La mesure de limitation des zones d’activité des vélos, motos et tricycles aux seuls quartiers périphériques de la ville de Bujumbura reste respectée depuis son entrée en vigueur. Néanmoins, l’on constate que presqu’aucun client ne porte de casques, sans parler des taxis-motos avec à leur bord deux clients voire plus, qui roulent sans la moindre inquiétude…
Cette mesure prise par Gervais Ndirakobuca, alors ministre en charge de la sécurité publique, date du 10 mars 2022 et reste largement respectée dans son ensemble. Personne n’ose circuler en plein centre-ville à bord d’un vélo ou d’une moto, sauf quelques individus avec une dérogation spéciale délivrée par la police de roulage.
Dans différents quartiers périphériques visités, les taxi-motos et vélos respectent scrupuleusement les zones delimitées. A Kanyosha au sud de la ville de Bujumbura, que ce soit du côté de la route de Bisoro ou de l’autre côté de Kanyosha, ces usagers d’engins à deux roues et tricycles ne franchissent pas ces zones.
Pareil au nord de la ville où ils ne franchissent pas la 2ème avenue de la zone Kamenge. Que ce soit du côté de la route pavée menant vers la paroisse de Kamenge dite chez Buyengero, ou de l’autre côté de la route se dirigeant vers Kinama, ils fonctionnent dans les limites de la zone autorisée. Même constat sur la RN1 (Buja-Bugarama) où seuls les véhicules ont droit de circuler.
Gare aux contrevenants, car des policiers sont chaque jour postés sur place en vue de faire respecter ladite mesure comme l’affirme Arthémon Ndayegamiye, président de l’Amotabu (association des motocyclistes burundais) : « Ils surveillent et punissent d’une amende de 20.000 BIF voire 30.000 BIF toute personne enfreignant les règles sauf les tri-cyclistes privés ayant des autorisations écrites. »
De son côté, l’Amotabu impose également des sanctions qui peuvent aller jusqu’à 50 mille BIF aux motocyclistes qui enfreignent les règles des zones de limitation : « Si nous surprenons quelqu’un en train de dépasser ces zones, nous, en tant qu’Amotabu, lui infligeons une amende de 50.000 BIF. »
Le port du casque non respecté
Mais à part ce respect des zones de limitation de circulation pour ces motocyclistes, d’autres règles de sécurité comme le port de casque sont largement ignorées. Souvent, seuls 3 motocyclistes sur 10 roulent avec un casque et aucun passager n’en porte. Pourtant, l’article 121 du 23 novembre 2012 portant code de la circulation routière ordonne à tout détenteur d’une motocyclette de rouler avec au moins deux casques, l’un pour le conducteur et l’autre pour le passager.
Interrogés, certains motocyclistes avancent le fait de circuler dans un périmètre réduit à cause de la carence du carburant comme explication. « Je ne peux pas me permettre le trajet d’ici à Ruziba à cause de la carence du carburant. Je ne vais donc pas mettre de casque alors que je reste dans le même quartier », confie Eric, un motard de Kanyosha.
D’autres parlent de la difficulté d’entendre rapidement les appels de potentiels clients lorsqu’ils portent le casque « Non seulement, il me fait transpirer à cause de la forte chaleur de Bujumbura, mais j’ai également du mal à entendre les clients lorsqu’ils m’appellent, car je ne suis plus attentif avec tout le bruit de la circulation. Or si je rate un appel, quelqu’un d’autre me prend mon client et je perds ainsi de l’argent. », fait savoir G. M., un motocycliste de Kamenge.
De plus, soutient-il, certains passagers refusent le casque, arguant craindre la contamination de maladies transmissibles car ces casques sont utilisés par plusieurs passagers au cours d’une même journée : « Cela a commencé pendant la période de CCovid-19. Les clients avaient peur de porter le casque et depuis ils n’en veulent pas. »
A ce sujet, Arthémon Ndayegamiye va plus loin. Pour lui, c’est la faute à certains patrons qui ne donnent pas de casque à leurs motocyclistes : « Parfois, les patrons achètent des motos d’occasion qui n’ont pas de casque. Nous continuons à leur montrer l’importance d’en avoir, mais des résistances s’observent encore. »
Le nombre de passagers autorisés, l’autre défi
A côté de ce non-respect du port de casque, il n’est pas rare de voir une moto avec à son bord deux, voire trois passagers. Or, l’article 484 de la loi sur la circulation routière stipule que le nombre maxımum de personnes pouvant être transportées ne peut excéder celui inscrıt sur le certificat d’ımmatriculation et la carte d’assurance en cours de validité.
Cette règle est souvent violée lors des heures de pointe auxquelles se forme un trafic intense de passagers. Et afin de couvrir les dépenses consacrées au carburant, ces motards affirment n’avoir d’autres choix que de dépasser le nombre de passagers leur permis. « Nous achetons une bouteille de 1,5 litre de carburant à 35.000 BIF sur le marché noir. C’est donc difficile d’avoir un passager qui peut se permettre de payer seul 5.000 BIF de Kanyosha à Ruziba, alors qu’avant, il ne fallait que 1.500 BIF pour le même trajet. »
Nous avons contacté le porte-parole de la police afin qu’il s’exprime à ce propos, sans succès.
