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Ingénieur Eric Biribuze, de Ngagara au toit des Etats-Unis d’Amérique

De passage à Bujumbura, cet ingénieur au parcours atypique s’est confié à Jimbere. Un entretien consacré à ses études, sa longue carrière d’ingénieur, son séjour à l’étranger, et surtout de son sacre d’Ingénieur Noir Américain de l’année aux Etats Unis d’Amériques  en 2018. Zoom.

C’est une histoire qui commence à Ngagara pour finir sur les hautes sphères de l’ingénierie américaine. Celle d’Eric Biribuze, un ingénieur burundais ayant obtenu d’excellents résultats dans les secteurs des communications et de l’automobile, dans des fonctions et des cultures diverses, notamment en dirigeant des équipes aux États-Unis, au Mexique et en Chine.

L’une de ses réussites notables est d’avoir dirigé le développement et le lancement d’un nouveau portefeuille de produits (EDGE) qui a rapporté à Corning plus d’un milliard de dollars des revenus à ce jour et dont les 20 ans de carrière dans cette entreprise ont été récompensés par le BEYA (Best Engineer of the Year Award) en 2018.

Pourtant, quand l’heure arrive de quitter le Burundi pour des études en Chine en 1987. Eric fraîchement diplômé du Lycée Notre Dame de La Sagesse de Gitega, CND à l’époque, ne s’imagine pas un tel destin, mais il n’a qu’un mot d’ordre :« Profiter de chaque opportunité et ne pas ployer sous le joug des obstacles », car se dit-il, des obstacles il y en aura.

Parce qu’aller au pays de Mao à l’époque n’a rien avoir avec ce qu’il est aujourd’hui :« Dans les années 80, le géant asiatique est encore un pays du tiers-monde, peu prisé par les jeunes à la recherche des bourses. Je faisais partie des premiers à prendre ce chemin-là pour les études, un gros risque vu que je ne parlais même pas chinois. Je devrais l’apprendre en moins de 8 mois pour faire mes études », se rappelle-t-il.

Fougueux, il a toujours eu goût des risques et aimait se challenger dès l’école primaire qu’il a fait en 2 temps : d’abord à l’Athénée puis à l’Ecole Primaire d’Application de l’ENE alias “Kopiko” où il va sortir deuxième dans tout le pays au concours national avant de prendre la route vers Gitega, où il va fréquenter le CND jusqu’en 1987, à son départ vers la Chine.

Là-bas, il décroche en 1992 sa licence en génie industriel avant de se spécialiser en systèmes d’information de gestion (MIS) avec un master en 1995. En 1997, il obtient un MBA au Walker College of Business de l’Appalachian State University.

Eric va rejoindre Corning à Hickory, en Caroline du Nord. En 2014, il est promu au poste de direction dans la gestion de la ligne de produits Gorilla Glass pour l’automobile. Mais le pinacle de sa carrière est sans doute à situer en 2018 : quand il reçoit le prix d’Ingénieur Noir de l’année 2018 aux Etats Unis d’Amérique pour ses réalisations professionnelles dans la catégorie Industrie. Une récompense pour ses 20 années de contributions et de réalisations réussies chez Corning, une multinationale technologique de plus de 170 ans dont l’une des inventions les plus connues est la fibre optique, qui a jeté les bases de l’internet et de la connectivité dont nous bénéficions tous aujourd’hui et dont il est actuellement directeur des opérations commerciales.

L’ingénierie burundaise a plus que jamais besoin de soutien

Pour ce fils de Ngagara, des beaux jours se dessinent pour l’avenir de l’ingénierie au Burundi : « J’ai été étonné par le nombre de jeunes développeurs que j’ai vus. Il y a cette énergie, le désir d’absorber le plus de choses possibles, preuve qu’un bel avenir se profile à l’horizon en matière d’ingénierie au Burundi. »

Mais pour y arriver, estime-t-il, ce développement devra être soutenu :« Tout commence par l’éducation dès l’école primaire. Les systèmes éducatifs, du primaire à l’université, doivent mettre l’accent sur les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques. En outre, les gouvernements et le secteur privé devront contribuer au développement des infrastructures afin de créer des opportunités pour que les personnes ayant des compétences en ingénierie puissent se développer et prospérer. La plupart des économies développées ont été transformées par des innovations initiées et dirigées par des efforts d’ingénierie, et je pense que le Burundi ne fera pas exception. La science, l’ingénierie et la technologie seront les moteurs de la transformation du Burundi. »

Enfin, même s’il a prospéré à l’étranger, il dissuade les jeunes de croire que ça va mieux marcher à l’étranger qu’au Burundi: « C’est vrai que vivre et travailler à l’étranger constitue un avantage surtout basé sur l’accès aux infrastructures très développées, aux institutions solides et à un écosystème très sophistiqué pour un bon environnement professionnel, mais il y a une possibilité de faire aussi une carrière remarquable ici au Burundi et c’est aussi du ressort de notre jeunesse de créer cet écosystème-là, porteur d’opportunités, de croissance. »

Rendre à la communauté ce qu’elle t’a offert

Reconnaissant d’avoir réussi le parcours de sa vie après des débuts modestes, Eric Biribuze croit de tout cœur qu’il a la responsabilité de rendre la pareille. C’est ainsi qu’il a créé la STELA Foundation (Science Technology Entrepreneurship Leadership Academy) en 2019, fondée en signe de profonde gratitude et d’engagement ferme pour créer un impact dans la communauté. Elle a pour mission de déployer des programmes de classe mondiale en matière de sciences, technologies, mathématiques et de leadership pour les jeunes des communautés défavorisées aux États-Unis et en Afrique, et de renforcer les capacités en vue d’une transformation socio-économique.

Ce programme qui existe déjà au Rwanda n’est pas encore lancé au Burundi mais des contacts ont été déjà faits entre la fondation et le Lycée Bernard Bududira de Bururi pour un partenariat et d’autres établissements scolaires seront approchés comme il le promet.

Pour Eric, gagner le prix de l’Ingénieur Noir Américain de l’année lui a fait prendre conscience de la lourde responsabilité d’ouvrir la voie à d’autres en s’engageant surtout dans le développement et la promotion des STEM (Sciences, Technologies, Ingénieries et Mathématiques) dans la jeunesse africaine et particulièrement burundaise. Alors jeunes, sommes nous impressionnés ou pas?

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