Il est plutôt rare que les élèves trouvent une opportunité de s’exprimer librement sur un sujet qui les concerne, cantonnés au rôle d’apprenants. Avec cette initiative du Magazine Jimbere soutenue par l’UNICEF Burundi et le Ministère en charge de l’éducation, ils ont désormais voix au chapitre quant à la protection des droits de l’enfant au Burundi…
Dans les enceintes du lycée Notre Dame de la Sagesse (ex-CND) en province Gitega, ce 10/11/2023, l’atmosphère était grisante, bien que les nuages resserraient leurs rangs pour tailler en pièces l’once du soleil. Et c’est par le tambour que fut proclamée l’ouverture d’un après-midi spécial: la tenue du demi-finale du concours d’éloquence « Nivuge ».
Ceux qui en ont vécu les quarts de finale – tenus simultanément dans 4 régions le 20/10/2023 – retiennent leur souffle, dans la salle. Même si l’on est dubitatif: « Est-ce possible que des enfants de moins de 16 ans puissent plaider pour une cause ? Ont-ils vraiment du cran pour faire face à un public ? », s’étonne-t-on entre les rangées.
Ces inquiétudes seront vite balayées par l’entrée fracassante de deux jeunes élèves de l’école SOS de Muyinga, Samuella Marie Ikezwe et Divin Ribéry Niganze, qui, par leur verve et leur expression gestuelle électrisent la salle en abordant le thème de cette demi-finale: « Une voix pour une enfance au Burundi sans abus ni exploitation ».
Ce n’était pourtant qu’un début d’un régal intellectuel, puisque tour à tour les élèves du lycée Kiremba Sud, de l’École Internationale de Gitega, du lycée Rumonge, du lycée d’excellence de Ngagara, de Gitega International Academy, du lycée d’excellence de Musenyi et du lycée du Saint-Esprit ont émerveillé le public par la pertinence de leurs idées, allant du rappel au respect du droit à l’éducation pour chaque enfant à l’appel vibrant aux dénonciations des cas d’abus et d’exploitation à l’encontre des enfants et au durcissement des sanctions aux coupables de ces délits, en passant par le rejet de toute maltraitance des enfants surtout par leur marâtre, l’exploitation des enfants vivant avec handicap pour des fins de mendicité, l’ouverture d’un espace d’échanges entre les enfants et la communauté,…
La finale de « Nivuge » promeut
Les prestations, solides, de ces jeunes élèves ont laissé le public pantois, provoquant ainsi du suspens quant au classement. C’est après un moment de délibération que le jury – composé par Nadine Ntirampeba, inspecteur pédagogique à la DPE Gitega, Eléonore Ndizeye, représentante du Magazine Jimbere, Désiré Hatungimana, représentant de la FENADEB, Marcellin Eucon Nahayo, influenceur parolier et Chancelle Bamuhaye, activiste pour les droits de l’enfant – jettera son dévolu sur Simplice Nshimirimana et Oriane Iribuka, élèves au lycée d’excellence de Musenyi (avec 86,7%), suivis de très près par Tulipe Dushime et Don Chris Niyonkuru du lycée du Saint-Esprit (85%), Samuella Marie Ikezwe et Divin Ribéry Niganze, de l’école SOS de Muyinga (84,3%) et Nelly Darlène Igiraneza & Noé Niyinkingira, de l’école d’excellence de Ngagara (82,1%), qui, tous les 8 élèves rivaliseront d’idées, pendant la dernière phase de ce concours prévu le 08/12/2023.
Rappelant les critères de cette compétition, dont la pertinence, le respect du timing, la capacité à convaincre et à répondre aux questions posées, l’expression corporelle et gestuelle, l’éloquence… Désiré Hatungimana, président du jury a félicité tous les participants pour leurs prouesses, promettant que « les propositions formulées lors des joutes oratoires seront prises en compte dans la mise en œuvre des actions en faveur des enfants. »
Quant au public et élèves en compétition, ils saluent l’initiative de ce concours. Pour Divine Nimfasha, qui a assisté à ce concours, « il faut multiplier de telles initiatives afin surtout de préparer la génération future au respect des droits de l’enfant ». Darnelle Cukuri et Bercy Nigaba, qui n’ont pas réussi à être qualifiés pour le dernier tour, rentreront positifs: « Malgré notre défaite, nous avons appris à bien plaider, à peaufiner nos arguments. Nous avons surtout découvert les enjeux autour des droits de l’enfant au Burundi. C’était une expérience édifiante.«
