Dans le cadre des 16 jours d’activisme, l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas en collaboration avec son Comité Consultatif de la Jeunesse ainsi que la Coopérative Artistique « Irivuga Art », organisait une soirée artistique ce 5 décembre 2023 à Bujumbura afin de souligner l’implication de la jeunesse burundaise dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG)
A travers différents moments qui ont caractérisé cette soirée, les jeunes présents ont été appelés à s’engager dans la lutte contre les VBG, en dénonçant ces violences, en s’impliquant dans des initiatives de sensibilisation, et en s’engageant dans des actions pour le changement social.
Ainsi, une pièce théâtrale intitulée « Télécommande » a été jouée par la compagnie Irivuga Art dans le but de dénoncer de manière percutante et artistique les différentes formes de VBGs. Parmi les violences abordées dans cette pièce, on retrouve:
- les violences économiques qui empêchent ou limitent les femmes de gagner de l’argent
- les violences faites aux filles, inconsidérées à la maison en raison de leur sexe et reléguées aux taches ménagères, ce qui développe un manque d’estime et de confiance qui sera transmis aux enfants…
- l’impossible accès des épouses au planning familial
- les violences émotionnelles subies par les filles-mères dans la communauté
- la répartition inégale des travaux ménagers entre femmes et hommes
- la problématique de l’équité salariale malgré les compétences et les diplômes similaires
A l’issue de la présentation artistique, Anny Joanice Nizigiyimana, membre du Comité Consultatif des Jeunes, a déploré « les mauvaises conditions économiques qui nourrissent l’occurrence des VBG, et restreignent les possibilités des femmes de s’exprimer et de prendre les décisions qui les concernent. »
Son discours est revenu sur l’importance d’investir en faveur du statut économique des jeunes femmes.
La pauvreté, un facteur aggravant des VBGs
La soirée s’est poursuivie par une discussion alimentée par différents intervenants. Inès Kidasharira, activiste des droits des femmes travaillant dans un programme de santé de la reproduction a partagé les approches utilisées pour impliquer les femmes dans la lutte contre les VBGs, notamment le renforcement de leur autonomie, la promotion d’espaces sûrs pour discuter des services de santé sexuelle et reproductive, et la création d’associations de jeunes pour proposer des solutions adaptées.
Constance Katihabwa, activiste des droits des personnes atteintes d’albinisme, a rappelé « la violence psychologique qu’endurent les femmes atteintes d’albinisme. Leur vie sentimentale est sujette à de graves moqueries, du moment que l’entourage constate qu’elles sont courtisées ».
Delphin Livingstone Dushime, à la tête de « Urumuri », une asbl de jeunes burundais créateurs de contenus numériques éducatifs, a mis l’accent sur « l’importance de l’éducation de jeunes garçons dans la lutte contre les VBGs », car ils sont souvent les auteurs de ces violences à l’âge adulte.
Des pistes de réflexion pour lutter contre les VBGs
La soirée a été marquée par plusieurs interventions. Le Pr Désiré Manirakiza, sociologue et Coordonnateur du PAEEJ, a expliqué « l’importance de créer un malaise social chez les auteurs des violences », de valoriser les modèles de femmes qui se démarquent dans la société et de travailler avec l’ensemble de la société pour résoudre ces problèmes. Notamment, par la sensibilisation des enfants dès leur plus jeune âge à l’égalité des genres.
Judicael Elidje, représentant de l’UNFPA au Burundi, a souligné « la nécessité d’avoir plusieurs voix pour dénoncer les violences basées sur le genre », encourageant « la création d’espaces de discussion entre les jeunes pour avoir un plus grand impact. »
D’autres interventions ont porté sur la religion et les coutumes qui peuvent contribuer à la violence et à la discrimination envers les femmes. Parmi les solutions proposées, il a été suggéré d’amplifier la dénonciation des VBG dans les espaces numériques, en multipliant les hashtags et en élargissant les zones de sensibilisation aux différentes institutions politiques et sociales.
Peter Derrek Hof, Directeur du développement social et ambassadeur des droits des femmes et de l’égalité des genres au sein du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, a exprimé son appréciation pour les messages forts et les témoignages lors de cette soirée, ainsi que pour l’expression artistique utilisée.
Notez que cet événement a vu la participation notamment de représentants de l’UNICEF et de Care International, ainsi que d’autres personnes.