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Littérature

« Chroniques des Grands-Lacs » : à la rencontre des 4 auteurs burundais

Avec en toile de fonds les multiples conflits dont la région des Grands Lacs a été le théâtre depuis des décennies, l’Institut Français de Goma a eu l’idée en 2017 de rassembler des écrivains en herbe des 3 pays, Burundi, Congo, et Rwanda, avec d’autres déjà confirmés, avec un seul leitmotiv : « Ecrire le conflit ».

Le rendez-vous littéraire accouchera d’un bouquin intitulé « Au-dessus du volcan : Rencontres littéraires de Goma » en 2017 où l’on découvre la plume de 4 auteurs burundais aspirants : Parfait Nzeyimana, Claudia Munyengabe, Rivaldo Niyonizigiye et Natacha Songore. Voulant surfer sur la vague, les 2 chercheurs encadreurs et superviseurs de l’ouvrage ci haut cité, Dominique Ranaivoson et Maeline Le Lay, vont proposer aux auteurs de travailler sur un autre projet, cette fois-ci sous le titre « Chroniques des Grands Lacs » paru en décembre 2019.

Ecrire le Burundi bien évidemment, mais différemment

Les 4 auteurs sont des blogueurs. Entre Sieur Nzeyimana, journaliste invétéré, Niyonizigiye au regard inquisiteur et dames Songore et Sayubu, sobres et modestes, leurs œuvres ne manquent point de similarités, entre ces histoires crues, elles professent une volonté communeː toucher la corde sensible des Burundais par l’empathie. Mais le but ultime de leurs œuvres semble être d’éveiller la conscience sur le passé douloureux, le présent confus, et l’avenir incertain. Et comment le faire autrement qu’en puisant dans les anecdotes, l’humour, la routine, le patrimoine culturel du pays ? C’est pour cela qu’on prend du plaisir à les lire …

Sayubu, inspirer la force aux gens….

Née à Gitega, silhouette fine, teint foncé, elle est la parfaite illustration de la maxime légendaire de Corneille : « Aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années ». Encore élève à l’Ecole Internationale de Gitega, elle se fait connaitre en se classant 2ème au Prix Michel Kayoya avec sa nouvelle « Une dernière nuit». Elle remporte finalement ce prix « Espoir de la fleur de Dieu » en 2015. Cette année aura été fructueuse car elle a aussi gagné le prix de la meilleure nouvelle de la compétition annuelle de l’Alliance Française de Gitega. La motivation pour son écriture : « Inspirer la force aux gens qui sont au bord du désespoir ». Elle déplore que la production des œuvres littéraires n’aille pas de pair avec l’engouement des lecteurs.

Nzeyimana, la poésie du quotidien

Son texte Matricule 1711 raconte son bref passage à l’armée. Il a paru dans les « Rencontres littéraires de Goma». Il va rééditer l’exploit avec Les Premiers pas de Kadogo au secondaire dans « Chroniques des Grand Lacs ». A son actif également, des textes inédits dont une pièce de théâtre Kiriyo, et son premier roman en préparation dont le titre provisoire est « L’œil du chat »Ressortissant de la province de Cibitoke, ce journaliste, avocat et blogueur indique « vouloir écrire le vécu du Murundi avec une plume dépourvue de toute fioriture dans ce qu’il appelle la poésie du quotidien. »

Niyonizigiye, le théâtre dans la peau

Il est celui qui raconte la détresse d’un sans papier burundais immigré dans son texte Iwacu, et n’est pas novice dans l’univers littéraire burundais. Ayant commencé l’écriture depuis 2006, ce fils de Gisozi (province Mwaro), licencié en Anglais de l’Université du Burundi, est également compositeur et acteur. A son actif, il compte plus de 5 pièces jouées au Burundi, Belgique, Tunisie, Rwanda, Ouganda, etc.  Le trentenaire dit écrire quand il est contrarié, et trouver son inspiration dans le courage que lui inspire sa mère.

Songore, la battante

Cette journaliste indépendante et productrice de films documentaires est aussi une auteure engagée sur la scène littéraire burundaise. Née à Bruxelles, elle a grandi ensuite au Burundi, et a fait ses études de droit, avant de s’orienter vers le journalisme et la communication. Elle débute à la RTNB, puis migre dans le privé. Dans « Au-dessus du volcan : Rencontres littéraires de Goma », elle va paraître avec Le chemin de David, et avec les « Chroniques des Grands Lacs », T’aimer au plus près de moi.

Les 4 jeunes auteurs qui font les premiers pas en écriture représentent un Burundi au souffle de jouvence. Un Burundi qui rêve et qui écrit. Des Alain Mabanckou de demain ? Le temps nous le dira …

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