Les fonds affectés par le gouvernement du Burundi à l’entretien des routes ne cessent d’être revus à la hausse au fil des années. Pourtant, la plupart des routes reste en piteux état. Où est donc le problème ?
Le coût de la construction ou de l’entretien des infrastructures routières est extrêmement élevé, explique Régis Mpawenayo, Directeur Générale de l’Agence Routière Burundaise (ARB). « Pour la construction d’une simple route macadamisée d’1 km, il nous faut au moins 1 million USD (environ 2,5 milliards Fbu) », affirme-t-il.
M. Mpawenayo ne mâche pas ses mots. Pour lui, il est difficile pour le Burundi de financer seul les travaux de réfection d’une route. Pour réaliser de tels projets, il doit s’endetter parfois auprès des banques internationales. « Les bailleurs de fonds comme la BAD et la Banque Mondiale appuient les différents projets de construction des voies routières. La BAD prévoit chaque année une enveloppe de 35 millions de dollars pour ces travaux », ajoute-t-il.
Toutefois, poursuit-il, ce montant peut être délocalisé pour d’autres projets jugés prioritaires par le gouvernement ou peut diminuer en fonction des projets présentés par l’Etat. Cependant, Régis Mpawenayo salue les efforts du gouvernement pour son soutien au domaine routier même si le budget alloué reste minime par rapport aux besoins. « Le budget alloué à l’entretien des routes est passé de 8 à 27 milliards Fbu. Mais d’autres appuis financiers sont plus que nécessaires », souligne le DG de l’ARB.
Selon les rapports qui lui parviennent, un budget de plus de 65 milliards de Fbu contribuerait de manière significative à la réhabilitation de différentes routes autour du pays. « Mais comme cette somme ne peut être mobilisée facilement, on essaie de rénover les routes jugées stratégiques compte tenu du trafic, des échanges commerciaux selon les moyens à notre portée », déplore-t-il.
La provenance de ces fonds
Dans la loi budgétaire exercice 2021-2022, le gouvernement avait prévu une ligne budgétaire de 28 milliards Fbu alloué à l’entretien des routes. Celle-ci devrait être financée par la taxe de 18% appliquée sur la souscription aux bouquets internet et une taxe sur la redevance annuelle routière forfaitaire payée par les usagers une fois par an.
Cette dernière était perçue sur tous les engins roulants en fonction du poids de leur moteur. Selon Stany Ngendakumana, Directeur de la Communication de l’Office Burundais des Recettes (OBR), son institution a pu collecter une somme avoisinant 7 milliards de Fbu pour la redevance annuelle routière forfaitaire, pour l’exercice 2021-2022.
Pour ce cadre de l’OBR, le fait que l’Etat a réorienté le moyen de percevoir cette taxe en fonction du poids de la voiture, pour cette année budgétaire 2022-2023, facilitera davantage le mode de calcul de la taxe en se basant sur ce qui est mentionné sur la carte rose. « Il était difficile de faire des calculs sur le poids d’un moteur automobile, raison pour laquelle ce mode de calcul a été choisi. Autrement dit, l’engin roulant détruit l’infrastructure routière en fonction de son poids », indique-t-il.
Dans ce même registre, la redevance annuelle routière forfaitaire est versée sur un compte bancaire de l’OBR ouvert dans au moins une des institutions financières opérant dans chaque zone géographique. Larissa Dushime, responsable adjoint de la cellule communication au ministère en charge des finances, annonce qu’elle est par la suite acheminée vers le compte général du Trésor. « Des tranches d’utilisation sont octroyées, à chaque fois, suivant des activités planifiées, à réaliser par l’institution en charge de la coordination des activités d’entretien routier », confie Larissa Dushime.
Concernant le bilan des travaux pour cette année en cours, le DG de l’ARB précise que la mise en œuvre des travaux pour la réhabilitation des routes nationales 5 et 18, est déjà conclue. À propos de la route nationale 3 (Bujumbura- Rumonge- Nyanza-Lac), explique-t-il, la Banque Mondiale a déjà déboursé une somme de 120 millions de dollars pour la rehabilitation de la partie Bujumbura-Gitaza.