Les caféiculteurs réclament la révision à la hausse du prix d’achat des graines de café, estimant travailler à perte. Une demande tempérée par l’assistant du ministre en charge de l’agriculture…
« Les efforts que nous déployons pour obtenir une récolte sont considérables. L’État devrait augmenter le prix d’achat sinon nous travaillons à perte», pestaient les caféiculteurs de Ngozi, ce 27 novembre 2024, lors du lancement national de la campagne de pulvérisation, fertilisation et plantation de café 2024-2025.
Anselme Binyogoto, cultivateur de café depuis 20 ans en commune Busiga n’y va par quatre chemins. De nombreux agriculteurs, affirme-t-il, abandonnent la culture du café, car ce produit d’exportation est moins rentable que les haricots ou le maïs en comparant les prix sur le marché : « Pour pouvoir mettre le café sur le marché, on dépense entre 3 et 4 millions de francs burundais par an. Cela concerne les agriculteurs qui prennent soin de leurs plantations après avoir calculé tous les coûts. »
C’est pourquoi, explique-t-il, le prix d’achat du café devrait être fixé autour de 3000 francs par kilo au moins, afin de valoriser le cultivateur de café et réduire l’exportation frauduleuse du café.
Sur un hectare, confie D. Niyongabo, un autre cultivateur, on plante 2000 caféiers. Pour pailler un arbre, cela coûte 500 francs. En outre, ces arbres nécessitent entre 250 et 300 kilos d’engrais. Le sarclage est effectué quatre fois par an avec plus de six travailleurs, sans compter la pulvérisation et d’autres travaux. Lors de la récolte, chaque travailleur est payé 100 BIF par kilo récolté, tout comme le transporteur. Tout cela représente des sommes considérables, d’autant plus que les salaires des travailleurs journaliers augmentent constamment.
Des défis persistants
Au-delà du faible prix auquel le café est vendu, ces caféiculteurs pointent le manque d’engrais en temps opportun qui leur cause également des pertes. « Si je recevais de l’engrais à temps, indique D.N., je récolterai 30 millions de kilos de café, mais actuellement, je ne dépasse pas 4 millions à cause du manque d’engrais. » Et de conclure : « Les moyens utilisés depuis la plantation du café jusqu’à sa mise sur le marché ne correspondent pas aux revenus obtenus. »
Concernant les engrais, Léonard Butoyi, Assistant du ministre en charge de l’Agriculture, déplore que le fournisseur qui a remporté le marché n’ait pas encore livré les engrais chimiques. Ainsi, lors du lancement officiel, ils ont utilisé du fumier organique.
Toutefois, M. Butoyi a rappelant l’importance du fumier organique qui, selon lui, est très bénéfique, car le café fertilisé avec ce fumier a une valeur plus élevée sur le marché international comparé à celui fertilisé avec des engrais chimiques. Il a donc encouragé l’utilisation de ce compost.
Et d’appeler les agriculteurs à continuer de prendre soin des plantations de café car cette culture occupe la 1ère place en générant environ 80% des devises dans le pays. Il a souligné l’importance de l’engagement de tous, car le gouvernement continue de fournir des efforts, notamment en distribuant gratuitement des plants de café, des équipements et des pesticides ainsi de paiement de 60% du prix d’engrais chimique.
Au gouvernement de trancher…
Concernant la demande de révision à la hausse du prix du café, l’Assistant du Ministre a rappelé que le prix du café est passé de 500 à 1380 francs par kilo, et des augmentations supplémentaires sont à l’étude.
Toutefois, selon l’annonce du conseil des ministres du 20 mars 2024, pour augmenter le prix du café, il faut tenir compte de sa qualité, du prix du café sur le marché international, des exigences de culture jusqu’à la récolte, de la valeur des devises étrangères par rapport à la monnaie locale, ainsi que des besoins pour promouvoir le secteur du café au Burundi, entre autres facteurs.
Pour rappel, depuis l’année 2019, le gouvernement a progressivement augmenté le prix du café par kilo : en 2019-2020, il était de 500 BIF ; en 2020-2021, de 550 BIF ; en 2021-2022, de 700 BIF ; en 2022-2023, de 800 BIF. Pour l’année 2023-2024, il était initialement à 1.200 BIF. Cependant, après la réunion du conseil des ministres du 20 mars 2024, le prix du café a été augmenté à 1.380 BIF