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Une densité de 750 habitants au km2 dans 30 ans: allons-nous pouvoir gérer?

En 2015, l’ISTEEBU a révélé que près de 65% des ménages burundais se trouvaient en dessous du seuil de pauvreté. Parmi les faiblesses structurelles associées à cette situation : la faible productivité agricole et l’insuffisance de ressources humaines qualifiées. En cause, également, la forte croissance démographique enregistrée depuis les années 1950 et dont l’allure risque d’empirer la situation

En 1930, le million d’habitants que comptait le Burundi sur sa surface émergée de 25 950 km2, dessinait à l’époque une densité nationale de 47,6 habitants au km2. 90 ans après, à raison d’une croissance démographique de 280.000 personnes par an, soit à un rythme de 2,6%, le nombre d’habitants est passé à plus de 11 millions, provoquant l’explosion de la densité nationale: 413 habitants au km2, la 3ème densité la plus élevée d’Afrique après celle du Rwanda et de l’île Maurice.

Les projections des auteurs de l’ouvrage qui avance ces chiffres, n’en démordent pas: « Si la tendance reste la même, d’ici 2050, la densité de la population du pays atteindra plus de 750 habitants au km2 … ». Une opportunité de mettre en lumière les fâcheuses répercussions de cette pression démographique dans les secteurs jugés porteurs de croissance, comme l’agriculture, mais aussi dans les secteurs sociaux, tels que la santé et l’éducation. .

Une forte pression sur la productivité agricole

L’émiettement des exploitations agricoles observé au fil des ans est sûrement le plus inquiétant: en moyenne estimé à 1,04 ha par ménage en 1973, il est passé à 0,4 ha en 2015, alors que la FAO fixe à 0,90 ha le seuil critique en dessous duquel un exploitant agricole ne peut plus subvenir à ses besoins nutritionnels de base par la seule activité agricole.
A côté de la surexploitation des espaces cultivées, certainement la première cause de la baisse de la fertilité des sols, la multiplication des conflits fonciers pèse autant: entre 2007 et 2010, la Commission Nationale des Terres et autres Biens aura enregistré plus de 16.354 conflits, soit plus de 5.000 confits par an.

Les services sociaux à la limite dans peu…

Si la santé n’a pas de prix… elle tout de même un coût. La forte croissance démographique enregistrée a augmenté la pression de la demande sociale sur l’offre des services de santé maternelle et infantile qui représentent aujourd’hui au moins la moitié des dépenses publiques en santé. Selon le CSLP II (fin 2015), 50 à 80% des décès au Burundi sont dus aux maladies transmissibles et à des causes liées aux complications des grossesses et à la malnutrition.

Ainsi, 80% des femmes en union sont exposées à des grossesses à risque (faible utilisation de la contraception à l’origine des grossesses qui surviennent trop tôt, trop souvent, trop peu espacées ou trop tard). Une situation qui pèse sur les taux de mortalité maternelle et infantile, et pour les enfants survivants, compromet leur croissance.

« If you think education is expensive, try ignorance »

Cette célèbre maxime de l’écrivain américain Robert Orben (1927) reprise en français : « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance », semble avoir été bien assimilée par le Gouvernement avec son programme phare de gratuité des frais de scolarité dans le primaire, depuis 2005. Mais force est de constater que la scolarisation pour tous n’est pas encore effective. Le taux d’achèvement du fondamental est de 64,8%, avec des classes et enseignants surchargés: le nombre moyen d’élèves par salle de classe et par enseignant en 2016 était respectivement de 74 et 126, supérieur à la norme fixée par l’UNESCO de 40.

Et même si le passage le taux de passage du primaire au secondaire a plus que doublé de 2010 à 2015, passant de 31% à 70%, grâce notamment à l’accroissement des écoles communales qui accueillent près de 80% des élèves du secondaire général et pédagogique, les résultats de année scolaire 2014-2015 relatives aux examens nationaux révèlent qu’un élève sur cinq a réussi le test qui sanctionne l’entrée au collège et qu’un élève sur trois a passé avec succès l’examen d’Etat en fin des humanités.

Pour rappel, en août 2018, le lancement du Plan National de Développement du Burundi (PND 2018-20127) à Gitega a souligné que l’objectif de cette vision est de transformer structurellement l’économie burundaise pour « une croissance économique forte, durable et créatrice d’emplois décents pour tous, il vise des actions prioritaires échelonnées sur 5 ans dans les secteurs de l’agricole, les infrastructures d’appui à la production, la mise en valeur du potentiel minier, la santé, l’éducation, … »
Et la croissance démographique élevée au Burundi « fait partie des entorses » à plusieurs secteurs de développement susmentionnés.

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