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Littérature

Dusome Lab, quand lire redevient la norme

Dans la ville de Bujumbura, on ne rencontre pas de club de lecture à chaque coin de la rue. Surtout face à la fulgurante poussée des réseaux sociaux. Dans l’objectif de raviver dans la jeunesse la flamme de lecture, depuis 2018, certains jeunes se sont regroupés dans un club de lecture appelé Dusome Lab. Rencontre.


Il fait chaud dans cette petite salle, alors que les passionnés de la lecture continuent d’affluer en provenance des lieux de travail respectifs. Il est 17h 30minutes. Ici, la chaleur, c’est aussi dans les idées partagées. Chaque prise de parole est un moment de partage de sagesse, parfois de folie aussi, accompagné d’une concentration intense.


Tout le monde est enthousiaste. Mais par souci d’ordre, quelques règles sont mises en vigueur, chaque intervention ne doit pas aller au-delà de 3 minutes, chaque participant désireux de prendre la parole doit lever sa main, et les acclamations se font par simple claquement de doigts. On est à l’immeuble Wege, au 1er étage, le repaire de Dusome Lab.

Les origines …

Avant de déménager leurs activités à l’immeuble Wege, les rencontres de Dusome Lab se tenaient à Kabo Restaurant (Rohero), se rappelle Kid Fleury Ineza, l’initiateur. L’idée derrière la création du club de lecture, n’est autre que la volonté de créer un espace d’échange entre passionnés de lecture et de raviver la flamme de lecture qui disparaît peu à peu au profit du numérique.


« À l’origine de Dusome Lab, il y a le constat que la plupart des Burundais n’aiment pas lire, alors que de plus en plus l’urgence de la culture de la lecture se fait sentir. Nous avons besoin d’une génération qui analyse, formule les problèmes, et trouve des solutions. Et par-dessus tout, c’est pour nous un moyen constamment de nous découvrir à travers la lecture. »


Le fonctionnement de Dusome Lab

Les membres de Dusome Lab se rencontrent les jeudis sur un rythme d’une fois les 2 semaines. Les rencontres sont fixées à 17h 30. Lors de la rencontre, il faut avant tout que chaque membre du club, ait déjà lu le livre proposé lors de la séance précédente. La proposition du nouveau livre à lire s’effectue par vote.


Puis, vient le temps d’échanger autour du livre. Sur un bouquin que l’on a choisi, selon un thème déjà prédéfini, et calqué aux réalités burundaises, pour pouvoir en faire des observations et éventuellement en tirer des leçons ou conclusions.

Dusome Lab, plus qu’un simple club de lecture

Kid Fleury y croit dur comme fer. En tentant une analyse plutôt macro, où un club de lecture a un pouvoir mirifique sur les vies des gens qui lisent, et constitue un vecteur d’excellence et de développement. Pour lui, au-delà des récits bien ficelés et les histoires qu’ils retracent, les livres ont des effets bénéfiques sur la vie, qui retrouvent plus de sens quand ils sont partagés dans une communauté de lecteurs.


« Dans un pays comme le Burundi, c’est important d’avoir des rassemblements pareils, ça ouvre de nouvelles perspectives, et cela permet aux jeunes d’échanger et d’analyser les problèmes et réalités auxquels ils font face. Et par là, de nouvelles idées surgissent, de nouveaux liens se créent, de nouveaux projets apparaissent, et de nouvelles façons de faire les choses se font voir … Et c’est comme ça que la société évolue. »


Ketty Malvina Dushime, membre du club, n’est pas moins laudative. « On gagne beaucoup de choses en participant dans un club de lecture. Les échanges façonnent l’apprentissage des langues, et fluidifient les aptitudes de communication verbale et de prise de parole en public. Les rencontres nous fournissent aussi de connaissances capitales, même si les obstacles ne puissent manquer, vu qu’un pays comme le Burundi la lecture est moins pratiquée et moins disponible. »


Et de renchérir ː « en proposant l’apprentissage par sa forme la plus ludique, le club de lecture permet une plus grande ouverture d’esprit, grâce aux discussions approfondies sur un livre en particulier. On sort de sa zone de confort littéraire, et on enrichit ses connaissances, sa vision et son appréciation du monde. »


Et de profiter de l’occasion pour inviter d’autres jeunes burundais à participer et/ou créer de club similaire. Souhaitons que le cri soit entendu …

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