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Fermeture de MSF (Arche de Kigobe), peur chez le petit peuple

A compter de ce 28 février, les portes de Médecins Sans Frontières, branche de Kigobe, seront verrouillées par cadenas. Les prestataires de leurs services seront orientés à lhôpital Prince Régent Charles, pour des soins appuyés gratuitement par l’ONG, mais seulement pour 10 mois.

Expliquant tout d’abord la mission principale de l’ONG, spécifiquement la branche d’urgence médicale de Kigobe, Dr Hippolyte Mboma, coordinateur de ce centre, fait savoir qu’ils avaient implanté le projet pour traiter les patients victimes des traumatismes liés aux violences, en périodes de troubles : « Notre urgence a débuté avec la crise de 2015. On soignait les victimes des violences. Mais, une année après nous avons jugé bon d’élargir un peu notre champ d’action, pour une durée bien précise. C’est ainsi que nous soignons d’autres formes de traumatismes. Actuellement, nous accueillons plus de 90% de patients victimes d’accidents. »

Et d’affirmer que le centre a déjà pris en charge gratuitement plus de 70.000 patients entre 2015 et 2020.

La transition se fait depuis 2019

Cela va faire 2 ans que l’ONG est dans la phase de sortie, soutient Dr Hippolyte. Juin 2019, le centre a fait des contrats de prestations de services avec des centres de santé (CDS Ngagara et Buterere), et des districts sanitaires (Kamenge et Bwiza-Jabe). Ainsi, le MSF a appuyé ses structures médicales en compétences médicales, puis d’une façon ponctuelle en médicaments, pour traiter les traumatismes simples, des patients transférés depuis MSF Kigobe.

Dans cette même optique, depuis 2020, le Centre Hospitalo-Universitaire de Kamenge (Roi Khaled) a été ciblé pour accueillir les patients aux traumatismes modérés, et plus de 9.000 patients ont déjà été traités par le CHUK.

Actuellement, l’arche de Kigobe ne garde que des patients diagnostiqués sévères (cas orange et rouge), lesquels vont être transférés à l’hôpital Prince Régent Charles jusqu’au 1er mars, date butoir de fermeture du centre de Kigobe : « Nous avons choisi cet hôpital comme la meilleure référence, car entièrement attaché au ministère de tutelle, ayant une grande capacité d’accueil, et de surcroit, les prix sont abordables pour la population démunie », déclare Dr Hyppolite, tout en glissant que, l’appui aux centres de santés et districts sanitaire (Ngagara, Buterere, Bwiza-Jabe et Kamenge) et l’hôpital Roi Khaled, prendra également fin avec la fermeture de MSF (Arche de Kigobe).

Grognes de la population

Plus d’un se questionne sur les retombés de la fermeture de ce centre. « Nous savons tous la cherté des soins médicaux. Ce centre aidait énormément, surtout le petit peuple démunit. Les gens mourront dans leurs ménages, par manque de moyens. Les soins des traumatismes coutent les yeux de la tête. Avec ces accidents de roulage qui s’observent chaque minute, vous m’en direz la suite » se désole Gilbert Ndikuriyo, aide malade rencontré à l’hôpital Roi Khaled.

Au Centre de Santé de Ngagara, un petit centre, curieusement, la mesure est déjà mise en vigueur. A notre passage, c’est un silence de cathédral qui y règne. « Cela fait plus d’une semaine que nous ne recevons pas d’appui de MSF. Quand nous révélons aux patients qu’ils doivent désormais payer, ils partent et ne reviennent plus. Voyez, nous sommes à 14h 30 minutes, et depuis le matin, nous n’avons eu aucun patient. Ne tombent-ils plus malades ? Se soignent-ils au domicile ? Par quels moyens », lâche avec lassitudeune infirmière du Centre de Santé.

Le recours à la CAM, une condition sine qua non

Selon Dr Hyppolite, la seule solution pour que la population s’en sorte, est l’usage de la Carte d’Assurance Maladie, qui réduit sensiblement les coûts médicaux. « Certes, les soins médicaux sont exorbitants quand on se prend en charge à 100%, mais avec cette carte, les prix baissent remarquablement. De toutes les façons, ceux des milieux ruraux, loin de Bujumbura, loin d’MSF, ne bénéficiant pas de gratuité se font soigner. »

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