Quels sont donc les défis liés à la mobilité universitaire? Quelles solutions envisageables pour accroître l’effectif de jeunes burundais qui postulent? Les témoignages de ceux qui ont fait et réussi la mobilité universitaire sont pertinents. La communauté burundaise sur Twitter – les « Abatwip » -, était au rendez-vous ce 18 juillet 2023 pour un forum d’échange très instructif sur la thématique. Récapitulatif
La première expérience au mois de mai 2023 portait sur le thème « Enjeux et défis de la vie estudiantine l’étranger« . Les invités, des Burundais vivant à l’étranger ont partagé leur expérience: accueil, quotidien, logement, études, emploi pour financer le séjour… Le deuxième twitter space tenu le 18/07/2026 était donc très attendu. Portant sur « L’accès à la mobilité académique: défis et pistes de solutions« , il accueillait deux invités: Béni Daniel Niyobuzima, étudiant à l’Université de Limoges en France et Maria Lyca Muco, ancienne étudiante de Mcgill University au Canada, fonctionnaire de l’État canadien, nous ont partagé des expériences très enrichissantes.
Présenté par la célèbre animatrice Liesse Mutoni du Magazine Jimbere, le forum a enregistré environ 426 participants durant 1h45 min, avec 2.500 personnes ayant déjà écouté l’enregistrement de l’émission, cinq jours plus tard.
Leurs parcours, leurs expériences…
De Limoges en France, Béni Daniel Niyobuzima a largement expliqué la procédure de soumission du dossier de candidature pour continuer ses études en France, la porte d’entrée étant Campus France. Un parcours qui demande une forte motivation de la part de l’étudiant: de la motivation du dossier de candidature à l’admission par l’université d’accueil, avant d’atteindre la fameuse étape du visa… Ici, Daniel a rappelé de nombreux rêves de mobilité estudiantine partis en fumée, les étudiants n’arrivant pas à rassembler les documents exigés pour l’obtention du visa, surtout les justificatifs de ressources financières et l’attestation d’hébergement.
« Internet est un outil indispensable pour s’informer sur les différentes opportunités de mobilité offertes par les universités à travers le monde. Le projet de mobilité se prépare à l’avance, bien avant la fin de l’école secondaire », a indiqué Daniel. Même si les participants au forum ont noté que ce sont les jeunes de Bujumbura qui ont plus l’accès aux informations sur la mobilité académique, par rapport à ceux des autres provinces, l’accès au numérique aidant.
Arrivés dans le pays d’accueil, les choses ne sont aussi toujours faciles. Des étudiants s’absentent aux cours, emportés par les jobs afin de financer la scolarité et les besoins au quotidien, avec risque de mauvaises notes en fin de semestre et cas de redoublement, voire d’abandon des études….
De son coté, Maria Lyca Muco en partant du Canada, a insisté sur les différences entre les systèmes éducatifs: « La culture académique du pays d’accueil est très importante pour l’étudiant, de la préparation du dossier d’admission à l’intégration dans la vie professionnelle. Par exemple, pour les pays anglo-saxons, le candidat doit avoir des prérequis bien précis notamment la connaissance de l’anglais, de bonnes notes et des compétences transversales développées dans des activités para-académiques, dans des clubs de sport, de danse, d’environnement, des associations d’intérêt collectif ou communautaire… »
Autre défi majeur: les moyens financiers. En général, les études sont plus chères dans les pays anglo-saxons que dans les francophones: « Des bourses existent. Mais faut-il d’abord être reconnu comme étudiant », a-t-elle précisé.
Un rendez-vous de coaching et de socialisation
Les participants à ce salon sur Twitter ont trouvé l’occasion d’échanger sur les défis, les expériences, abordant des doutes, mais aussi des espoirs. Si Landry a souligné « l’amas d’informations sur la mobilité universitaire que les jeunes n’ont pas », Lyca suggère de mettre en place « des centres de passation des concours et de préparation des jeunes qui voudraient s’orienter académiquement vers le monde anglo-saxon, à l’exemple de Campus France ».
Elle suggère également l’accréditation des écoles et la mise en place des partenariats entre les universités burundaises et étrangères pour faciliter les jeunes à avoir accès aux informations nécessaires à la mobilité: « Les enseignants dans les universités peuvent aider les étudiants à travers les liens académiques qu’ils ont avec leurs collègues des universités étrangères. Les Burundais aiment étudier, c’est un atout indispensable. Il suffit qu’ils trouvent des connexions pour se lancer ».
Ainsi, Murielle, une participante ayant étudié en Angleterre, a distingué les différentes bourses d’études en place. En plus de celles qui relèvent de la coopération entre le Burundi et les pays amis, « il existe une multitude des bourses offertes par diverses organisations à travers le monde. Il suffit de savoir chercher ».
Pas mal de participants ont souligné l’urgence d’un esprit de solidarité pour partager les informations entre les Burundais de la diaspora et ceux qui sont au pays: « Il faut cette prédisposition à l’entraide. La prospérité est encore meilleure si elle est partagée », a insisté Daniel.
Une occasion de rappeler que les plateformes de Jimbere publient régulièrement des appels de candidature aux bourses d’études, qui méritent d’être consultés.
Au final, différentes institutions autant publiques que privées sont appelées à intégrer le service d’information et de coaching à l’endroit des jeunes burundais voulant postuler aux programmes de mobilité académique. Faut-il intégrer, renforcer ou améliorer le service relations internationales dans les universités burundaises? En tout cas, il y a une demande de plus en plus croissante à l’endroit des étudiants qui voudraient ouvrir les horizons afin d’intégrer l’international sur les plans, aussi bien académique que professionnel.
C’est dans un contexte de forte demande sociale pour la mobilité universitaire qu’a été mis en place le projet « Favoriser l’accès à la mobilité et à l’employabilité des jeunes au Burundi« , financé par l’Union Européenne et exécuté par Bibliothèques Sans Frontières et le Magazine Jimbere. Celui-ci assure la communication, la promotion et la visibilité du projet. Ainsi sont initiés des cadres d’échange, dont des ateliers dans les milieux universitaires, des émissions radio (exemple de l’émission Top Quiz en direct sur la radio Kazoza FM chaque vendredi entre 13 h et 14h), mais aussi des forums d’échanges à travers les réseaux sociaux comme les salons sur Twitter.