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« A l’allure actuelle, le Burundi aura 75,2 millions d’habitants en 2100. Ce sera invivable! »

C’est le constat de deux experts qui fait froid dans le dos à travers une étude réalisée au lendemain du lancement du Plan National de Développement (2018-2027), lequel a indiqué que la croissance démographique élevée au Burundi « fait partie des entraves » à plusieurs secteurs de développement : la santé, l’éducation, l’agriculture, l’économie, … A l’approche des élections de 2020, des chiffres à retenir dans les prochains débats politiques?

« Si à 11 millions d’habitants, les problèmes de conflits fonciers nous donnent des vertiges [représentent plus de 76% des jugements civils rendus, Ndlr], que serait la situation avec un effectif de 75 millions d’habitants ? C’est tout simplement une situation invivable ». Ce sont là les mots du Dr Aloys Kamuragiye, médecin en santé publique, co-auteur avec Deogratias Buzingo, géographe démographe, d’un ouvrage fort intéressant intitulé: « Maîtriser la croissance de la population pour profiter du dividende démographique en Afrique subsaharienne : Le cas du Burundi »...

Pour  l’expert en santé public, l’objet de leur travail est de « produire des données qui pourraient permettre à l’Etat d’élaborer une politique publique de population. Aujourd’hui, il n’y a qu’une déclaration du Gouvernement en matière de politique démographique nationale. Et elle date de 2011. » Le travail des deux experts vise aussi à « contribuer au débat public, car les questions démographiques ne sont pas seulement l’affaire de l’Etat, mais de tous les citoyens. Il faut poser la question de la corrélation entre la croissance de la population et de la production économique ».

Les enjeux

Faire baisser la fécondité de 6 enfants par femme en 2008 à 3 enfants par femme en 2025: voilà un des objectifs ambitieux retrouvés dans la déclaration du gouvernement en matière de politique démographique nationale. Pour le Dr Kamuragiye, « il est impossible d’atteindre cet objectif. Selon les dernières données de l’Isteebu, la femme burundaise compte aujourd’hui en moyenne 5,5 enfants [EDSB III, 2016-2017]. Même les pays (meilleurs élèves) qui ont pu atteindre la cible de réduire de moitié le niveau de fécondité ont mis plus ou moins 40 ans. Seuls la Chine et l’Afrique du Sud ont mis moins de quatre décennies pour réduire de moitié le niveau de leur fécondité ».

Et le géographe-démographe de révéler à l’audience les nouvelles estimations de la population burundaise dans les prochaines années: « Pour estimer la croissance de la population dans le futur, nous avons considéré trois types de scénario: le scenario tendanciel construit à partir des évolutions des phénomènes démographiques observées au cours des 20 ou 30 dernières années au Burundi, le scénario du Gouvernement/ISTEEBU de réduction rapide de la fécondité ainsi que le scénario réaliste qui combine les 2 premiers scénarios. Selon le premier scénario, la croissance élevée de la population de l’ordre de 3% devrait se maintenir pour atteindre un effectif de la population quasiment double en moins de 25 ans (11,2 millions en 2018 à 27,1 millions en 2050) et en 2100 un effectif de la population de 75,2 millions. Quant au scénario du Gouvernement/ISTEEBU de réduction rapide de la fécondité, durant les trois prochaines décennies jusqu’en 2050, le taux de croissance de la population passerait de de 2,25% à 1,23%, ce qui implique un effectif de la population d’un peu plus 20 millions en 2100. Et pour le scénario réaliste, l’effectif de la population passerait de 43,8 millions en 2100. »

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