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L’enfer familial après une catastrophe naturelle

©Jimbere | Inondation à Kajaga, au Nord-Ouest de la ville de Bujumbura

Un glissement de terrain a emporté la sous colline Nyarumpongo et détruit toute la propriété de la succession Ninyinya Ntafato au début de cette année. Une centaine de personnes y mènent une vie misérable. Cette situation, comme tant d’autres, laisse des cicatrices. Comment les atténuer?

23 février 2023. La journée est particulièrement ensoleillée sur la sous colline Nyarumpongo, colline Gakara en zone Rushubi de la commune Isare, dans la province de Bujumbura. Cette partie du Burundi connaît une très forte pluviosité. Alors que tous les habitants des environs vaquent normalement à leurs occupations, des appels au mégaphone sont lancés pêle-mêle, demandant à la population de vider les habitations et de se mettre à l’abri.

«Des coulées de boue qui se déplaçaient rapidement, particulièrement dangereuses en raison de leur vitesse et de leur volume, ont tout détruit sur leur passage, champs de palmiers à huile, bananeraies, etc.», se souvient Marie Ntahondi qui observa la scène depuis la colline voisine. Onze familles de 115 personnes venaient de tout perdre. Ce fut une profonde affliction.

Mbonimpa Anicet, 49 ans, fils de Mbonimpa Simon et petit-fils de Ninyinya Ntafato, affirme que la propriété de son grand-père a été complètement rasée. Anicet, son épouse et leurs onze enfants passeront la nuit à la belle étoile, sur un terrain lui prêté par un voisin.

Depuis, les victimes vivent un traumatisme lié à la perte de leurs biens. Ils ont vu leurs maisons, leurs champs emportés par une coulée de boue.

Anicet, connu dans la localité sous le sobriquet de Gisiga, n’est que l’ombre de lui-même, affirme Ntaconzoba Eric, un ancien voisin. «Jadis très sociable, Gisiga trouve du répit dans la consommation de bière. Et quand il est ivre, il pleure comme un bébé », précise Eric Ntaconzoba, tenancier d’une buvette au village dit Kumucungwe.

«Les victimes de la catastrophe n’ont plus de référence des dimensions de leurs propriétés», se plaint Fidèle Ntakamurenga, 40 ans et père de 4 enfants, aujourd’hui hébergés par sa mère.

Interrogé sur d’éventuels conflits fonciers qui peuvent naître entre les membres de la succession Ninyinya Ntafato d’une part et les voisins d’autre part, un conseiller du chef de zone reconnaît que la situation risque de se compliquer avec le temps.

Face à l’urgence

À dix ans, Adolphe Nahabandi a tout vu. Cet écolier de la quatrième année a été extrêmement bouleversé par les images du jour de la catastrophe. Il a tout perdu: habitation, habits et matériel scolaires. Aujourd’hui, pris entre réalité et fiction, le jeune garçon affirme qu’il a l’impression de vivre un cauchemar.

Pour le psychologue Liévin Niyonzima, la violence des images et des scènes de désolation peut réactiver le sentiment traumatique vécu pendant l’évènement. « Cela dû à l’origine des angoisses subites comme l’anxiété de la séparation au moment d’aller à l’école, l’attitude régressive, l’agitation, la colère, etc.», précise-t-il.

Pour lui, Adolphe, comme tous les enfants victimes de la catastrophe, a besoin d’être rassuré en permanence.

Dans pareils cas, ajoute le psychologue, tous les êtres humains doivent conjuguer leurs efforts en vue d’aider les victimes à se relever et mener une vie digne.

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