Jimbere

Kirundi French
Entrepreneuriat

Ces femmes dont le business a été lancé par deux lecteurs de Jimbere

Après avoir suivi en juin 2022 sur Jimbere des femmes regrettant ne pas avoir de capital pour lancer des activités génératrices de revenus, deux lecteurs, Fabien Cishahayo et Isaïe Ntidendereza, répondent en montant un fonds de soutien. Une année plus tard, les affaires de 12 femmes de Bubanza et Gitega prospèrent…

Kwizera Bahati, vendeuse de fruits à Gitega, ne cache pas sa joie ce 14 août 2023, alors qu’elle remet le capital de 200.000 Fbu lui prêté en février dernier: « Grâce à cet appui, je possède trois chèvres en l’espace de seulement six mois, et mon commerce se porte pour le mieux ».

Plus tôt, c’est Janvière Ndayisaba, toujours à Gitega, qui se félicitait des effets du même capital reçu en début d’année: « J’étais désespérée, j’avais à peine de quoi nourrir mes enfants. Mais aujourd’hui, je peux facilement acheter trois sacs remplis de pommes de terre et colocases, et les écouler sans difficulté. Malgré la baisse de mon capital avec la remise des 200.000Fbu, je garde espoir que mes bénéfices ne diminueront pas. »

Le Professeur Fabien Cishahayo avec une bénéficiaire, à Gitega

Ces femmes, six au total pour la province de Gitega, viennent s’ajouter à six autres de Musenyi, en province de Bubanza, qui bénéficient d’un fonds de soutien mis en place par deux Burundo-Canadiens. Fabien Cishahayo, professeur de communication à l’Université de Montréal et Isaïe Ntidendereza, ancien haut cadre de l’Agence de Développement du Burundi, deux lecteurs touchés par des témoignages publiés par le Magazine Jimbere dans le cadre du partenariat avec Search for Common Ground, sur les défis de l’autonomisation financière des femmes au Burundi: « Nous nous sommes dit, testons ces mamans pour voir si ce qu’elles disent est véridique. Donnons-leur un petit capital pour qu’elles démarrent des activités génératrices de revenus qui profiteront à leurs familles, tout en maintenant en circulation le montant prêté au départ au bénéfice d’autres femmes », se rappelle Ntidendereza.

Le changement par petits pas

Une année après le lancement de l’initiative, grande est la satisfaction du duo à la vue des résultats atteints. En vacances au Burundi en juillet 2023, le Professeur Cishahayo a notamment rencontré les bénéficiaires du fonds qu’il a lancé, à Gitega.
Il se rappelle des impressions: « J’étais heureux. Heureux de voir ces femmes, que je croisais pour la toute première fois, parvenir à subvenir aux besoins des leurs avec le petit montant dont elles avaient bénéficié de notre part. Les gens de nos familles croient qu’ils ont droit à notre générosité. Celles-là n’avaient pas d’attentes, mais elles en ont profité pour améliorer significativement leur sort ».

Portée dans le cadre le programme « Jimbere Mukenyezi », la valorisation du fonds de soutien mis en place par les deux lecteurs de Jimbere se révèle donc être une expérience positive d’impact sociétal de nos publications, même si c’est à une échelle très réduite eu égard aux besoins en place. « Quand tu vis loin du Burundi, tu as la famille qui réclame de l’argent. Tu aides. Ils gaspillent. Et reviennent, encore et toujours, au nom du droit à la générosité… pour demander de nouveaux montants… à gaspiller de la même façon. »

Kwizera Bahati remettant les 200.000Fbu à Reverien Niyorugira, point-focal du Magazine Jimbere de ce projet de solidarité

Selon Fabien Cishahayo, ce cycle de gaspillage ne permet pas de changement réel des conditions de vie dans les communautés, encore moins de mentalité: « Nous perpétuons ainsi l’attente de l’État, ou des donateurs étrangers (abagiraneza, selon le terme consacré) pour sortir les nôtres de la misère, alors que chacun de nous, à sa petite échelle, peut changer un destin. »

Si, ici, la fameuse parabole du colibri prend tout son sens, le Magazine Jimbere poursuit la mise en lumière du potentiel des femmes et des jeunes pour changer le Burundi, en gardant à l’esprit cette juste épilogue de Fabien Cishahayo: « La misère qui accable certains de nos compatriotes n’est pas une fatalité ».

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top