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Publi-Reportage

IFDC, pionnier de la révolution du secteur semencier 

Alors que le gouvernement mise beaucoup sur le secteur agricole pour atteindre sa vision 2040-2060, le secteur semencier reste lacunaire avec 15% de l’offre des semences sélectionnées. Quid des solutions d’IFD pour améliorer la situation. Le point…

« On récolte ce que l’on sème » dit l’adage français. Si nous transposons cette sagesse dans le domaine agricole, nous comprenons facilement que la bonne récolte dépend en grande partie de la qualité des semences mises sous le sol. Pour augmenter la production agricole de qualité au Burundi, l’International Feltilizer Development Center (IFDC en sigle), à travers son projet phare PSSD (Private Seed Sector and Development), est entrain mettre les semences de qualité à la disposition des agriculteurs burundais.

Cela passe par la collaboration avec les centres de recherche dans le cadre d’innovation en matière de création des semences adaptées au climat et aux sols et l’appui technique et financier aux multiplicateurs de semences locaux. Toutes fois, un long chemin reste à faire, car selon Claudine Murerwa, coordinatrice du projet PSSD, le taux de satisfaction en semences sélectionnées au niveau national est actuellement  évalué à 15%.

C’est dans ce cadre que l’IFDC a organisé, ce 23 mai 2024 dans les enceintes du restaurent La Détente, le forum national semencier à l’intention de tous les acteurs clés dans le secteur semencier. Dans son mot d’accueil, Marcel Nibasumba, Directeur Pays de l’IFDC a expliqué que la rencontre avait pour objet de contourner tous les défis auxquels le secteur des semences fait face et formuler des recommandations susceptibles de révolutionner l’agriculture burundaise à partir de la création de l’industrie semencière.  

Un secteur faiblement règlementé

Au chapitre des défis justement, plusieurs intervenants ont souligné le caractère un peu obsolète des textes règlementaires régissant ce secteur. C’est le cas de Médard Ndayikengurukiye : « La loi semencière a été promulguée en 2012, mais avec l’évolution du secteur semencier, on trouve des textes qui ne collent plus avec le contexte actuel. » Du coup, tous les organes de gestion du secteur semencier accusent une faiblesse.

Du côté de l’Office Nationale de Contrôle et Certification des Semences ONCCS, Ir. Evariste Hakizimana, directeur des Inspections Régionales Semencières déplore la situation : « Le secteur semencier souffre d’un manque du laboratoire d’analyse des semences répondant aux normes et standards internationaux, ainsi que les faibles moyens logistiques de l’ONCCS afin de faciliter le travail sur terrain. »

Cet inspecteur déplore également le faible budget de fonctionnement alloué à l’office qui rend les travaux moins performants sans parler du manque d’opportunité de formation pour le perfectionnement du personnel.

Quant à l’ISABU, Dr. Ir. Willy Irakoze, directeur de la recherche évoque des problèmes : « Le secteur de la recherche au Burundi reçoit un budget de moins 2% du budget annuel de l’Etat, ce qui est aggravé par le décaissement ne concordant pas avec la saisonnalité agricole ».  Selon le même responsable, il se remarque l’insuffisance du personnel hautement qualifié et expérimenté, mais aussi la démotivation du personnel scientifique et technique.

Un autre challenge qui pèse sur le secteur semencier du Burundi est le cadre de vulgarisation des nouvelles innovations n’est pas structuré au niveau du ministère en charge de l’agriculture et de l’élevage. Comme l’indique Dismas Minani, directeur de Vulgarisation su sein dudit ministère, la vulgarisation joue un rôle crucial dans la diffusion de nouvelles innovations et le transfert de nouvelles technologies.

Une tâche dure aux multiplicateurs

A côté des défis qui s’observent dans les organes de gestion du secteur semencier qui touchent les multiplicateurs sur terrain, ceux-ci évoquent d’autres problèmes relatifs au marché de leurs produits, mais aussi le financement de leur secteur qui semble problématique.

Comme l’explique Richard Hatungimana, président de COPROSEBU (Collectif des Producteurs des Semences du Burundi), cela est due à une faible représentation du secteur privé dans la commission du secteur semencier : « Si nous ne sommes pas représentés de façon significative, c’est que les mesures prises, notamment la fixation des prix, ne tiennent pas compte des coûts que nous engageons ». Selon ce multiplicateur, les prix en général flambent, ce qui n’est pas le cas pour les semences produites en dépensant des moyens importants.

Le défi le plus crucial qui freine le développement du secteur réside dans les financements qui sont injectés dans l’agriculture. Comme le décrit Marie Louise Kamikazi, Directeur Exécutif du Réseau des institutions de microfinances (RIM), les crédits alloués à l’agriculture ne représentent que 13% de 900 milliards de FBu en 2023 tandis qu’ils étaient à 12 % de 680 milliards de FBu en 2022, et de 9% de 578 milliards de FBu en 2021.

Marie Louise Nsabiyumva, Directeur général de la Caisse d’Epargne et de Crédit Mutuel (CECM), leader dans le financement du secteur semencier, donne quelques raisons : « Les coûts élevés des intrants agricoles, le secteur agricole qui n’est pas sûr suite aux aléas climatiques, le système de garantie… » Pire, signale-t-elle, même les crédits accordés tombent souvent pendant la saison dépassée et ne répond pas efficacement aux besoins réels des agriculteurs.

Vers la création d’une véritable industrie semencière ?

De ce forum, il a été question de penser à la facilitation de la création des grandes sociétés semencières : « Ainsi, le Burundi doit se doter des sociétés spécialisées dans la production des semences, lesquelles sociétés tiennent compte de tous les intrants agricoles et qui font face aux changements climatiques », a déclaré Prosper Dodiko, Ministre de l’environnement, de l’agriculture et de l’élevage dans son discours de circonstance.

L’objet de ce forum étant de trouver les solutions pour développer le secteur semencier, le directeur général de l’ISABU docteur ingénieur Alfred Niyokwishimira a rappelé : « Le Président de la république nous suggère la création de l’industrie semencière, et nous devons répondre à son appel pour développer l’agriculture ».

Dans les discussions de groupes, les participants ont suggéré l’actualisation de tous les textes règlementaires régissant le secteur semencier afin de les adapter au contexte actuel au niveau national, régional et même international mais aussi le renforcement des structures impliquées dans la règlementation semencière en moyens humain, matériel et financier.

Du côté de la recherche, Willy Irakoze exprime ses souhaits : « L’Etat doit aussi réinstaurer l’autonomie financière de cet institut de recherche, mais aussi veiller à l’équipement en laboratoires répondant aux standards internationaux ».

Quant au financement de ce secteur, les professionnels des institutions financières ont suggéré la mise en place d’un système d’assurance agricole pour couvrir le risque d’aléas climatiques, mais aussi la mise en place d’un fonds de garantie pour rassurer les institutions financières qui font des efforts pour le financement de ce volet.

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