La société Burundaise dans toute son hétérogénéité est encline à des attitudes mettant à mal la cohésion sociale. Certains messages, plutôt courants, ne cessent de creuser un fossé entre les concitoyens. Reportage sur la colline Kizuka, en commune et province Rumonge.
Rares sont les périodes électorales exemptes des escarmouches, regrettent les habitants de la colline Kizuka. Selon eux, le langage décourageant est utilisé par des militants des partis politiques pour dissuader leurs adversaires à poursuivre leur agenda. «En 2015, les membres d’une formation politique ont voulu forcer des individus à voter pour eux, en scandant des messages hostiles envers d’autres membres des partis politiques. Cela a affecté négativement le climat social », déplore Charles*
Les auteurs de tels messages, indique Yvonne*, usent de tous les stratagèmes pour rabaisser les uns et se prétendent être à la hauteur de tous les défis : « Leur rhétorique s’attachent à des langages qui sous-estiment la capacité des personnes avec qui ils ne partagent pas les mêmes convictions. »
Une attitude ayant effet boomerang
Pour Félicité Ntikurako, psychologue clinicienne, certains leaders peuvent employer des langages décourageants afin d’assouvir leurs intérêts : « Ce sont des genres de stéréotypes ou de préjugés qu’ils portent à l’autre groupe antagoniste. Ils utilisent des mots comme ‘vous êtes dangereux. Ces gens-là sont capricieux’, etc », explique-t-elle.
Si un groupe ou des gens sont sous-estimés, découragés, démoralisés, et que leurs efforts ne sont pas reconnus dans la communauté, poursuit Mme Ntikurako, les conséquences peuvent être multiples. Pour la psychologue, si on sous-estime l’autre, on se sous-estime soi-même.
En outre, conclut Mme Ntikurako, de telle expressions créent de la frustration : « Si tu es avec quelqu’un qui est frustré, c’est contagieux. Tu finiras aussi par être frustré. À la longue, si l’autre groupe est sous-estimé, n’est pas valorisé, la frustration commune peut se traduire en des actes violents, de vengeance… »
Au niveau de l’administration provinciale de Rumonge, Rubin Bizimana, conseiller juridique du gouverneur se félicite que de tels messages ont été endigués : « Dans le passé, on a entendu des chants, contenant des messages décourageants, entonnés par des jeunes militants des partis politiques au cours des activités sportives. Nous avons lutté contre ces messages par des sensibilisations, et nous nous réjouissons du pas franchi. »