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Allons prêcher les bonnes pratiques

Blaise Nkuriyingoma, Directeur des Programmes du Magazine Jimbere

Pascal, membre de la Coopérative des Taxis-vélos de Mukaza (mairie de Bujumbura), est aujourd’hui fier de son projet financé par la coopérative : grâce à un prêt de 130.000 Fbu, investi dans l’agriculture, il a récolté 1,5 tonne de pommes de terre. Comme ses amis, depuis qu’il a rejoint le groupement, il assure que sa vie s’est nettement améliorée: « La coopérative contribue beaucoup à la couverture des charges, l’entretien des vélos, la ration, le loyer, la scolarisation des enfants, … Avant, la vie était insupportable.»

Cette « petite » histoire de Pascal nous rappelle le déplacement d’innombrables personnes (pour la plupart jeunes) qui arrivent en masse des villages à la recherche d’une vie meilleure dans les grands centres urbains. Sur les collines, la majorité de ces personnes vivent d’une agriculture de subsistance : même si elle assure le quart de la richesse nationale, ou encore plus de 80% des emplois, elle présente encore une productivité trop faible (PND 2018-2027).

Donc peu de revenus. Et par contre, beaucoup n’ont pas la chance de Pascal. L’idylle, cette migration des ruraux vers les villes, se transforme souvent en des histoires cauchemardesques: la vie y est chère et l’emploi n’est pas assuré (plus de 65% des jeunes sont au chômage – Reja et Adisco 2016).

Ainsi, au Burundi, à l’image d’autres pays africains, le phénomène de la pauvreté est surtout rural. Selon l’ISTEEBU (2014), les ménages urbains sont mieux lotis que ceux du milieu rural où la pauvreté ne concerne que 23,6% de la population contre 62% en milieu rural. Pour résoudre cette énigme, la population (surtout rurale) a été appelée à s’associer en coopératives : désormais pour l’Etat ou ses partenaires, le développement rural doit nécessairement passer à travers ces groupements économiques.

La question alors : les associés coopérateurs comprennent-ils leur mission ? Nous sommes allés à leur rencontre et nous avons trouvé que la situation est un peu plus complexe : d’un côté, ils sont motivés, prêts à prouver qu’ils sont aussi capables. Mais, de l’autre, ils sont confrontés à plusieurs défis comme les mauvaises pratiques de gestion, un environnement socio-économique peu favorable, etc.

Et lorsque Jimbere a partagé sur ses plateformes digitales le graphique qui parle des grandes priorités du budget de l’Etat pour 2021-2022(voir page 2), les internautes étaient plutôt partagés. Cette rubrique de 195 milliards Fbu réserve près de la moitié du fonds (87,8 milliards Fbu) à l’appui des projets des coopératives collinaires. Certains lecteurs étaient favorables à la nouvelle, d’autres méfiants : « C’est bien de s’intéresser beaucoup plus au développement rural, mais cette fois, l’utilisation de cet argent a-t-elle été bien mûrie ? »

Beaucoup se rappellent encore de l’enveloppe de 29,1 milliards de Fbu versés aux 2.911 coopératives collinaires Sangwe en 2019 sous forme de crédits, remboursables en 2 ans. Selon les résultats de l’audit financier réalisé au sein de ces coopératives appuyées, 6 coopératives sur 10 sont dans le vert.

Peut-on déjà parler de l’âge d’or des coopératives au Burundi ? Au sein de Jimbere, nous privilégions une approche pragmatique des choses. C’est pour cela que nous sommes allés sur le terrain pour mieux cerner les contours du sujet. Avec ce numéro, retrouvez l’actualité sur le mouvement coopératif à travers les enquêtes et les reportages de
notre équipe de la Rédaction.

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