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Santé Sexuelle et Reproductive

Lutte contre le VIH/SIDA chez les jeunes, un combat tous azimuts

Malgré des avancées observées récemment où le Burundi se classe 1er dans la région centre et ouest africain dans la lutte contre ce virus, des efforts doivent encore être fournis pour limiter sa transmission notamment dans le dépistage des jeunes. Ceci ressort d’un débat public organisé à Gitega début décembre 2022 par la fondation Hirondelle en partenariat avec 10 médias partenaires sous le financement de l’Union Européenne.

Les récents rapports publiés par le ministère de la santé publique et de lutte contre le SIDA en 2022 sont sans ambages. Le Burundi est sur une bonne voie pour atteindre les objectifs de 90-90-90, fixés par ONUSIDA c’est-à-dire 90% des personnes vivant avec le VIH ayant la connaissance de leur état de santé, 90% de ces 90 % étant sous traitement et où leur charge virale devrait être à 90%. Le Burundi dépasse légèrement cet objectif car ses chiffres sont de l’ordre de 91.8%-99.8%-90.7%.

Malgré cette place, le Burundi ne doit en aucun cas jubiler. Tous les intervenants dans la prévention et la transmission du SIDA doivent en faire encore plus davantage surtout chez les jeunes où le taux de dépistage des moins de 15 ans est assez bas (39.7%), élevé dans le cas contraire où il est à 96%. Les jeunes sont aussi exposés dans la transmission de ce virus car 29% de nouveaux cas au Burundi se retrouvent dans la tranche d’âge de 15-24 ans.

Charles Hicuburundi, agent au district sanitaire de Gitega parle des jeunes qui ne prêtent pas l’oreille aux adultes. « Les jeunes de cet âge ont tendance à négliger les conseils des adultes les appelant à se protéger et préfèrent écouter parfois les dires de leur entourage », fait-il remarquer. Et de poursuivre : » Il y a des jeunes qui sont contre lutilisation du préservatif surtout ceux dont labstinence est difficile. Pour se dédouaner, ils disent que le préservatif peut craquer même pendant lacte  »

Des adolescents, réticents au dépistage…

Les Centres de Santé Amis des jeunes accordent plus d’importance aux dépistages volontaires des jeunes. Chaque vendredi à partir de 15 heures, des échanges y sont organisés dans le but de permettre aux jeunes d’acquérir plus de connaissance et d’accéder aux informations sur le VIH.

Malgré les échanges et conseils que ces centres offrent donnent aux ados, il y en a qui ne veulent pas se faire dépister selon Scholastique Ntiranyibagira, médecin au sein des centres de Santé Amis des jeunes. « Ils prennent à la légère cette pathologie, une sorte de péché de jeunesse  », juge-t-elle. D’autres jeunes rencontrés dans la province de Ngozi, comme A.P., affirme qu’il n’a jamais fait de dépistage et il n’envisage pas en faire un jour : « Je ne vois pas l’intérêt de faire le dépistage. »

Selon toujours Scholastique Ntiranyibagira, beaucoup de jeunes ignorent encore le danger que comporte ce virus. Et plaider pour la multiplication des campagnes de sensibilisations, car constate-t-elle, certains finissent par se ressaisir et acceptent de faire le dépistage après avoir participé aux échanges.

Automédication, autre méthode prisée par les jeunes

L’autre phénomène à combattre est l’automédication ou l’utilisation des médicaments non prescrits par des spécialistes (infirmier ou médecin), une pratique utilisée par beaucoup, d’après toujours Scholastique Ntiranyibagira : « Ils sempressent auprès des pharmacies pour acheter des médicaments après avoir eu des relations sexuelles non protégées, ou lorsque le préservatif craque pendant l’acte. » Un choix dangereux, confie encore Ntiranyibagira car non seulement ce genre de médicaments sont dangereux mais ils ne traitent pas toutes les infections sexuellement transmissibles.

Du côté de la transmission, le taux de transmission pour les enfants dont l’âge est compris entre 0 et 4ans est lui aussi élevé (35%). Un chiffre alarmant selon Joselyne Nibizi, agent de l’ABUBEF. S’exprimant sur la protection mère-enfant, l’approche de l’ABUBEF consiste à encourager les femmes à se rendre dans les hôpitaux ou centres de santé les plus proches dès la conception, comme ça on pourra faire tous les tests y compris le dépistage du VIH.  Avant de prescrire des ARV, soutient Madame Nibizi, cette organisation prodigue des conseils aux mères séropositives sur la manière de se comporter pendant leurs grossesses afin d’éviter la contamination du VIH à l’enfant.

Si la dose est bien prise, le virus de la mère peut devenir indétectable après 3 mois seulement, soutient-elle : « L’assistance à la mère et l’enfant continue même après la naissance, en offrant notamment des médicaments. » Dans la majorité des càs traité, fait savoir Joselyne Nibizi l’enfant est déclaré séronégatif après le 18ème mois de sa naissance.

Des séronégatifs discriminés, mais qui ne se découragent pas

La prise en charge des malades est également au centre de la lutte contre ce virus. Gentil Uwase, 39 ans, a su avec retard qu’il est né avec le VIH : « Je n’étais pas traité de la même manière que les autres enfants à l’école. » Il se souvient qu’il y a des jeux auxquels il était interdit de participer sans comprendre trop la cause. Apres avoir découvert qu’il vivait avec le VIH, il s’est donné la mission de lutter contre ce virus en commençant là où il étudiait, notamment en créant des clubs et en faisant des campagnes des sensibilisations via des jeux, sketches et des représentations théâtrales.

Audreuille Nihorimbere dans la vingtaine, qui répresentante de la RNJ+ à Gitega, ignorait également qu’elle vivait avec le VIH : « Jai été beaucoup discriminé par mon entourage, la société narrêtait pas de me le rappeler.  A l‘école mes camarades mont même pointé du doigt lorsquon étudiait un cours qui concerne ce sujet. »

Elle entendait des murmures de partout comme quoi ses parents ont été emportés par le VIH, elle aussi elle a le virus, etc ». Accompagnée par son tuteur, elle est allée faire le dépistage et maintenant elle représente un mouvement des jeunes vivant avec le VIH où elle mène avec des amis des campagnes de sensibilisations auprès des jeunes pour lutter contre ce virus.

Et de conclure qu’on peut vivre normalement avec le sida : « Je suis un exemple vivant. »

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