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Trois championnes de la défense des droits humains célébrées

Le « Prix Tulipe des Droits humains » édition 2024, a été discerné à Constance Katihabwa qui a ainsi décroché une sculpture en Bronze et une enveloppe de 15.000€ parmi les 3 défenseures identifiées. Les cérémonies se sont déroulées, ce 10 décembre à l’Ambassade des pays Bas en marge de la célébration de la journée mondiale des droits humains.

Dans une ambiance conviviale, la soirée du 10 décembre aura été une occasion précieuse de découvrir ces femmes engagées pour la cause des catégories vulnérables… Mais qui sont réellement ces trois femmes qui étaient en lice pour décrocher ce prix. Découverte.

Marie Kinyabuku, l’icône du leadership féminin

Défenseure d’expérience de longue date, cette septuagénaire retraitée depuis 2014, consacre la grande partie de son temps libre à des associations féminines œuvrant dans le Réseau Femme et Paix en tant que coordinatrice des projets.

Marie Kinyabuku: « Mon souhait est de laisser derrière moi une génération qui luttera pour les droits des femmes et ceux des enfants » 

Son aventure remonte à 1993, période pendant laquelle la crise a endeuillé beaucoup de familles des quartiers populaires de Bujumbura. « Alors que je travaillais au ministère des Finances, chaque soir en prenant le bus de Kamenge-Kinama, j’observais pitoyablement les enfants laissés qui passaient leurs journées à mendier et faisaient de l’autostop le soir pour rentrer chez eux. Je prenais 4 enfants à ma charge tous les jours. »

Mme Kinyabuku a nourri cette vocation en adhérant en 1999 à l’association féminine Ntarambirwa où elle a initié le volet d’enfance. Cette association fera partie du collectif des associations féminines du Burundi (CAFOB), en sigle. Elle a, en outre, travaillé sur la résolution 1325 relative aux droits de la femme et fait partie des inventeurs du slogan « Umukenyezi arashoboye ».

Actuellement, Mme Kinyabuku  se concentre surtout sur le renforcement des capacités des femmes et des filles sur le leadership féminin transformationnel et intergénérationnel. Son souhait, confie-t-elle, est de laisser derrière elle une génération qui luttera pour les droits des femmes et ceux des enfants.

Côté récompense,  Marie Kinyabuku a été reconnue en 2020 comme actrice éminente des droits de la femme et reçu le prix du Président de la République lors de la célébration du 8 mars. Elle a été reconnue, la même année, par l’Union africaine parmi les 20 premières femmes africaines qui ont œuvré pour la résolution 1325.

Yvette Irimbere, l’avocate des femmes défavorisées  

Yvette Ihorimbere: « La femme devrait être un sujet de débat permanent et ne se limiter ni au 8 mars ni aux 16 jours d’activisme »

Yvette Ihorimbere (44 ans) est une épouse monogame et mère de deux enfants, résidant en mairie de Bujumbura. Juriste de formation, elle a fait de la promotion de la femme son cheval de bataille.

Mais avant de se lancer pleinement dans cette lutte, elle fut d’abord enseignante-assistante à l’université des Grands Lacs, puis directrice d’Ingiro Action Center. C’est à partir de ce centre qu’elle développe les idées et des microprojets en faveur des femmes, surtout celles qui sont dans des conditions de vie précaire. Bien que le statut légal de son centre ne date que de 2023, Mme Ihorimbere a déjà accompli de nombreuses réalisations.

Avec la troisième édition de son programme « Échographie gratuite » destiné aux femmes défavorisées, elle se réjouit d’avoir enregistré plus de 150 bénéficiaires dans le quartier de Buterere, dont certaines avaient des grossesses à risque. Ainsi, ce programme mobilise des médecins et des infirmières bénévoles, qui bénéficient également d’un espace professionnel pour exercer.

Malgré cette contribution sanitaire significative, Ihorimbere note toujours la pauvreté extrême, l’ignorance et une vulnérabilité totale chez ces femmes. C’est ainsi qu’elle a initié depuis 4 ans leur encadrement axé sur la santé sexuelle et reproductive, la responsabilité et la gestion financière optimale. Elle illustre son propos avec un exemple éloquent : « Le groupement des Round Town Ladies, composé de 12 femmes, a reçu un coaching entrepreneurial et un capital de Rema Burundi pour améliorer leurs commerces. Grâce à ces efforts, 49 enfants bénéficient d’une éducation, dont 5 sont à l’université. »

Pour Mme Ihorimbere, la femme devrait être un sujet de débat permanent et ne se limiter ni au 8 mars ni aux 16 jours d’activisme. Dans cette optique, sa structure a lancé une émission de 20 minutes intitulée « Umukenyezi iwacu », diffusée sur les radios communautaires 6 jours par semaine. Grâce à l’implication de 18 femmes appelées « femmes reporters », cette émission s’avère bénéfique et captivante pour les communautés qui souhaitent être informées sur leur mode de vie.

Constance Katihabwa, la militante du bien être des albinos

Taille moyenne et albinos, Constance Katihabwa âgée de 33 ans, est une défenseure des droits humains. Détentrice d’une licence en droit à l’université Lumière de Bujumbura, Mme Katihabwa est fondatrice et représentante légale de l’association Live Together as a Family, créée en 2022.

Parallèlement, elle est conseillère juridique à la direction générale de la promotion de la femme et de l’égalité du genre au sein du ministère de la Solidarité, après une expérience acquise au sein de diverses organisations, notamment l’UNICEF, la croix rouge Burundi, Foi en Action et autres.

Constance Katihabwa

L’éducation inclusive est la motivation qui pousse Katihabwa à défendre le droit de ses pairs : « Parfois, à propos des enfants qui abandonnent souvent l’école à cause des différentes stigmatisations subies en milieu scolaire ou d’autres problèmes, je me rends à leurs établissements avec mes documents administratifs, y compris mes diplômes, pour convaincre les éducateurs de l’importance de protéger ces enfants afin qu’ils puissent poursuivre leurs études ».

A propos de « Live Together as a Family », Constance Katihabwa indique que l’association œuvre principalement dans la sensibilisation des communautés à la cohabitation harmonieuse avec les personnes atteintes d’albinisme. Elle sensibilise également les albinos afin de les aider à vivre au mieux avec leur condition délicate.

En outre, Live Together as a Family promeut l’autonomisation des albinos à travers des métiers qui favorisent leur épanouissement malgré leur vulnérabilité corporelle, afin d’échapper aux conséquences des violences auxquels ils sont exposés.

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