocain décide d’investir au Burundi dans tel ou tel secteur, il apportera certainement des devises en tant que capital d’investissement, ce qui pourrait stabiliser le taux de couverture dans la banque centrale du Burundi, qui est par la même occasion engagée pleinement pour la promotion des échanges et la facilitation du commerce du Burundi, via des mesures claires et des canaux fluides. Cela facilitera les transactions commerciales notamment les importations, et favorisera un environnement économique dynamique, attractif et propice aux affaires.