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Logements sociaux: entre lueur d’espoir et scepticisme

Plus de 20 mille citadins ont manifesté leur envie de résider dans les logements sociaux qui vont être construits dans les quartiers de de Kizingwe Bihara, Nyabugete 5 et Nkenga Busoro. Ils se sont faits inscrire à l’OBUHA (office Burundais de l’Urbanisme, de l’habitat et la Construction) pendant un mois. Mais en attendant, la mise sur pied effectif de ce vaste projet de l’Etat suscite pas mal de questions…

3 mars 2023, dernièr jour des inscriptions. Sur les lieux où se déroulent les enregistrements, plusieurs citadins se relayent tour à tour avec quelques dossiers à la main. Le temps presse. Pour rappel, la campagne d’inscription avait été rallongé de 2 semaines, signe éloquent que ce projet suscite l’engouement.

D’ailleur, la joie se lit sur certains visages mais de l’inquiétude également sur d’autres. Après la fin de chaque inscription, de petits groupes se forment et 3 principaux points dominent les débats :  le projet n’est pas assez clair pour certains, d’autres restent réticents par rapport au projet et hésitent à se faire enregistrer, d’autres encore parlent du déjà vu et relatent le succès de ces logements sociaux.

Mais qu’en est-il variement ? Selon les projections démographiques de l’ISTEEBU, le taux de croissance urbaine dans la ville de Bujumbura en 2050 sera comprise entre 2,5 et 4,2 millions d’habitants soit 3 et 5 fois plus que sa population en 2015. Une pression démographique urbaine que le ministère ayant en charge les infrastructures pourrait pallier rapidement si sa politique de construction des logements sociaux qu’elle veut instaurer, est mise en place correctement.

Francis Rohero, acteur politique demande plus d’études approfondies pour que le projet réussisse : » Cest un bon projet mais pour avoir des résultats concrets, des études minitieuses doivent être ménées au préalable afin que les citadins moyens à faible revenu puissent y accéder. »

Et de proposer un inventaire de ces lieux, situer dans la durée ce projet et informer le plus largement possible les citoyens sur toutes les étapes du projet : « Les Burundais ont également besoin de savoir le coût de ce projet, quelle quantité d’argent le gouvernement va investir dedans ? Tout ça doit être mis sur table. »

Un air du « déjà vu »

Arthur Nahimana jeune chômeur du quartier Bwiza, est parmi ceux qui exigent plus de transparence.  Il a fait le court déplacement vers Jabe, filiale de l’OBUHA où se déroulent les inscriptions dans l’espoir de glanner quelques infos qui pourraient le pousser à se lancer. Déçu par le peu d’informations recues, il décide de jeter l’éponge : « Personne ne dit pas quand les travaux vont commencer, personne ne sait combien on va payer pour bénéficier de ces logements sociaux. Et tout cas je ne suis pas rassuré », avant de lacher : « Ceci me rappelle ce qui s’est passé il y a deux ans lorsque le gouvernement a lancé un processus d’enregistrement de tous les jeunes diplomés sans emplois. Je m’étais fait inscrire mais jusque maintenant personne ne connait pas la suite. »

Etienne Ndikumana travaillant dans une compagnie d’assurance et ne s’est pas, quant à lui,  posé mille questions. Il s’est empressé pour se faire inscrire dès qu’il a entendu l’appel. Il relate surtout les avantages que les fonctionnaires de l’état ont bénéficié en obtenant ces logements par le passé : «  J’ai connu des amis , des familles qui logaient dans ces maisons de locationvente. Eux avaient, une somme fixe à payer mensuellement pendant x temps avant  que le logement ne leur appartienne définitivement. » Ils n’ont pas connu les histoires des montées de prix de loyers que font souvent face les locataires des maisons privés, confie-t-il.

Et d’expliquer avoir déjà vecu dans plusieurs quartiers de Bujumbura et à chaque fois le demenagement était causé par la hausse du prix du loyer par le propriétaire sans aucune explication : « C’était quasiment 100 mille fbu tous les 6 mois. »

Une opportunité en or mais pour quel financement ?

David fait le commerce général. Peu confiant quant à l’aboutissement de ce projet, il s’est fait inscrire juste par influence : «  Une opportunité dacquerir un logement à bas prix. On ne parlait que de ça dans le voisinage. Mais force est de constater que si une fois tu récois ce logement, tu es soumis à certaines conditions et obligations. Moi qui nai pas de revenu fixe par mois, seraije capable de payer un loyer fixe pendant 15 ans ou plus ? Heureusement que se faire inscrire ne coute pas une fortune. »

Au-dela de ces échanges entre potentiels bénéficiaires de ces logements futures plusieurs questions sur ce projet comme celle du nombre d’appartements qui seront construits, le financement du projet et autres démeurent sans réponses.

Pour rappel, au mois de janvier 2023, Dieudonné Dukundane, ministre des infrastructures, des équipements et du logement sociaux, avait rencontré des responsable des établissements financières opérant au Burundi pour échanger sur la faisabilité de ce projet des logements sociaux en hauteur. Les mêmes établisssements financièrs avaient partagé quelques inquiètudes sur la réalisation de ce projet notamment celle des ressources à court terme alors que la construction des logements sociaux à location vente nécessite des ressources à long terme.

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